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À La Une - Diplomatie

Accord historique entre le Saint-Siège et l'Etat de Palestine

Israël regrette la signature et avertit que cette mesure nuirait aux efforts de paix.

L'accord historique sur les droits de l'Eglise catholique dans les territoires palestiniens a été signé vendredi dans le Palais pontifical par le secrétaire pour les relations avec les Etats, le prélat britannique Paul Richard Gallagher, et par le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki. AFP PHOTO / OSSERVATORE ROMANO

Le Saint-Siège et l'Etat de Palestine ont signé vendredi au Vatican un accord historique sur les droits de l'Eglise catholique dans les territoires palestiniens, qui appuie la solution de deux Etats, alors qu'Israël n'a pas encore signé de traité équivalent avec le Vatican.

Ce texte a été signé dans le Palais pontifical par le secrétaire pour les relations avec les Etats, le prélat britannique Paul Richard Gallagher, et par le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki.
Même si le Vatican parle d'"Etat de Palestine" depuis début 2013, à la suite d'un vote de l'Assemblée générale de l'ONU, les Palestiniens constatent que cette signature équivaut à "une reconnaissance de facto" de leur Etat, ce qui mécontente Israël.

Tel-Aviv n'a pas tardé à réagir. Son ministre des Affaires étrangères a "regretté" la signature  de l'accord vendredi, et averti que cette mesure nuirait aux efforts de paix, a indiqué son porte-parole Emmanuel Nahshon dans un communiqué. "Cette mesure précipitée nuit à la perspective de faire avancer un accord de paix et porte atteinte aux efforts internationaux visant à convaincre l'Autorité palestinienne de revenir à des négociations directes avec Israël, a-t-il ajouté. Nous regrettons également les textes unilatéraux dans l'accord, qui ignorent les droits du peuple juif sur la terre d'Israël et les lieux saints du judaïsme à Jérusalem.
Israël étudiera l'accord en détail et ses implications sur la coopération future (...) (avec) le Vatican", a-t-il encore souligné.

 

(Pour mémoire : "Vous êtes un ange de paix", dit le pape à Abbas)

 

Le traité a été élaboré à partir d'un accord de base conclu en 2000 entre le Vatican et l'Organisation de libération de la palestine (OLP). M. al-Maliki a qualifié la journée d'"historique", car l'accord "n'aurait pas été possible sans la bénédiction" du pape François. Ce texte, a-t-il souligné, définit "le statut spécial de la Palestine comme lieu de naissance du christianisme et comme berceau des relations monothéistes" et garantit "le statut et la protection des lieux saints" chrétiens.

Pour Mgr Gallagher, l'"accord montre le progrès accompli par l'Autorité palestinienne dans les dernières années, et surtout le niveau de soutien international. C'est mon espoir que cet accord puisse jouer le rôle d'un stimulant pour qu'il puisse être mis fin définitivement au conflit (israélo-palestinien) qui a duré trop longtemps" et que "la solution tant désirée de deux Etats puisse devenir réalité le plus vite possible".
Mgr Gallagher a encore espéré qu'il "servirait de modèle pour d'autres pays majoritairement arabes et musulmans", la liberté religieuse étant souvent menacée au Moyen-Orient.
Pour l'OLP, l'accord fait du Vatican le 136e pays à avoir reconnu l'Etat de Palestine. En mai, Israël avait réagi négativement à l'annonce de l'accord, estimant qu'une telle reconnaissance "ne fait pas avancer le processus de paix et éloigne la direction palestinienne de la table des négociations bilatérales".

 

(Pour mémoire : « François a su être politique en étant religieux, exclusivement religieux »)

 

Exercice délicat
Le Saint-Siège, qui a des relations diplomatiques avec Israël depuis 1993, négocie également depuis 1999 un accord sur les droits juridiques et patrimoniaux des congrégations catholiques dans l'Etat hébreu, dont leurs exonérations fiscales. Mais chaque rencontre semestrielle se solde par un échec.

Le Vatican mène un exercice diplomatique délicat entre Israël et les Palestiniens, des communautés catholiques étant implantées de deux côtés dans ce berceau du christianisme qui reste lieu important de pèlerinage. D'un côté, il veut éviter de froisser Israël et de réveiller les reproches liés au rôle de l'Eglise dans l'histoire de l'antijudaïsme en Europe. Mais il a toujours milité pour une solution à deux Etats, pour un statut spécial reconnu à Jérusalem, ville des trois monothéismes, et pour les droits des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza.

 

(Lire aussi : Le Vatican canonise deux religieuses palestiniennes : retour à l'essentiel)

 

Paul VI en 1975: un "peuple" palestinien
Le premier pape à avoir affirmé que les Palestiniens formaient un "peuple" et non simplement un groupe de réfugiés a été Paul VI en 1975. En 1987, Jean Paul II avait nommé pour la première fois un Arabe palestinien comme patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, une voix forte pour rappeler l'oppression subie par les Palestiniens sous l'occupation israélienne. La même année, il avait reçu le président de l'OLP, Yasser Arafat, au Vatican.

Le début du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens avait amené le Saint-Siège à établir des relations avec Israël en 1993 et avec l'OLP en 1994. Paul VI en 1964, Jean Paul II en 2000, Benoît XVI en 2009, et François en 2014 se sont rendus tous en Terre Sainte. Lors de sa visite, François avait fait un arrêt impromptu devant le mur de séparation côté palestinien, un geste très mal perçu côté israélien. Puis il avait reçu au Vatican les présidents israélien Shimon Peres et palestinien Mahmoud Abbas pour une "prière pour la paix".
En mai, sur une place Saint-Pierre où flottaient des drapeaux palestiniens, il avait canonisé en présence de M. Abbas les premières saintes palestiniennes, Mariam Bawardi (1846-1878) et Marie-Alphonsine Ghattas (1843-1927), en hommage et en soutien aux chrétiens arabes palestiniens.

 

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