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Liban - La situation

Les médecins, le quatrième pouvoir et les dérives de la justice

La façade de la Maison du médecin ornée d’un banderole géante : la dignité de la profession a été offensée. Photo Ani

Ce que révèle l'incroyable arrestation du médecin Issam Maalouf, c'est la perte du sens des institutions dans les esprits de spectateurs livrés à la merci d'un audiovisuel qui s'érige en justicier, sans les garde-fous qui doivent protéger le quatrième pouvoir, les médias, de ses abus et dérives. Ils existent. Nous le constatons tous les jours.
Tout laisse croire que c'est sous la pression d'un média que la justice s'est saisie du cas de la petite Ella Tannous, jusqu'à l'inadmissible arrestation pour enquête d'un médecin qui a agi, semble-t-il, de bonne foi, dans les limites de son savoir, et avec les obstacles communs qui se dressent devant tous les diagnostics et tous les traitements. On espère que son interrogatoire, aujourd'hui, par un juge d'instruction conduira à corriger ce qui semble excessif dans sa détention préventive (et punitive, hélas, car préalable à tout jugement) dans une chambre d'hôpital. Une détention qui a blessé tous les médecins dans leur dignité.

Ce que cet incident doit apprendre aussi aux Libanais, c'est de ne pas se laisser aller à des guerres corporatistes de genre « médecins contre journalistes ». L'amalgame est toujours laid, toujours faux. Imputer à un corps professionnel l'erreur d'un seul, ou d'un petit nombre, relève non seulement d'un corporatisme de mauvais aloi, mais du racisme. Cette leçon vaut dans les deux sens. On se trompe tout aussi bien en diabolisant tous les médecins du Liban considérés comme intouchables qu'en diabolisant tous les journalistes et tous les médias « qui se croient tout permis ».
Le Dr Antoine Boustany devrait savoir, en particulier, qu'on ne convoque pas les médias pour leur dire qu'on va les boycotter. C'est non seulement de la mauvaise communication, mais c'est aussi proprement absurde. Tout le monde, d'ailleurs, devrait savoir que toute guerre contre la presse est perdue d'avance.
C'est dans la modération et l'équité que cette crise devrait être surmontée. Deux qualités qui ne manquent pas au Conseil supérieur de la magistrature, dont le président devrait avoir son mot à dire en la matière, cette affaire ayant dépassé le cadre de la pure justice pour devenir un conflit social impliquant les médias, les médecins et le corps judiciaire.

La vacance présidentielle, déclencheur ?
La vacance présidentielle pourrait ne pas êtres étrangère aux égarements télévisuels de certains, puisqu'elle semble conduire à une perte de repères institutionnels et sociaux. Cela relève de la psychologie sociale. Il y a quelques jours, le patriarche maronite implorait la société politique de cesser de « tourmenter » les Libanais avec un jeu pervers qu'il n'a pas hésité à qualifier de « sadisme politique ».

Sur ce plan, du reste, ce jeu pervers se poursuit. Le courant du Futur a rendu visite hier aux différents partis et courants représentatifs de l'électorat chrétien dans un souci de coordination, en prévision du Conseil des ministres que Michel Aoun compte « bloquer ». Le Premier ministre a sagement reporté cette convocation d'une semaine. Entre-temps, Amine Gemayel a tout aussi prudemment averti le Hezbollah que, quelle que soit la justesse de sa cause, son action finira par dériver vers la discorde confessionnelle. Michel Sleiman, de son côté, avertissait M. Aoun qu'il surestime sa représentativité et que, avec ou sans lui, les chrétiens du Liban sont représentés au gouvernement.
Formant à eux trois, aux côtés des chrétiens indépendants, la majorité gouvernementale, le Futur, les Kataëb et les sleimanistes ont ainsi affûté leurs armes en vue de contrer les tentatives de blocage du camp aouniste.

 

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Ce que révèle l'incroyable arrestation du médecin Issam Maalouf, c'est la perte du sens des institutions dans les esprits de spectateurs livrés à la merci d'un audiovisuel qui s'érige en justicier, sans les garde-fous qui doivent protéger le quatrième pouvoir, les médias, de ses abus et dérives. Ils existent. Nous le constatons tous les jours.Tout laisse croire que c'est sous...

commentaires (1)

Cette " affaire " ayant depasse le cadre de la pure justice pour devenir un conflit social impliquant les medias, les medecins et le corps judiciaire!!!! Mais m.... vous avez oublie les principals interesses...les patients....eux n'ont pas droit a un minimum de respect et de justice...arretez c'est un cas flagrant de brigandage du corps medical....une pensee pour cette gamine et ses parents...un peu de compassion....

Houri Ziad

16 h 20, le 10 juin 2015

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Commentaires (1)

  • Cette " affaire " ayant depasse le cadre de la pure justice pour devenir un conflit social impliquant les medias, les medecins et le corps judiciaire!!!! Mais m.... vous avez oublie les principals interesses...les patients....eux n'ont pas droit a un minimum de respect et de justice...arretez c'est un cas flagrant de brigandage du corps medical....une pensee pour cette gamine et ses parents...un peu de compassion....

    Houri Ziad

    16 h 20, le 10 juin 2015

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