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Dans la guerre des Le Pen, revers pour la fille face au père

La justice annule la mise à l'écart par le FN de son leader historique ; "une sorte de victoire à la Pyrrhus", pour la présidente du parti.

La justice a annulé jeudi la mise à l'écart par le Front national de son leader historique Jean-Marie Le Pen, décrétée par ce parti début mai à l'initiative de sa fille Marine. AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD

Nouveau rebondissement dans la guerre politico-familiale qui secoue l'extrême droite française : la justice a annulé jeudi la mise à l'écart par le Front national de son leader historique Jean-Marie Le Pen, décrétée par ce parti début mai à l'initiative de sa fille Marine.

"C'est une sorte de victoire à la Pyrrhus" qui "ne change strictement rien à la procédure dans laquelle nous sommes engagés", a immédiatement réagi la présidente du FN, en guerre ouverte depuis plusieurs mois avec son père, cofondateur du parti.
"L'incroyable éviction dont j'ai été victime annulée, je souhaite maintenant que nous avancions au plus vite vers l'union. Au travail !", a rétorqué sur Twitter Jean-Marie Le Pen.

Le vieux tribun, qui a fêté fin juin ses 87 ans, avait été suspendu de son parti le 4 mai, après de nouvelles déclarations provocantes sur la Shoah et l'immigration, perdant son titre d'adhérent mais aussi celui de président d'honneur Piqué au vif, dénonçant une "félonie" et demandant à sa fille de lui "rendre son nom", Jean-Marie Le Pen avait contre-attaqué devant la justice.

Cette dernière lui a donné raison jeudi, reprochant au bureau exécutif du FN de ne pas avoir respecté ses règles internes, en omettant de préciser que cette suspension était une mesure provisoire, "dans l'attente de la mise en œuvre d'une procédure disciplinaire ultérieure".
En conséquence, le Front national "devra rétablir M. Jean-Marie Le Pen dans tous les droits attachés à sa qualité d'adhérent et le cas échéant à celle de président d'honneur", a tranché le tribunal de Nanterre, en région parisienne.

C'est "Jean-Marie Le Pen, le retour !", a commenté son avocat, Me Frédéric Joachim. M. Le Pen "peut de nouveau dès demain (vendredi) matin recommencer à utiliser son bureau et tous les moyens à sa disposition et siéger à toutes les instances" internes, dont sa présidence d'honneur le rendait membre de droit, s'est-il félicité.

 

(Lire aussi : Suspendu du FN, Jean-Marie Le Pen va créer sa propre "formation" politique)


Baroud d'honneur ?
A l'initiative de Marine Le Pen, le parti a organisé un congrès extraordinaire par voie postale afin de faire avaliser par les militants une modification des statuts du parti, où ne figure plus le titre honorifique de "président d'honneur". Les quelque 51.000 adhérents ont jusqu'au 10 juillet pour retourner leur bulletin de vote, mais, largement acquis à leur présidente, leur décision ne fait guère de doute.
Seul changement, Jean-Marie Le Pen sera désormais consulté, au même titre que tous les militants.

Mais, "dans huit jours, cette affaire sera derrière nous", a assuré Marine Le Pen. Celle-ci se serait sans doute bien passée de cette nouvelle péripétie, qui vient parasiter l'annonce, en début de semaine, de sa candidature à un scrutin régional en décembre, qu'elle voit comme un tremplin vers la présidentielle de 2017.

Son bras droit, Florian Philippot, bête noire de Jean-Marie Le Pen, n'a pas caché son agacement. Alors que "nous sommes dans la politique", la justice "a voulu se mêler de ça, c'est tout à fait procédurier", a-t-il lancé sur la chaîne de télévision BFMTV. Le Front national a d'ailleurs décidé de faire appel de cette décision.
Pour ce militant représentant de la jeune garde montante, artisan aux côtés de Marine Le Pen de la "dédiabolisation" d'un parti à l'image longtemps sulfureuse, la page Jean-Marie Le Pen est tournée.
Depuis la suspension du chef historique, il n'y a eu "aucune démission de cadres, d'élus", a-t-il souligné, évoquant une "unanimité derrière Marine Le Pen".

"Dans la tête des gens, la séparation est faite et refaite. Plus personne ne pense une seconde que Jean-Marie Le Pen s'exprime au nom du Front national puisqu'il a dit lui-même qu'il souhaitait la défaite du Front national et qu'il répudiait sa propre fille, dont il souhaitait la défaite en 2017", a estimé M. Philippot.
Alors baroud d'honneur ou vraie victoire de Jean-Marie Le Pen ? Réponse au prochain épisode, le 10 juillet.

 

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