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Le Club des juges a vivement dénoncé lundi une attaque lancée jeudi dernier contre la juge des référés de Jdeidé (Metn), Stéphanie Saliba, par le site électronique Lebanon Debate, qui l’avait accusée de « ne pas se soucier d’appliquer la justice, ni d’assumer ses responsabilités ». La juge Saliba a ainsi été accusée de prononcer des jugements « inéquitables » et « arbitraires « du fait d’« une étude insuffisante de ses dossiers et d’une présence irrégulière à son bureau ». « Il est préférable que cette magistrate reste à la maison jusqu’à ce qu’elle accorde à ses dossiers le suivi nécessaire pour harmoniser ses décisions avec la loi (…) » a ajouté le média.
« Une fausse information destinée à induire en erreur l’opinion publique a été publiée après que la juge Saliba a été menacée par un homme politique dont elle avait rejeté l’ingérence en faveur d’un de ses proches et refusé de se soumettre à ses intimidations », a réagi le Club des juges dans un communiqué.
« Mon beau-frère »
Peu avant la publication de ce document, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) avait diffusé une mise au point de la juge Saliba dans laquelle cette dernière accuse Lebanon Debate de « diffamation », pour ce que le média met en doute son « professionnalisme », son « indépendance » et son « impartialité ».
« Il m’importe de noter que cette information dénuée de vérité a été publiée quelques heures après qu’un ancien ministre et député actuel ainsi qu’un autre ancien ministre m’ont contactée au téléphone pour interférer dans un dossier personnel concernant un proche de l’un d’eux », affirme Stéphanie Saliba, dans sa mise au point. Selon une source judiciaire, la magistrate a coupé court à l’ingérence du responsable qui, lors de l’entretien téléphonique, lui posait la question suivante : « Comment avez-vous pu émettre un tel jugement contre mon beau-frère ? » La juge Saliba lui a répondu fermement qu’elle travaille « de manière indépendante ». Le ton est alors monté, la poussant à raccrocher pour mettre fin à l’échange. En ce qui concerne l’autre homme politique, la magistrate n’a pas décroché son portable pour lui répondre, supputant qu’il l’appelait pour le même motif.
« Jusqu’à quand les magistrats qui ne cèdent pas aux ingérences continueront-ils à faire l’objet d’attaques et de diffamation ? » se demande un membre du Club des juges, joint par notre journal. « Notre message de solidarité ne concerne pas seulement Stéphanie Saliba, mais tous les magistrats qui font face à des tentatives de pression alors qu’ils veulent appliquer la loi », indique-t-il dans ce cadre. « Où sont ceux qui sont censés veiller à l’intérêt public et à la construction de l’État ? » s’interroge-t-il, appelant le parquet et le ministre de la Justice Henri Khoury à agir « rapidement ».
Il convient de noter que dans sa réaction, la juge Saliba a fait part de sa volonté de « recourir aux autorités compétentes, à travers les voies légales ». Interrogés par notre publication sur le parcours de la magistrate, nombre de ses confrères s’accordent à affirmer que depuis qu’elle a intégré le corps de la magistrature, il y a un peu plus de dix ans, elle fait preuve de « compétence ». Elle appartient à « la jeune génération des juges attachés à leur serment de remplir leurs fonctions en toute « impartialité et intégrité », ajoutent-ils.
Pas besoin de citer les noms et d’agir comme eux diffamation contre diffamation. La juge saliba agit professionellement. Bravo.
15 h 08, le 14 mai 2024