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À La Une - Europe

La zone euro réunie pour un sommet de tous les dangers sur la crise grecque

"Ma volonté, mon souhait, est d'éviter un Grexit", déclare le patron de la Commission Jean-Claude Juncker.

A Athènes, les banques resteront fermées au moins jusqu'à mercredi. AFP PHOTO / LOUISA GOULIAMAKI

Une zone euro divisée se réunit mardi pour un sommet extraordinaire à Bruxelles, deux jours après le retentissant non des Grecs aux propositions des créanciers d'Athènes, afin d'explorer les minces chances de sauvetage du pays qui risque de dériver hors de la monnaie unique.

Lundi soir, les deux têtes de la zone euro, François Hollande et Angela Merkel, se sont vus pour tenter de trouver une ligne commune. Ils se sont mis d'accord pour faire pression sur le Premier ministre grec Alexis Tsipras en exigeant de lui des "propositions tout à fait précises" et "sérieuses" pour pouvoir éventuellement négocier un nouveau plan d'aide.

Mais l'Europe est divisée en deux camps, celui des faucons partisans d'une ligne dure avec Athènes, et qui ne verraient sans doute pas de problème majeur à laisser la Grèce sortir de l'euro. Schématiquement, il compte dans ses rangs l'Allemagne, les pays du nord et de l'est de la zone euro.
En face, les colombes sont plus accommodantes avec Athènes. Il s'agit de la France et des pays du sud de l'Europe, avec l'appui du patron de la Commission Jean-Claude Juncker.
"La France fait tout et fera tout pour que la Grèce reste dans la zone euro car c'est sa place, au coeur même de la construction européenne", a déclaré mardi matin à la radio RTL le Premier ministre français Manuel Valls. "Ma volonté, mon souhait, est d'éviter un Grexit", a également affirmé mardi M. Juncker, dans sa première prise de parole depuis dimanche.

 

(Lire aussi : Le « chantage au Grexit », raté stratégique qui complique la reprise du dialogue)

 

'Chancelière de fer'
Mais à Berlin, le son de cloche est différent: "Aujourd'hui, nous avons besoin de la chancelière de Fer", proclamait en une le journal allemand Bild, le plus lu d'Europe, et farouche opposant au gouvernement Syriza de gauche radicale en place à Athènes.
Lundi soir au côté de François Hollande, Mme Merkel a estimé que la dernière proposition des créanciers de la Grèce (Commission européenne, BCE, FMI) était "généreuse". C'est précisément cette version qui a été rejetée massivement lors du référendum de dimanche par plus de 60% des électeurs.

Au même moment, le nouveau ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, remplaçant du flamboyant Yannis Varoufakis, devenu un repoussoir pour les créanciers, déclarait que les Grecs "méritaient mieux" que la dernière offre en date et qu'il ne voulait pas d'une solution "non viable". M. Tsakalotos - plus sobre, mais pas forcément plus souple - pourra avancer ses pions dès le début d'après-midi lors d'une réunion des ministres des Finances de la monnaie unique à Bruxelles à 11H00 GMT, avant la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement à partir de 16H00 GMT.
Un des points durs de la discussion sera sur le poids de la dette grecque, qu'Athènes veut voir restructurée. Un sujet qui n'est pas tabou pour la France, mais qui est beaucoup plus délicat pour l'Allemagne.

 

(Lire aussi : Tsakalotos, différent dans la forme, pas sur le fond)

 

Banques toujours fermées
Dans ce contexte, les banques resteront fermées à Athènes au moins jusqu'à mercredi et les contrôles de capitaux imposés aux citoyens vont se poursuivre. Elles n'ont pas pu rouvrir ce mardi comme c'était initialement prévu.
Lundi soir, la Banque centrale européenne, la dernière institution qui maintient en vie l'économie grecque par un goutte-à-goutte financier aux banques hellènes, a poursuivi son action. Mais elle a aussi durci les conditions de ces prêts d'urgence, baptisés ELA, ce qui met une pression supplémentaire sur des banques grecques déjà à sec.
Les coffres d'Athènes sont vides, ou peu s'en faut, et le pays doit faire face dans les prochains jours à différents remboursements, certains à des créanciers privés, mais surtout plusieurs milliards d'euros à la BCE le 20 juillet. Si Athènes ne paye pas ou ne trouve pas un accord, la BCE pourrait lâcher les banques grecques, propulsant le pays sur les rails d'une sortie de la zone euro, vers une terre tellement inconnue que les traités européens ne l'envisagent même pas.

Dans cet état d'urgence financière, Alexis Tsipras, a tenté lundi de consolider sa position et de faire fructifier sa victoire électorale de dimanche. Il a convoqué pour la première fois les dirigeants des partis d'opposition grecs ensemble.
Un texte commun est sorti de la réunion, à laquelle seul le parti néonazi Aube dorée ne participait pas. Il plaide pour la conclusion d'un accord couvrant les besoins de financement de la Grèce accompagné de réformes et d'efforts budgétaires "justement répartis".
M. Tsipras s'est également entretenu avec la directrice générale du FMI Christine Lagarde "de la nécessité de trouver une solution viable aux problèmes réels de l'économie grecque".

Le FMI, l'un des acteurs majeurs d'une crise qui dure depuis 2010, a choisi la sobriété lundi pour réagir au référendum. "Nous surveillons la situation de près et nous nous tenons prêts à aider la Grèce si on nous en fait la demande", a déclaré Mme Lagarde.
M. Tsipras a aussi eu des entretiens téléphoniques lundi tard le soir avec Jean-Claude Juncker, François Hollande et le secrétaire américain au Trésor Jack Lew, a indiqué mardi une source gouvernementale grecque.
Enfin, les marchés financiers européens ont ouvert stable dans l'ensemble.

 

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