Lundi, toutes les banques grecques ont eu ordre de fermer leur portes jusqu'au 7 juillet et les retraits d'espèces sont limités à 60 euros par jour. Une mesure prise par le gouvernement pour empêcher l'effondrement du système financier du pays alors que la crise qui oppose Athènes à ses créanciers a pris une tournure dramatique depuis l'annonce, samedi par le Premier ministre Alexis Tsipras, d'un référendum visant à accepter ou à repousser la dernière proposition des créanciers sur de nouvelles mesures d'austérité.
Du coup, après avoir mis à sec la plupart des distributeurs, la plupart des Grecs sont contraints de vivre avec de l'argent de poche. Et les immigrés libanais ne font pas exception. « Je ne peux pas croire qu'un pays comme la Grèce parte à la dérive », témoigne Dany Thomas, un Libanais de 60 ans qui vit à Athènes depuis 1984. Comme tous les Grecs, sa vie quotidienne est secouée. « Je suis allé mardi à la banque pour retirer 60 euros, je n'en ai reçu que 50. Heureusement que nous avons mis du liquide de côté », raconte-t-il.
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« Nous avons avancé le versement des salaires »
Un comportement qui se serait généralisé au sein de la population. « Les Grecs ont retiré leur argent des banques ; certains gardent les billets cachés sous leur matelas ou dans leur garage », déclare Philippe*. Ce Libanais de 40 ans réside en Grèce depuis 17 ans, mais, travaillant pour une compagnie offshore basée à Athènes, il confie ne ressentir que « très peu » les effets de la crise : « Mon employeur n'effectue pas de transactions en Grèce. Et, du fait de mes multiples voyages professionnels, je reste rarement dans le pays; » S'il compte parmi les privilégiés à détenir une carte de crédit internationale, qui n'est soumise à aucun autre plafond que la limite des fonds disponibles, « en réalité aujourd'hui, on ne peut pas retirer plus de 100 euros », précise-t-il.
Les retraités figurent également parmi les principales victimes collatérales du contrôle des capitaux. Pour ceux qui n'ont pas de carte, près d'un millier d'établissements bancaires ont ouvert hier afin de leur permettre de retirer un maximum de 120 euros pour la semaine. L'épouse de Dany Thomas n'a ainsi reçu que la moitié de sa pension. « Ils lui ont dit qu'il fallait attendre que les choses aillent mieux », explique-t-il. « Cette semaine, j'ai pu payer ma facture de téléphone, mais je ne sais pas de quoi demain sera fait. Je ne sais même pas si je recevrai encore une pension de retraite dans les prochains mois », s'inquiète de son côté Ghassan*, un septuagénaire libanais installé depuis 30 ans à Athènes.
Le contrôle des capitaux constitue en outre un véritable casse-tête pour les entreprises : charges, salaires, paiement des fournisseurs... la plupart ont dû anticiper. « Nous avons avancé d'une semaine le versement des salaires de nos employés afin d'être sûrs qu'ils seront payés. Nous avons adopté les mêmes mesures pour nos fournisseurs. Car les transactions se font sur des comptes grecs et il est impossible de les payer en liquide », explique Alexandre*, directeur d'une société d'investissement basée en Grèce depuis 40 ans. Malgré ces précautions, « la crise affecte beaucoup la vie de notre entreprise », poursuit l'homme d'affaires libanais qui indique par exemple avoir reporté certains achats.
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« Marionnettes entre les mains de géants »
Mais le contrôle des capitaux n'est que le dernier acte d'une crise qui empire depuis cinq ans. Et les expatriés libanais se demandent comment envisager l'avenir. « Comme en 2010, les gens font la queue devant les stations d'essence ou pour acheter de la nourriture par crainte d'une pénurie », rapporte Philippe. « Je m'inquiète beaucoup pour l'avenir de mes enfants, ils ont grandi ici, ils travaillent ici », soupire Ghassan, qui ajoute non sans amertume : « Nous sommes ici des marionnettes entre les mains de deux géants (NDLR : le FMI et l'UE). »
Alors que l'avenir du pays dans la zone euro semble remis en question – du moins par certains de ses créanciers –, en cas d'absence de compromis avec les institutions européennes, l'hypothèse d'un retour au Liban traverse les esprits. Dany Thomas ne cache pas son inquiétude : « Si la Grèce quittait la zone euro, ce serait une catastrophe. Je pense qu'à ce moment-là, je retournerais avec ma femme au Liban. » Une option pour l'instant écartée par Alexandre : « Ce n'est pas facile de partir, beaucoup de salariés dépendent de nous. » Ghassan reste, lui, dans l'expectative : « Je ne sais pas ce que je ferais. Je reviendrais peut-être au Liban, mais je ne suis pas sûr que ce soit mieux... »
* Les prénoms des témoins ayant requis l'anonymat ont été modifiés.
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La mere des democraties en Europe , se voit reprocher un referendum , on aura tout vu avec ces predateurs , affameurs des peuples . Si le non l'emporte l'europe de bruxelles s'ecroule comme chateau de cartes , et on verra une Europe des peuples plus adaptee aus desirs d'equites et de justice que font subir les lobyistes ( pas besoin de les nommer ) a ces peuples . Quant aux libanais en Grece ma byinkhaff 3aleyhoon,ils ont plus d'une poche dans leurs pantalons .
14 h 04, le 03 juillet 2015