Assise avec désinvolture sur sa chaise en paille dans un café beyrouthin, elle a ce regard capricieux et pénétrant qui en dit long sur son talent musical. Eliz Murad est une jeune femme franco-libanaise qui a chanté la douleur de son pays d'origine, le Liban, en blues et rock psychédélique avec son partenaire guitariste français, Arno. Ensemble, ils créent Téléférik en 2011.
D'un paysage gris d'un petit village en Champagne, Éperney, a jailli un électron libre... Une fille qui n'a pas accepté de vivre en gris, mais qui a teinté le ciel nébuleux de son village adoptif avec les couleurs de sa musique vivace. « C'est un village où il n'y avait rien à faire. L'art était mon havre, mon ultime recours. J'écrivais, je dessinais et je jouais de la musique pour attribuer des mélodies aux histoires que j'écrivais », raconte la jeune chanteuse. Cet élan artistique intrinsèque à sa personnalité l'a poussée à suivre des études en arts audiovisuels couronnées d'un master 1 en arts visuels obtenu à l'École nationale supérieure d'arts de Paris Cergy (ENSAPC). « Mais mal ou pas payée et suite à des rencontres infructueuses et un réseau stérile, il a fallu que je trouve un travail pour remplir mon frigo et m'émanciper. Je suis devenue disquaire », confie Eliz.
C'est pendant cette période qu'elle a rencontré Arno, un monteur spécialisé en effets avec qui la bride de son talent musical a été lâchée. Eliz et Arno voulaient tous deux créer sans frustration. Perdue jusqu'alors dans la jungle du cinéma qui lui faisait dépenser plus d'argent à faire des films que d'en gagner, la musique est devenue une bouffée d'air salvatrice. Un micro, la guitare d'Arno suffisaient pour qu'ils s'expriment.
Lutte tout en musique !
Il est vrai qu'Eliz a vécu en France, mais elle porte dans son cœur la douleur de son pays, le Liban. Fidèlement engagée pour la cause féministe, elle a écrit dernièrement une chanson dont le titre est Mara, ou femme en dialecte libanais. « J'en ai marre d'être prise pour une prostituée si je marche seule, sans "chaperon", le soir dans la rue des bars à Jounieh », s'indigne la jeune femme. Pour elle, il y a encore du chemin à faire en matière de droits de la femme et de dignité féminine au Liban. Ce chemin, Eliz l'emprunte en musique et elle en transmet le message par le biais des fluctuations de sa voix envoûtante et des notes véhémentes de la guitare d'Arno. Chanter la femme et les misères de la guerre, notamment celle de 2006 dans la chanson Bombs and Rockets, est le vecteur directeur de la carrière d'Eliz qui sera couronnée par la sortie d'un CD en octobre 2015.
Pour plus d'informations, visitez : www.teleferikband.com.
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