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Moyen Orient et Monde - Maison-Blanche

L’Iran dans les bagages d’Obama en vacances

Accompagné de sa famille, le président américain en est à sa première semaine de villégiature dans une très belle propriété de l'île huppée de Martha's Vineyard dans le Massachusetts. Au menu : golf et... l'accord sur le nucléaire.

Aujourd’hui le golf, demain le Congrès. AFP Photo/Saul Loeb

Ce sera, en principe, le grand repos dans une superbe demeure entourée de 33 mille mètres carrés d'espace vert pour pédaler, faire du hiking, des parties de basket-ball ou se baigner dans une immense piscine. Cette propriété, évaluée à 12 millions de dollars, se loue à 50 000 dollars par semaine. Durant son séjour, le président américain s'adonnera tous les jours à son sport favori : le golf, notamment avec Larry David, le producteur de la série iconique Seinfeld. Là, pendant qu'il calibre la trajectoire de sa balle, il ne perd pas de vue ce qui se trame pour déstabiliser l'accord nucléaire conclu avec l'Iran. Il est accompagné de deux proches conseillères, Susan Rice (Sécurité nationale) et Valérie Jarrett (Affaires intergouvernementales). Et tous les jours, d'autres membres de son équipe le fournissent en briefings sur la situation en général et sur le dossier iranien en particulier. Car, bien qu'étant eux aussi en congé, les membres républicains du Congrès poursuivent leurs efforts pour annuler l'application de cet accord.

Chuck Schumer stigmatisé
Pendant ce temps, et alors que les démocrates font du lobbying pour exposer les bienfaits de ce qui a été signé entre Téhéran et les 5+1, avant un vote au Congrès, prévu le 17 septembre prochain, l'un des leurs, le sénateur de New York Chuck Schumer est sorti des rangs en déclarant publiquement son opposition à ce document. Cet inconditionnel de la politique israélienne a notamment précisé que l'accord avec l'Iran mettait en péril la sécurité américaine, celle d'Israël et le prestige du Parti démocrate.
Une prise de position qui a fait effet de boomerang : des activistes et des hauts responsables du Parti démocrate pensent lui ôter le titre de leader démocrate du Sénat qui allait lui revenir. Le cercle des démocrates qui le stigmatisent et le traitent de « va-t'en-guerre » va en s'agrandissant, dans la mesure où il persiste et signe : il est prêt à défier la décision d'Obama d'opposer son veto à un vote éventuel en défaveur de l'accord.

 

(Pour mémoire : Obama : L'accord sur le nucléaire iranien ou une autre guerre au Moyen-Orient )

 

Le soutien des top scientifiques
Le monde de la science est aussi entré dans ce débat. Une trentaine de ses plus éminents membres ont envoyé une lettre au président Obama, louant ses efforts pour finaliser l'accord avec l'Iran et le qualifient « d'innovant et rigoureux ». Parmi eux, cinq Prix Nobel et un grand nombre ayant apporté auparavant leur expertise à différentes institutions gouvernementales. Le premier signataire, Richard Garwin (87 ans), est un physicien qui a participé à la mise au point de la première bombe à hydrogène. Il est aussi le dernier survivant de ceux qui avaient ouvert la voie à l'âge nucléaire. Un autre adhérent de marque : Siegfried Hecker, professeur à l'Université de Stanford, et qui, de 1986 à 1997, a dirigé le laboratoire d'armes Alamos (Nouveau-Mexique), berceau de « la » bombe. Ce centre continue à produire le concept de la plupart des armes de l'arsenal nucléaire.
De même, quatre ex-galonnés des armées de terre, de l'air et de mer ont eux aussi apporté leur soutien à Barack Obama dans une lettre, parce qu'il a opté « pour les moyens, aujourd'hui les plus efficaces, pour empêcher l'Iran d'obtenir des armes nucléaires... Toute action militaire n'est envisageable qu'après avoir donné une chance à la voie diplomatique », ont-ils estimé. Ces militaires pressent en outre le Congrès de ne pas mettre ce processus en danger. Ils ajoutent que si les Iraniens rompent ce contrat, « notre technologie avancée, nos renseignements et les inspections le révéleront. L'option militaire est toujours sur la table ». Parmi les voix qui s'expriment ainsi : l'ex-général quatre étoiles de la marine James Cartwright, l'ancien chef d'état-major adjoint Joseph P. Hoar, qui été à la tête du U.S. Central Command, et les ex-généraux de l'armée de l'air Merrill McPeak et Lloyd W. Newton.

Programme « blockbuster »
En même temps, les membres du Congrès – les pour et les contre – s'activent. Ils ne ratent pas une occasion pour exposer leurs arguments à leur base électorale à coup de meetings, de campagnes sur la toile, d'astroturf lobbying (donner l'impression d'un comportement spontané ou populaire) et d'annonces télévisées dont le coût est estimé à des dizaines de millions de dollars. Donc, de retour de vacances le 25 août, Barack Obama devra affronter les résultats de ces manœuvres. En cas de « niet » du Congrès, le président américain devra se préparer à opposer son veto. À noter que durant cette période, il aura également à assumer deux rendez-vous hors du commun : la visite historique à Washington du pape François (du 22 au 24 septembre) et celle de même envergure du président chinois, Xi Jinping. Sans compter sa participation à l'Assemblée générale des Nations unies, à New York... « Un programme blockbuster », aux dires du porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Erneast.

 

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Ce sera, en principe, le grand repos dans une superbe demeure entourée de 33 mille mètres carrés d'espace vert pour pédaler, faire du hiking, des parties de basket-ball ou se baigner dans une immense piscine. Cette propriété, évaluée à 12 millions de dollars, se loue à 50 000 dollars par semaine. Durant son séjour, le président américain s'adonnera tous les jours à son sport...

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