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Liban - Polémique

Les médecins maintiendront leur grève jusqu’à la libération de Issam Maalouf

Le président de l'ordre, le Dr Antoine Boustany, a prononcé un discours virulent et humiliant vis-à-vis des médias.

Le Dr Antoine Boustany prononçant son discours devant les médecins, qui ont observé hier un sit-in au siège de l’ordre en guise de protestation contre l’arrestation de leur confrère Issam Maalouf. Photo Nasser Traboulsi

« Justice pour Issam ». Sous ce thème, plusieurs centaines de praticiens se sont rassemblés hier à la Maison du médecin à Furn el-Chebback pour exprimer leur solidarité envers leur collègue Issam Maalouf, pédiatre, en détention provisoire à l'hôpital al-Hayat. Il est accusé d'être responsable de l'amputation des quatre membres de la petite Ella Tannous, un bébé de huit mois, qui serait atteinte d'une infection à streptocoque A.
Le streptocoque A, tel que défini dans la littérature scientifique, est un germe courant, le plus souvent responsable de l'angine de gorge. Il peut parfois causer des infections cutanées. Dans certains cas, il peut envahir la peau et les tissus sous-cutanés, avec une production de toxines qui entraînent une destruction des tissus graisseux, musculaires et cutanés. Une cellulite nécrosante, une sorte de gangrène, s'installe alors. Dans ces cas précis, ce germe acquiert le nom de « bactérie mangeuse de chair ». Le seul traitement est dans l'excision et l'ablation de tous les tissus morts. Les antibiotiques sont inefficaces.

Dans le grand hall de la Maison des médecins, praticiens, résidents et internes discutent entre eux, indignés par l'arrestation « injuste » de leur confrère, d'autant que la justice ne s'est pas encore prononcée sur le dossier. « On n'a pas le droit d'arrêter un médecin de cette sorte », répètent, énervés, nombre d'entre eux, non sans critiquer certains médias.
« Nous poursuivrons la grève jusqu'à ce que notre confrère, le professeur Issam Maalouf, soit remis en liberté », annonce, pour sa part, le président de l'ordre, Antoine Boustany, dans une allocution. Il est à signaler que depuis lundi, les médecins observent une grève générale dans les hôpitaux et les cabinets : seuls les cas urgents sont pris en charge.
Dans son discours, le président de l'ordre a pratiquement mis dans le même sac tous les médias, sans aucune distinction entre audiovisuel et presse écrite, encore moins la presse professionnelle et la presse à scandale. Cerise sur le gâteau : le Dr Boustany les a pourtant conviés à couvrir cette manifestation... Pour mieux les humilier?

(Lire aussi : Les médecins, le quatrième pouvoir et les dérives de la justice)

« La justice doit suivre son cours »
Saluant l'armée qui « veille sur la nation », il a ainsi affirmé que « le corps médical, à l'instar de la troupe, œuvre en silence et activement pour préserver la santé des citoyens ». Cette action est toutefois accueillie, selon le Dr Boustany, par « une agression gratuite, une grossièreté à l'image de ceux qui la profèrent, une attaque immorale, une moquerie et des accusations gratuites ».
Il a expliqué que face aux attaques des médias, « la science est désormais ligotée et le médecin travaille dans une ambiance de terreur, l'épée du diagnostic médical, de l'enquête sécuritaire et du jugement le menaçant dans une mise en scène médiatique scandaleuse ».

Et d'affirmer : « Le médecin n'est pas exempt d'erreur. Chacun de nous œuvre dans le cadre de ses capacités médicales, techniques et morales pour éviter la faute et assurer la sécurité de son patient. » En cas de faute professionnelle, « la justice doit suivre son cours », a encore insisté le Dr Boustany, poursuivant son discours sévère à l'égard, cette fois-ci, de « certains » médias, affirmant que « nous ne leur permettrons pas de poursuivre leur parcours destructeur sous prétexte de la liberté de la presse, qui s'assimile à un chaos créatif avec lequel ils nous ont bassinés avec le printemps arabe ».
« Nous respectons les médias et nous en sommes fiers », a poursuivi le Dr Boustany, dans une tentative de se rattraper, non sans invoquer Dieu pour « (le) protéger contre (ses) amis, parce qu'(il) peut s'occuper de (ses) ennemis ».

Le Dr Boustany a enfin appelé les responsables des médias audiovisuels et de la presse écrite à œuvrer sérieusement « pour mettre fin à cette situation lamentable et à ces relations honteuses qui prévalent entre le corps médical et les médias parce que le Liban ne peut plus tolérer davantage de divisions et de ridicule ».
L'ordre des médecins de Tripoli a également observé hier un sit-in de solidarité avec les médecins de Beyrouth. De même, la Fédération des professions libérales a exprimé sa solidarité avec l'ordre des médecins de Beyrouth, appelant les médias « à arrêter leurs campagnes provocatrices » et à « s'en remettre à la justice ».

 

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commentaires (2)

COMMENT PEUT-ON EMPRISONNER QUELQU'UN AVANT LA FIN DE L'ENQUÊTE... QUI... AU LIBAN... PREND AMPLEMENT SON TEMPS ?

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 24, le 10 juin 2015

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Commentaires (2)

  • COMMENT PEUT-ON EMPRISONNER QUELQU'UN AVANT LA FIN DE L'ENQUÊTE... QUI... AU LIBAN... PREND AMPLEMENT SON TEMPS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 24, le 10 juin 2015

  • Et les médecins -un bon nombre- qui, sans honte, font de leur "mission" un grand commerce, le président de l'ordre des médecins a-t-il jamais pris une mesure à leur égard ?

    Halim Abou Chacra

    09 h 00, le 10 juin 2015

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