Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a mis en garde samedi contre une démission du Premier ministre et une chute du gouvernement, estimant qu'une telle démarche est "dangereuse et mènerait le pays vers l'inconnu".
Le chef du parti chiite s'exprimait dans un discours retransmis en direct, dans le cadre d'une cérémonie de remise de diplômes aux "enfants des martyrs du parti", qui s'est déroulée à proximité de l'aéroport de Beyrouth.
"Certains médias évoquaient une éventuelle démission du chef du gouvernement (Tammam Salam). Ces informations ne peuvent être fondées, a estimé le numéro un du Hezbollah. Pourquoi alors parler d'une telle démission ? Pour faire pression ? Pour menacer ? Cela ne changera rien. L'allusion à la démission est néfaste pour le pays."
Depuis plusieurs jours, les rumeurs circulent sur une possible démission du chef du gouvernement en raison du blocage qui frappe les prises de décision en Conseil des ministres. Les ministres du Courant patriotique libre (CPL) de Michel Aoun réclament une révision du mécanisme de vote, à l'ombre de la vacance à la présidence de la République qui dure depuis le 25 mai 2014.
Hassan Nasrallah a affirmé : "Nous faisons partie du gouvernement et sommes ouverts à tous, mais que personne ne s'attende à une médiation du Hezbollah". Il a à cet effet pointé du doigt le Courant du Futur de l'ancien Premier ministre Saad Hariri, l'appelant à entamer un dialogue avec le CPL : "Après la séance (du Conseil des ministres) prévue mardi, le Courant du Futur devrait descendre de sa tour d'ivoire afin de parler avec le CPL et prendre en considération ses demandes. Vous êtes responsables du blocage du pays. Et vous nous menez vers la vacance des institutions. Ce jeu là est dangereux. Marquez bien mes mots : que personne ne conduise le pays dans cette direction. Nous voulons que le gouvernement reste en place. Ne le faites pas tomber de vos propres mains."
Le secrétaire général du Hezbollah a par ailleurs répété que la formule "armée-peuple-résistance" protège le pays, en allusion à la menace des conflits régionaux, celle des groupes jihadistes qui sévissent en Syrie et à la frontière libanaise, et aux menaces israéliennes. Au sujet de la vacance à la présidence, il a dénoncé le fait qu'"on accuse le Hezbollah de bloquer l'élection à la magistrature suprême en vue d'aboutir à une constituante afin de changer le système libanais. Tout cela est dénué de tout fondement et relève de la rancune, et non d'un différend d'ordre politique."
Évoquant par ailleurs la crise des ordures ménagères qui paralyse le pays, alors que des tonnes de détritus s'entassent dans les rues de la capitale et d'autres régions, Hassan Nasrallah a estimé que "cela est la preuve de l'échec cuisant de l’État. Nous pouvons transformer cette crise des déchets en une opportunité qui assurerait des rentrées à l’État. Le gouvernement en est responsable mais il n'a pas la volonté de s'en charger, même si mes propos vont déplaire à certains."
(Lire aussi : En menaçant de démissionner, Salam espère récolter le soutien actif de plusieurs pôles ministériels)
"Fiers d'être sanctionnés par le Grand Satan"
S'attaquant aux dossiers régionaux et internationaux, notamment l'accord sur le nucléaire iranien conclu le 14 juillet dernier entre Téhéran et les puissances occidentales, le leader chiite a voulu marquer le renforcement de sa formation grâce aux résultats obtenus à Vienne. "Certains médias rapportent que le Hezbollah est à bout de souffle, épuisé, qu'il vit ses derniers jours, et ce en raison de l'accord sur le nucléaire, a-t-il ironisé. En même temps, d'autres parties du même camps craignent que cet accord ne permette de financer davantage le Hezbollah. Ils faudrait qu'ils se décident". Et de poursuivre : "Nos détracteurs nous disaient que l'Iran allait nous délaisser une fois l'accord sur le nucléaire signé avec l'Occident. Qui a eu raison aujourd'hui ? Nos détracteurs menteurs, ou nous-mêmes ?". Il a également dénoncé "les tentatives de la part d'Israël et de certains pays du Golfe de saboter l'accord."
(Lire aussi : Mouallem sur l'accord nucléaire : Tant que l'Iran est fort nous resterons forts)
Abordant en outre les sanctions américaines contre certains membres du parti chiite, le chef du Hezbollah a martelé : "Nous sommes fiers d'être sanctionnés par les États-Unis, le "Grand Satan", qui le restera, malgré l'accord sur le nucléaire. Il a également reconnu que son parti se finançait uniquement grâce à l'Iran. "Nous n'avons pas besoin de WikiLeaks pour dévoiler cela. Ce soutien iranien est suffisant. Nous n'investissons pas ici et là. Ceci est une position de principe (...)."
Sur la question du conflit syrien et des groupes jihadistes sunnites, Hassan Nasrallah a enfin affirmé : "Nous avions dit que l'Occident va emmener toutes les forces takfiristes en Syrie afin de combattre l'axe de la résistance mais que cela se retournera contre eux. Nous avions prédit cela depuis des années. Mais certains affirmaient alors que l'Arabie saoudite, la France et les États-Unis maîtrisent la donne. Cependant, nous voyons qu'actuellement, la situation leur échappe." Il a ensuite ajouté : "Aujourd'hui, Daech (acronyme arabe du groupe État islamique) sème la panique dans les pays du Golfe, du Maghreb et de l'Europe. La Turquie en a fait dernièrement les frais. Vous vous trompez si vous croyez pouvoir contrôler ces groupes extrémistes", a lancé le chef du Hezbollah à l'attention de ceux qu'il a qualifiés de "services de renseignements les plus puissants du monde, tels ceux des États-Unis, de l'Arabie saoudite et autres."
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commentaires (7)
C'est la colombe de la Paix ou le Saint-Esprit sur son épaule ????? LOL.
Christine KHALIL
18 h 59, le 26 juillet 2015