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À La Une - Négociations

En cas d'accord sur le nucléaire, Paris devra reconquérir la confiance des Iraniens

Une délégation du Medef doit se rendre en Iran dès septembre pour réactiver les réseaux et explorer les opportunités commerciales.

Tout au long de la négociation internationale sur le nucléaire iranien, la France s'est singularisée par une position intransigeante. Photo d'archives AFP.

Tout au long de la négociation internationale sur le nucléaire iranien, la France s'est singularisée par une position intransigeante, mais Paris devra, en cas d'accord, reconquérir la confiance des Iraniens pour se positionner par rapport à un pays influent et ouvrant de larges perspectives économiques.

"La première répercussion d'un accord sera l'ouverture du marché iranien. Tous les Occidentaux n'attendent que ça, ils se bousculent comme au départ du marathon et se surveillent du coin de l’œil", constatait il y a déjà plusieurs mois un haut diplomate occidental."Les entreprises sont dans les starting-blocks" face à un marché bridé par des sanctions internationales depuis une décennie, mais riche de promesses, renchérit un responsable économique français.

L'Iran, 77 millions d'habitants, possède les quatrièmes réserves de brut au monde et les deuxièmes réserves de gaz. Un accord, s'il est conclu, prévoit de placer le nucléaire iranien sous étroit contrôle international, en échange d'une levée graduelle des sanctions. "Faites attention à ne pas être en retard! Il faut se préparer, le marché n'attendra pas et vos rivales sont déjà là", lançait déjà en 2013 l'ambassadeur iranien en France, Ali Ahani.

 

(Pour mémoire : « On arrive au bout du chemin. Ça sent la fin... »)

 

Forte présence avant les sanctions
Très présente en Iran avant les sanctions, notamment dans le secteur automobile (PSA, Renault et sous-traitants) et celui des hydrocarbures (Total), la France a vu ses échanges commerciaux avec le pays tomber de 4 milliards d'euros en 2004 à 500 millions en 2013, selon un rapport d'information du Sénat.

"On est malheureusement assez attaqués dans la société iranienne par le fait qu'on les a abandonnés pendant la période difficile", déplorait récemment le président du directoire de PSA, Carlos Tavares. Côté concurrents, des constructeurs chinois "sont tous à la porte, également des Américains". "Reconquérir leur confiance (des Iraniens) est difficile", selon M. Tavares.

Une délégation du Medef, l'organisation patronale française, doit se rendre en Iran dès septembre pour réactiver les réseaux et explorer les opportunités commerciales. L'image de la France, plutôt positive en Iran du fait de relations culturelles et historiques fortes, a souffert ces dernières années de la position dure adoptée par Paris dans les négociations internationales sur le nucléaire iranien, selon des observateurs.
Des relations "d'amour haine", résumait récemment le ministre des Transports iraniens Abbas Akhoundi, se disant néanmoins "certain que les responsables économiques seront plus réalistes que les hommes politiques et qu'ils réussiront à faire prévaloir leur logique".

 

(Lire aussi : A Vienne, le nucléaire iranien, jusqu'à l'obsession)

 

'L'obstacle français'
Paris, impliqué dans la négociation depuis la révélation du programme nucléaire iranien au début des années 2000, a adopté, publiquement au moins, une attitude de "faucon". La France veut un accord "robuste", répète inlassablement le chef de la diplomatie française Laurent Fabius."Nous ne sommes pas durs, nous sommes cohérents", affirme-t-il cette semaine dans une interview à l'hebdomadaire Paris Match.

La France, qui assume jouer "à fond" la carte des monarchies sunnites du Golfe, pourvoyeuses de juteux contrats --Paris et l'Arabie saoudite sont engagés dans des accords de dizaines de milliards de dollars, le président français François Hollande a effectué en mai une visite en grande pompe dans le Golfe--, veut apparaître comme le "garant" d'un accord solide avec Téhéran.

Un accord qui effraye les pays de la région, régimes sunnites et Israël, qui n'ont de cesse de dénoncer l'influence néfaste de la République islamique chiite dans les crises régionales. "Nous n'avons pas fait le choix des sunnites contre les chiites (...) L'Iran est un grand pays, un grand peuple, une grande civilisation, ce n'est pas être antichiite de dire qu'on ne veut pas de prolifération nucléaire", déclarait récemment M. Fabius. "On a voulu jouer le rôle du méchant, mais même si sur le plan économique cela n'aura sans doute pas de répercussions, sur le plan diplomatique, il y a beaucoup de mécontentement. On est vus comme les alliés indéfectibles d'Israël et de l'Arabie saoudite", estime Thierry Coville, de l'IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), qui s'interroge sur la stratégie française.

Signe de cette défiance, le quotidien réformateur iranien Shargh titrait en une "le retour de l'obstacle français", samedi dernier, lors de l'arrivée de M. Fabius à Vienne pour participer aux pourparlers sur le nucléaire iranien à Vienne.

 

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commentaires (2)

QUOI ! LES DÉCULOTTAGES... À TOUR DE RÔLE ?

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 17, le 06 juillet 2015

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Commentaires (2)

  • QUOI ! LES DÉCULOTTAGES... À TOUR DE RÔLE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 17, le 06 juillet 2015

  • C'est prématuré de dire cela ,surtout , avant la douche froide persane finale , typiquement le style désinfo...des news " enfumeuses " de l'AFP ...

    M.V.

    08 h 43, le 05 juillet 2015

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