Les partisans du Courant patriotique libre (CPL) ont annoncé mercredi en fin d'après-midi avoir lancé leur mouvement de contestation, à l'appel de Michel Aoun. Ils se sont ainsi rassemblés devant les sièges du parti dans plusieurs régions libanaises et ont formé des convois sillonnant les rues. A Beyrouth, un important convoi de plusieurs voitures a pris le départ de la région de Tabaris, à Achrafieh, pour se diriger vers le centre-ville de Beyrouth. Un autre convoi, parti du centre Myrna Chalouhi, à Sin el-Fil, a rejoint celui de Tabaris.
Parallèlement, à l'issue d'une réunion entre les ministres du Bloc du Changement et de la Réforme et du Hezbollah, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a promis que la journée de jeudi sera "cruciale".
M. Bassil a dénoncé "une main-mise" sur les prérogatives du président de la République. Il a toutefois assuré que son parti continuera de participer aux réunions gouvernementales. "Nous allons participer (aux réunions du gouvernement) pour jouer deux rôles, celui du ministre et celui de l'intérim du président de la République, a-t-il déclaré. Il n'y a pas de pays sans nous et il n'y a pas de gouvernement et de décisions gouvernementales sans nous", a-t-il martelé estimant que le CPL et le Hezbollah représentent "la moitié du pays". "Nous sommes forts au sein du Conseil des ministres et à l'extérieur du Conseil", a-t-il encore affirmé.
Le chef de la diplomatie a ensuite indiqué que la journée de demain sera "une journée cruciale" au cours de laquelle "la situation pourrait évoluer dans deux directions". Interrogé par les journalistes sur les deux directions possibles, M. Bassil n'a pas souhaité répondre et a mis fin à la conférence de presse.
Michel Aoun avait appelé la semaine dernière à une mobilisation populaire afin de dénoncer ce qu'il estime comme étant une marginalisation des chrétiens libanais dont les droits sont "bafoués".
"Nous irons jusqu'au bout car nous ne pouvons plus supporter davantage (la situation actuelle)", a assuré mardi le leader chrétien, sans donner plus de précisions sur les mesures concrètes que sa formation compte prendre. "Je m'adresse aux Libanais : je vous ai demandé de vous préparer à cette bataille existentielle", a-t-il rappelé.
Il semble cependant que les alliés de M. Aoun ont choisi de ne pas répondre à son appel. Le ministre de la Culture Rony Araiji a indiqué que "le parti Marada ne va pas participer aux contestations populaires" et sera présent au Conseil des ministres. Même son de cloche du côté du ministre Mohammad Fneich (Hezbollah) qui a assuré que "tout le monde va se rendre au Conseil des ministres demain".
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commentaires (5)
C'est c'la, oui ! "Sacré" baudruche !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
18 h 33, le 09 juillet 2015