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Politique - Crise migratoire

De Beyrouth à Bruxelles, Mikati dans tous les collimateurs

Le Premier ministre sortant a décidé de ne pas se rendre à la conférence consacrée au dossier des réfugiés le 27 mai dans la capitale belge. Il s’expliquera toutefois devant le Parlement libanais mercredi à 11 heures.

De Beyrouth à Bruxelles, Mikati dans tous les collimateurs

Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et le président de la Chambre, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, le 29 avril 2024. Photo tirée de la page Facebook de M. Berry

Tous les regards (et les pressions) sont sur Nagib Mikati. Mercredi, le Parlement réuni place de l’Étoile entendra les explications du Premier ministre sortant au sujet du dossier des réfugiés et migrants syriens, pour pouvoir décider de la prochaine étape. Mais aux yeux du chef du gouvernement, tel n’est pas le seul objectif de la séance. Il s’agit surtout d’assurer une large couverture politique aux décisions qu’il pourrait prendre. D’où l’importance de la recommandation sur laquelle débouchera le débat parlementaire général. Parallèlement, M. Mikati se retrouve au cœur d’une autre polémique, celle suscitée par sa décision de ne pas présider la délégation libanaise à la réunion prévue à Bruxelles le 27 mai et consacrée au dossier syrien. Une décision - inédite depuis le début de ces réunions dans la capitale belge, en 2017 - prise après des contacts (annoncés par Damas, mais que le Sérail a passés sous silence) entre M. Mikati et son homologue syrien, Hussein Arnous. De quoi donner le sentiment que le chef du gouvernement veut éviter de contrarier la Syrie qui n’a pas digéré le fait qu’elle n’ait pas été conviée à Bruxelles, un acte qui, selon elle, « recèle des intentions hostiles ». D’autant que le même Nagib Mikati, qui a par là choisi de tourner le dos à la communauté internationale, se rendra à Bahreïn pour le sommet arabe qui se tiendra, lui, en présence du président syrien Bachar el-Assad.

« Une erreur monumentale »
Une source diplomatique confirme à L’Orient-Le Jour que M. Mikati était convié à la réunion de Bruxelles, « mais a décidé de ne plus y prendre part. C’est donc le ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, qui s’y rendra ». La source n’explique pas les véritables raisons derrière la décision du Premier ministre. Pour les détracteurs de ce dernier, la réponse est pourtant simple : « M. Mikati ne veut se mettre à dos ni le régime syrien qui a demandé que la question des (réfugiés et migrants) soit coordonnée avec lui ni son parrain local, le Hezbollah », commente pour notre journal Achraf Rifi, député de l’opposition. Un point sur lequel il converge avec le chef des Kataëb. « Cela prouve que le Hezbollah et le régime syrien contrôlent les décisions du gouvernement », a lancé Samy Gemayel dans une déclaration à la chaîne MTV.

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Rachid Derbas, ancien ministre proche du chef du gouvernement, ne partage pas cette lecture. Selon lui, « M. Mikati n’est pas du genre à se soumettre aux pressions ». Karim Mufti, politologue, estime pour sa part que la décision de M. Mikati est « une erreur monumentale ». « Il n’est pas normal de tourner le dos à la communauté internationale alors qu’elle vient d’octroyer au Liban une aide d’un milliard d’euros », dit-il. Le Premier ministre sortant « pèse le pour et le contre, nuance une figure tripolitaine. Après la polémique déclenchée par l’enveloppe européenne, il a jugé que le déplacement à Bruxelles ne lui profiterait pas autant qu’un entretien avec la délégation syrienne en marge du sommet arabe ».

Le Sérail, lui, se contente d’une réponse classique, affirmant que ce sont des experts qui devraient débattre de la crise des réfugiés à Bruxelles. « Mais au vu de l’ampleur d’un dossier “existentiel” pour le Liban, M. Mikati a décidé de déléguer son ministre des Affaires étrangères », dit une source gouvernementale haut placée.

Tentative d’accorder les violons
À la veille de son déplacement pour Manama, le Premier ministre s’expliquera mercredi à la Chambre. À en croire Ali Darwiche, ancien député proche du locataire du Sérail, outre l’enveloppe européenne, M. Mikati exposera toute la politique adoptée par son équipe en matière de réfugiés et migrants, ainsi que sa vision d’un plan pour leur retour. « Celui-ci débute par la mise en application des lois en vigueur et se poursuit par une entente avec Damas autour de zones sûres vers lesquelles les ressortissants syriens pourraient rentrer », confie M. Darwiche.

Pour mémoire

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Ces deux points devraient figurer dans la recommandation sur laquelle est censé déboucher le débat général. À la veille de la séance parlementaire, la recommandation attendue était au menu d’une réunion tenue au Parlement entre des représentants de divers blocs, à l’exception de plusieurs parties de l’opposition, dont les Kataëb, le Renouveau (Michel Moawad, Adib Abdel Massih, Achraf Rifi et Fouad Makhzoumi) et les députés de la contestation. Selon nos informations, les participants à la réunion ont évoqué les idées qui devraient figurer dans le texte qui aurait une valeur contraignante pour le gouvernement. « Les discussions ont eu lieu dans une atmosphère positive et ont été axées sur l’importance pour le Liban de s’attacher au protocole d’entente de 2003 liant la Sûreté générale au Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies », déclare à L’OLJ Kassem Hachem, député berryste présent lors de la réunion. « Nous avons également insisté sur l’importance de dialoguer avec le gouvernement syrien », ajoute-t-il, faisant savoir que les réunions sont restées ouvertes mardi afin de paver la voie à une adoption aisée du texte à la Chambre.

Quid de l’opposition ? Avalisera-t-elle une reprise de langue de haut niveau avec Damas ? « Le contact entre les appareils de sécurité des deux pays est plus que suffisant, surtout qu’il est évident que le régime Assad n’est pas prêt à présenter des garanties pour le retour de ses ressortissants », dit Mark Daou (contestation) à L’OLJ. De même, les Forces libanaises disent n’avoir aucun problème avec la communication en cours entre les deux pays, selon leur porte-parole, Charles Jabbour. Il insiste toutefois sur « l’importance pour le cabinet de prendre les mesures nécessaires pour le rapatriement des Syriens dont le séjour au Liban est illégal », appelant M. Bou Habib à clairement exprimer cette position à Bruxelles. De leur côté, les Kataëb considèrent qu’ils ne sont pas concernés par la première version d’un texte qu’ils n’ont pas rédigé. De toute façon, les ténors de ce camp afficheront place de l’Étoile une position unifiée qu’ils devaient adopter lors d’une réunion tenue tard dans la nuit de mardi à mercredi. 

Tous les regards (et les pressions) sont sur Nagib Mikati. Mercredi, le Parlement réuni place de l’Étoile entendra les explications du Premier ministre sortant au sujet du dossier des réfugiés et migrants syriens, pour pouvoir décider de la prochaine étape. Mais aux yeux du chef du gouvernement, tel n’est pas le seul objectif de la séance. Il s’agit surtout d’assurer une large ...
commentaires (2)

Les décisions d'une certaines importances pour le Liban sont prises à l'étranger par des étrangers qui servent leurs propres intérêts en premier, parfois sans consulter les libanais. Si les syriens du Liban rentraient chez eux au bout de 2 ans ils seront presque tous des réfugiés dans l'UE. 1 milliard calme un peu les esprits mais le Président Mikati aurait pu/dû leur en soutirer 6 !

Céleste

11 h 33, le 15 mai 2024

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Commentaires (2)

  • Les décisions d'une certaines importances pour le Liban sont prises à l'étranger par des étrangers qui servent leurs propres intérêts en premier, parfois sans consulter les libanais. Si les syriens du Liban rentraient chez eux au bout de 2 ans ils seront presque tous des réfugiés dans l'UE. 1 milliard calme un peu les esprits mais le Président Mikati aurait pu/dû leur en soutirer 6 !

    Céleste

    11 h 33, le 15 mai 2024

  • Tous ces pays vaniteux qui se croient plus intelligents et qui portent des œillères qui les empêchent de voir le problème dans son ensemble qui dépasse les frontières des ces deux pays et qui est élaboré sur le long terme pour pouvoir les terroriser le moment venu. Ils agissent naïvement et continuent de céder à toutes leurs exigences misant sur la distance qui les séparent d’eux. La terreur n’a pas de frontières et ils paieront leur laxisme tôt ou tard. Ces gens ont des projets destructeurs qui ne connaissent pas les frontières. Vous voilà prévenus. Il faut casser cet axe de terreur a tout pr

    Sissi zayyat

    11 h 16, le 15 mai 2024

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