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Alain Bourdin à « L’OLJ » : Si rien n’est fait dans les années qui viennent, Beyrouth sera invivable

Professeur d'urbanisme à l'Université de Paris-Est et à l'Institut français d'urbanisme, Alain Bourdin a participé à l'organisation de l'atelier doctoral proposé récemment par l'Institut d'urbanisme de l'Alba et a fait partie de son comité scientifique. Il répond aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Hervé Sabourin, président de l’AUF (à g.), et Alain Bourdin (à droite). Pour ce dernier, « une grande ville comme Beyrouth a besoin d’un projet public, même si c’est le privé qui le fait, qui soit dans l’intérêt général. Ceci permet de la développer. C’est dommage qu’il n’y ait pas un projet rassembleur qui puisse structurer la ville. Ce serait mieux que d’ajouter des lois qu’on a du mal à appliquer. »

Quelles sont les principales problématiques de chacun des thèmes de recherche ?
Ce qui était intéressant sur le thème de l'espace public, c'est que celui-ci a revêtu une signification différente selon les pays qui ont participé à l'atelier, au regard de leurs expériences respectives. En ce qui concerne Beyrouth, le thème n'a pas été très développé. Il s'est plutôt concentré sur l'aménagement et l'organisation d'une place, et sur la manière de tenir compte des différents usages. On ne fait pas une ville, en particulier un espace public, sans se préoccuper de la manière dont il est utilisé. Pour ce qui est des acteurs et des processus de transformations urbaines, le Liban a été très présent, il y a eu toute une réflexion sur la décentralisation et un pôle sur l'analyse des acteurs. Quant au thème de la méthodologie, il a été partiellement centré sur l'environnement au Liban, notamment sur la manière de faire évoluer l'utilisation de la cartographie autour des questions environnementales, ainsi que sur les méthodes qui améliorent l'environnement urbain. Le quatrième thème, celui de la planification urbaine, s'est penché sur sa définition et ses modalités au Liban. Ça s'est terminé sur le rôle du tourisme dans la fabrication des villes. Évidemment, le débat a saisi les outils juridiques qui existent au Liban, ceux qui peuvent vraiment servir, ceux qui sont utilisés et comment ils sont utilisés.

Quels ont été les défis majeurs abordés dans l'atelier ?
Les défis environnementaux sont très importants ici. On est dans une capitale qui a de gros problèmes sur le plan environnemental, surtout s'il y a encore une croissance de la population, avec l'émission de gaz à effet de serre, le réchauffement, les îlots de chaleur, les problèmes autour de l'eau, etc. Un autre défi se pose : celui de l'usage des sols. On construit un peu n'importe où, sans forcément tenir grand compte des contextes, des plans qui organisent l'agglomération. Un brillant juriste nous a expliqué comment la loi permet ce genre de construction. Un peu de mise en ordre à ce niveau serait un vrai défi pour Beyrouth et pour les autres villes aussi. Si on continue à construire partout, sans discernement, cela va générer des problèmes gravissimes. Le troisième enjeu est celui de la mobilité, l'extrême faiblesse des transports en commun. C'est frappant à Beyrouth, car des villes moins riches possèdent des transports en commun de qualité. Ici, c'est central. Si je veux être pessimiste, je dirais que si rien n'est fait, dans les années qui viennent, la cité sera invivable. Il faut adapter les politiques de mobilité aux différents pays et à leur mode de vie. Or au Liban rien n'est encore fait.

Quel est l'intérêt de cet atelier pour les doctorants qui y ont participé ?
L'intérêt est dans l'échange. Quand on se compare aux autres, on comprend ce qui est différent et ce qui est semblable. Cela permet de mettre en perspective ce qu'on fait. Un autre intérêt réside dans le fait de rassembler des participants d'origines différentes. Par conséquent, on apprend à penser différemment, ce qui est efficace dans la manière de travailler. C'est toujours instructif de regarder les autres travailler. Il ne faut pas confondre comparaison et importation de modèle. Le côté comparatif est important. Il s'agit de comparer des choses dissemblables pour mieux les comprendre, sortir des spécificités et examiner des problèmes transnationaux.

Y aurait-il une suite à cet atelier ?
On essaiera de faire une publication au Liban, et puis, en ce qui concerne l'atelier, tout le monde était content, donc il est bien possible qu'on recommence. C'était une configuration assez satisfaisante.

Propos recueillis par Chantal EDDÉ

Quelles sont les principales problématiques de chacun des thèmes de recherche ?Ce qui était intéressant sur le thème de l'espace public, c'est que celui-ci a revêtu une signification différente selon les pays qui ont participé à l'atelier, au regard de leurs expériences respectives. En ce qui concerne Beyrouth, le thème n'a pas été très développé. Il s'est plutôt...

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