Des Yazidis irakiens ayant fui leurs maisons à Sinjar, suite à une offensive des jihadistes du groupe Etat islamique, le 10 août 2014. Photo d'archives AHMAD AL-RUBAYE/AFP/Getty Images
Depuis des mois, plusieurs ONG rapportent les pratiques esclavagistes mises en place par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans les zones qu'ils contrôlent.
Cette semaine, Zainab Hawa Bangura, secrétaire générale adjointe des Nations unies et représentante spéciale du secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit a déclaré, dans une interview accordée à Bloomberg Business qu'un document portant le sigle de l'EI et une liste de prix des esclaves semblait authentique.
En 2014, le document en question avait fait surface et circulé sur les réseaux sociaux. Jugé crédible à premier abord, le document avait été remis en question par de nombreux spécialistes. Aujourd'hui, Mme Bangura, qui a obtenu un exemplaire du document lors d'un voyage en Irak en avril dernier, estime qu'il est authentique.
Lors de son offensive en août 2014 dans la région de Sinjar en Irak, l'EI a exécuté de nombreux hommes et enlevé des centaines, voire des milliers, de femmes de la minorité yazidi, vendues comme épouses aux jihadistes ou réduites à l'état d'esclaves sexuelles, selon Amnesty International. L'EI considère les Yazidis, qui ne sont ni musulmans ni arabes, comme des hérétiques car ils pratiquent un culte qui leur est propre.
"Les filles sont achetées et vendues comme des barils de pétrole", affirme Mme Bangura, dans des propos rapportés Bloomberg Business. Elle assure "avoir vérifié le document qui, selon elle, reflète de réelles transactions", ajoute le site.
(Lire aussi : Esclaves des jihadistes de l'EI, des Yazidies poussées au suicide)
Sur la liste en question, rendue publique il y a environ huit mois, les esclaves sont répartis en six catégories avec des tarifs différents : le prix des femmes yazidies ou chrétiennes, âgées entre 40 et 50 ans est de 50.000 dinars (40 dollars), celui des femmes âgées entre 30 et 40 ans de 75.000 dinars (60 dollars), celui des femmes âgées entre 20 et 30 ans de 100.000 dinars (80 dollars), celui des femmes de 10 à 20 ans de 150 000 dinars (120 dollars). Les esclaves dont le prix est le plus élevé sont les enfants chrétiens ou yazidis, âgés entre 1 et 9 ans, à 200.000 dinars (160 dollars).
Photo tirée du site Bloomberg Business
"Une fille peut être achetée ou vendue par cinq ou six hommes, explique Mme Bangura. Parfois, ces individus rendent la fille à sa famille, en échange d'une rançon qui s'élève à plusieurs milliers de dollars". "Les chefs jihadistes sont les premiers à s'emparer des esclaves. Ensuite, de riches acheteurs étrangers à la région peuvent faire des offres qui montent parfois à plusieurs milliers de dollars, poursuit la responsable onusienne. Les esclaves qui restent sont alors offertes aux combattants aux prix précisés dans le document".
Le 25 juin dernier, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) affirmait que l'EI avait vendu 42 Irakiennes yazidies à ses combattants dans un de ses fiefs dans l'est de la Syrie, "pour des prix allant de 500 à 2.000 dollars".
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"L'EI a une liste des prix pour ses esclaves." Tout à fait, comme n'importe quel employeur.
15 h 17, le 07 août 2015