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Liban - Église

Le Vatican canonise deux religieuses palestiniennes : retour à l’essentiel

Le patriarche Sabbah : L'histoire est le lieu de notre rencontre avec Dieu.

Le père Frans Van der Lugt s.j. enlevé et exécuté à Homs en Syrie le 7 avril 2014. Une vie offerte aux autres.

La canonisation, demain dimanche, place Saint-Pierre, de deux « Marie », les religieuses palestiniennes Marie-Alphonsine Ghattas et Mariam Bawardi, remet en lumière, pour l'ensemble des chrétiens et chrétiennes d'Orient, ce qui fait l'essentiel de la vie chrétienne, au-delà du folklore, de l'art, de la culture, de la liturgie, au-delà même des valeurs qui constituent le socle de la modernité, comme la liberté et la notion de personne, au-delà de la géopolitique, la sainteté de vie, en d'autres termes la consécration d'une vie à Dieu, en Jésus-Christ.
Vécue pleinement par deux femmes aux vies et aux tempéraments très distincts, cette consécration, dans le fond, est la même pour l'une et l'autre : l'amour de Dieu. Un amour passionné et exclusif que Jésus a su inspirer à travers les siècles à des milliers d'hommes et de femmes, et desquels se détachent certains « grands » saints et saintes, dont celles de dimanche ont le bonheur de faire partie. Pourquoi elles ? Il y a là un mystère d'élection, un secret d'état entre Dieu et ses saints.
Ce qui est incontestable, ce qui est certain, c'est que le fond de la sainteté, sa substance, c'est l'amour. Il est vain de chercher la sainteté dans on ne sait quelle perfection formelle de vie, dans l'ascétisme, voire dans un visage compassé, comme se trompent toujours à le faire les metteurs en scène. Ce qui fait la sainteté, c'est exclusivement – oui, exclusivement – la flamme d'amour qui dévore du dedans tel homme ou telle femme, et les transforme en réceptacles consacrés entièrement et exclusivement au service du seul saint, au service du tout autre qui s'est fait notre frère.

Deux « femmes de foi »
Marie-Alphonsine Ghattas (1843-1927), de son nom de naissance Sultanah Maria Ghattas, naquit à Jérusalem le 4 octobre 1843. Issue d'une famille catholique et pratiquante, elle fit à 14 ans son entrée dans la Congrégation des sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition. À la suite de nombreuses apparitions de la Vierge et à la demande formelle de cette dernière, elle fonde avec son père spirituel la Congrégation du Saint-Rosaire. Celle-ci est aujourd'hui bien implantée au Liban et dans l'ensemble du Proche-Orient, notamment en Palestine et en Irak.
Malgré des soucis de santé, mère Marie-Alphonsine participera activement au développement de sa congrégation et fondera de nombreux couvents. Outre cette intense activité, elle sera connue dans la région pour être une « grande femme de foi », à laquelle des miracles sont attribués. Le prodige le plus souvent cité à son sujet est le secours qu'elle apporta à une fillette tombée dans un puits, qu'elle secourut en lui tendant sont chapelet ! Elle termine ses jours à Jérusalem, dans une vie de prière, et meurt à 84 ans, le 25 mars 1927, fête de l'Annonciation.

Mariam Bawardi – en religion sœur Marie de Jésus crucifié – naquit, elle, le 5 janvier 1846 à Abellin, en Galilée, et décédera trente-trois ans plus tard, le 26 août 1878, fête de la stigmatisation de sainte Thérèse d'Avila, au Carmel de Bethléem. Sa vie est une trajectoire incandescente difficile à cerner. Née Bawardi, une famille grecque-catholique d'origine libanaise, comme les Ghattas d'ailleurs, elle perd à trois ans, et à quelques jours d'intervalle, sa mère et son père. Elle est recueillie par un oncle paternel, qui part s'installer à Alexandrie. À l'âge de 13 ans, pour se soustraire aux pressions de son oncle qui veut l'obliger à se marier, elle s'enfuit du domicile familial. Un musulman la recueille, mais comme elle refuse de renier sa foi catholique, l'homme lui tranche la gorge et l'abandonne, pour morte, dans une rue d'Alexandrie. Mariam se réveille dans une grotte où une religieuse vêtue en bleu soigne sa blessure pendant plusieurs mois ! Elle confiera plus tard avoir reconnu en cette femme la Vierge Marie. De cet effroyable épisode, elle gardera la trace visible d'une profonde cicatrice. De cette époque-là, Mariam étant seule au monde, travaille comme servante là où le destin la conduit : Alexandrie, Jérusalem, Beyrouth et enfin Marseille.

Perchée sur un tilleul...
À 19 ans, ayant réussi à convaincre par ses étonnantes vertus ses employeurs, elle entre comme novice chez les sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition à Marseille, avant d'être orientée vers le Carmel de Pau, où elle reçoit le nom de Marie de Jésus crucifié. Trois ans plus tard, elle fait partie d'un petit groupe qui part fonder le premier Carmel à Mangalore (Inde). En 1875, c'est au tour du Carmel de Bethléem d'être fondé. Elle s'occupe particulièrement des travaux de construction du nouveau couvent, étant la seule à parler l'arabe. Elle meurt le 26 août 1878 dans sa 33e année à la suite d'une chute et d'une fracture du bras qui a entraîné une gangrène.
Grâces mystiques et charismes abondent dans la vie de cette religieuse, au témoignage de ses proches. Dans l'enceinte du Carmel de Pau, des carmélites la voient plusieurs fois perchée en haut d'un tilleul, sur de petites branches trop fines pour porter son poids. On atteste l'avoir vue à Chypre, alors qu'elle se trouve aussi à Bethléem. Illettrée, elle compose des poèmes en français. Le 6 décembre dernier, le pape François a reconnu un miracle obtenu par son intercession, ce qui permet sa canonisation.

Sabbah : Ne pas fuir l'histoire
Pour la canonisation des deux Marie, un rappel s'impose de l'émouvante conférence prononcée il y a quelques années, à l'USJ, par le patriarche émérite des latins de Jérusalem, Michel Sabbah.
Avant l'apparition du groupe État islamique, mais au-delà des généralités qu'on entend toutes les fois que la question de la présence chrétienne en Orient est soulevée, au-delà des lamentations sur la montée de l'extrémisme et le recul démographique des chrétiens soit en raison de l'émigration, soit en raison de la natalité, l'ancien patriarche de Jérusalem a su aller à l'essentiel et affirmer que ce dont les Églises du Moyen-Orient ont besoin pour rester dans cette partie du monde, c'est de saints et de martyrs.
« L'avenir des chrétiens dans notre région est conditionné par des facteurs internes, politiques et sociaux dans lesquels la religion a son influence, affirmait avec justesse dans sa causerie le patriarche Sabbah, mais aussi par un facteur externe puissant et qui est la politique internationale, laquelle dans ses projets pour la région ne tient aucun compte des chrétiens. »
Après avoir fait « tout ce qui est humainement possible pour se défendre par les moyens de recours légitimes à leur disposition », et si la menace continue à peser sur lui, le chrétien d'Orient accepte d'habiter son histoire, avait-il affirmé courageusement, non sans soulever des murmures. « Fuir l'histoire, c'est fuir la volonté de Dieu. L'histoire est le lieu de notre rencontre avec Dieu. » En Orient, le XIXe siècle a donné les saints. Au XXIe siècle, l'honneur de donner les martyrs, comme il a commencé à le faire en Syrie, en Irak, en Libye, en Éthiopie, en Égypte et ailleurs.

 

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Le Saint-Siège va signer un nouvel accord avec « l'État de Palestine »

À l'approche de la canonisation des deux religieuses palestiniennes, le Vatican a annoncé, mercredi 13 mai, la signature prochaine d'un nouvel accord bilatéral qui protège l'activité de l'Église catholique et la liberté religieuse en Palestine, reconnu pleinement comme État. Un appui diplomatique apprécié par l'Autorité palestinienne dont le chef Mahmoud Abbas assistera à la cérémonie de canonisation demain.

 

Résurrection d'un jeune foudroyé par une décharge électrique

La bienheureuse religieuse palestinienne Marie-Alphonsine Ghattas (1843-1927), béatifiée le 22 novembre 2009 à Nazareth, sera canonisée après la reconnaissance d'un nouveau miracle dû à son intercession, par le pape François, le 5 décembre dernier, après audition des témoins, et avis favorable des médecins et des théologiens.
L'intercession de Marie-Alphonsine a sauvé la vie d'un jeune chrétien de Galilée qui, deux jours avant la célébration de la béatification de la fondatrice, à Nazareth, a été foudroyé pendant son travail par une décharge électrique puissante. Il est tombé à terre. Il est ensuite resté dans le coma pendant deux jours. Et, le jour de la béatification, il s'est réveillé : il avait échappé à une mort certaine.

 

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"Mère Marie-Alphonsine sera connue dans la région pour être une « grande femme de foi », à laquelle des miracles sont attribués. Le prodige le plus souvent cité à son sujet est le secours qu'elle apporta à une fillette tombée dans un puits, qu'elle secourut en lui tendant sont chapelet !" ! "Sœur Marie de Jésus crucifié, elle, ce sont des grâces mystiques et des charismes qui abondent dans la vie de cette religieuse. Dans l'enceinte du Carmel de Pau, des carmélites la voient moult fois perchée en haut d'un tilleul, sur de petites branches trop fines pour porter son poids. On atteste l'avoir vue à Chypre, alors qu'elle se trouve aussi à Bethléem. Illettrée, elle compose des poèmes en français." ! A elles deux, elles auraient fait autant de "miracles" que le Christ !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

04 h 43, le 16 mai 2015

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Commentaires (1)

  • "Mère Marie-Alphonsine sera connue dans la région pour être une « grande femme de foi », à laquelle des miracles sont attribués. Le prodige le plus souvent cité à son sujet est le secours qu'elle apporta à une fillette tombée dans un puits, qu'elle secourut en lui tendant sont chapelet !" ! "Sœur Marie de Jésus crucifié, elle, ce sont des grâces mystiques et des charismes qui abondent dans la vie de cette religieuse. Dans l'enceinte du Carmel de Pau, des carmélites la voient moult fois perchée en haut d'un tilleul, sur de petites branches trop fines pour porter son poids. On atteste l'avoir vue à Chypre, alors qu'elle se trouve aussi à Bethléem. Illettrée, elle compose des poèmes en français." ! A elles deux, elles auraient fait autant de "miracles" que le Christ !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 43, le 16 mai 2015

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