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Économie

Le « chantage au Grexit », raté stratégique qui complique la reprise du dialogue

Voter oui ou sortir de la zone euro : la menace agitée par les Européens les plus intransigeants avant le référendum apparaît désormais comme une grossière erreur stratégique, qui complique sérieusement la reprise du dialogue avec Athènes.
Alors même que les bureaux de vote étaient ouverts, le président allemand et social-démocrate du Parlement européen Martin Schulz répétait dimanche l'avertissement : si les Grecs votent non, « ils devront introduire une autre monnaie, puisqu'ils n'auront plus d'euros à disposition comme moyen de paiement ».
Et de poursuivre : « Ce sont les éléments qui m'amènent à espérer que les gens ne votent pas non aujourd'hui.(...) J'espère que les gens diront oui. »
Même après la victoire massive du non, avec plus de 61 % des voix, le vice-chancelier social-démocrate du gouvernement allemand, Sigmar Gabriel, ne désarmait pas, jugeant que le gouvernement grec avait « coupé les derniers ponts » avec l'Europe.
Le tabou qui, depuis 2010, interdisait aux dirigeants européens d'aborder publiquement la question d'un « Grexit », une sortie de la Grèce de l'euro, avait été levé pour de bon par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Le Luxembourgeois avait jugé après l'annonce du référendum qu'un « "non" voudrait dire (...) que la Grèce dit "non" à l'Europe ».
Pour Wolfgang Münchau, éditorialiste du Financial Times, « les Grecs ont à juste titre interprété ces menaces comme une tentative d'ingérence dans le processus démocratique ».
La Grèce « a résisté à une ignoble campagne d'intimidation et de chantage, à une tentative de faire peur à l'opinion publique », constatait pour sa part sur son blog le prix Nobel d'économie Paul Krugman, grand pourfendeur de l'austérité budgétaire. Le Premier ministre Alexis Tsipras a jugé pour sa part après l'annonce des résultats du référendum que le peuple grec avait « tourné le dos à l'intimidation ».
Après de tels échanges et une telle dramatisation, comment revenir à la table des négociations et reconstruire les « ponts » évoqués par Sigmar Gabriel ?
« Il faut un médiateur » entre les pays les plus durs et la Grèce, « et ça ne peut être que la France, aidée de l'Italie », juge le politologue Gaël Brustier. « C'est un saut dans l'inconnu. Nous sommes dans la confrontation de deux souverainetés, de deux logiques », explique-t-il.
M. Brustier oppose une « méthode européenne » basée sur « une culture du consensus très codifié, sur une certaine bienséance européenne », et un gouvernement emmené par Alexis Tsipras en « collision complète » avec cette logique. Pour lui, les dirigeants européens sont avec Syriza « tombés sur un os, sur une génération différente, avec une formation politique différente ».
Hans Stark, chercheur à l'Institut français des relations internationales, juge lui que le dialogue peut se renouer si « les deux parties acceptent de bouger ». « L'Europe c'est l'histoire d'un compromis, artificiel, bancal, mais d'un compromis quand même. La Grèce doit accepter qu'elle ne peut pas tout avoir », dit-il.
Quant à l'intransigeante Allemagne, elle n'est, selon M. Stark, « pas prête à assumer la responsabilité d'une sortie forcée de la Grèce de l'euro » et sa chancelière Angela Merkel « peut se permettre de se frotter à son opinion publique sur ce sujet, sans compromettre sa réélection en 2017 ».
Aurélia END / AFP

Voter oui ou sortir de la zone euro : la menace agitée par les Européens les plus intransigeants avant le référendum apparaît désormais comme une grossière erreur stratégique, qui complique sérieusement la reprise du dialogue avec Athènes.Alors même que les bureaux de vote étaient ouverts, le président allemand et social-démocrate du Parlement européen Martin Schulz répétait...
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