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Lifestyle - Tous les chats sont gris

Quand la nuit libanaise se fait artsy

Éphémère et festive. Toute la semaine durant, dans plusieurs quartiers de la capitale, la Beirut Design Week a bouillonné d'événements qui penchent davantage vers les fêtes mondaines que les expositions centrées sur le design local...

Photo G. K.

Il aura suffi de publier quelques photos sur les réseaux sociaux, de faire fonctionner bouche-à-oreille et téléphones cassés beyrouthins. Éparpiller des affiches un peu partout dans la capitale et, pour finir, lever les fanions rouges. Il aura suffi d'annoncer l'édition 2015 de la Beirut Design Week pour faire courir les gens dès lundi. Les gens, ce sont les initiés, les moins initiés, les curieux, les mondains, les atteints de FOMO, et puis ceux qui ne refuseraient jamais un verre de champagne, même servi dans un gobelet en plastique. En fin d'après-midi, les acteurs de l'aquarium qu'est la scène artsy libanaise présentaient leurs collections et rassemblaient, le soir venu, leurs bonnes gens dans des dîners chics et privés. Voilà ce à quoi ont rimé les sept derniers jours. En résumé : beaucoup d'euphorie, une énergie palpable, de belles fêtes comme on sait si bien en organiser dans ce pays, à la faveur d'un design tristement recalé au second plan. Soyons justes, à quelques exceptions près.

 

On prend les mêmes et on recommence
De Saifi Village à Achrafieh en passant par Mikhaël, Hamra ou Gemmayzé, les manifestations ont donc sillonné Beyrouth entre galeries, boutiques et places publiques où les mêmes têtes se sont déplacées en meutes. La scène est similaire un peu partout : quelques minutes à peine après le début des douces hostilités, c'est la cohue. Et pour atteindre les objets présentés, il fallait jouer des coudes et serrer la pince à qui le veut bien. De jolis hommes et femmes virevoltent, une coupe à la main, non loin des créateurs qu'on ne manque pas d'écœurer de compliments et de « Waw ! Tu t'es surpassé » qui fusent dans tous les sens. On joue les grands experts du design à observer les pièces exposées comme on disséquerait un Le Corbusier ou un Carl Hansen. iPhone à la main, on mitraille tout et n'importe quoi, applique des filtres et appose le hashtag #BeirutDesignWeek2015. Le tour est joué. Ensuite, on suit le train de la nuit jusqu'au prochain événement, un peu plus alcoolisé, un peu plus fêtard. Car musique, DJs et arrangements de fleurs sont évidemment de la partie. C'est à se demander, au passage, comment on a réussi à faire des pivoines la mode de cette année. Il fait trop chaud pour danser. Rien de spécial n'a vraiment lieu, mais tout semble se passer légèrement, comme il se doit. À l'air libre, sur les parvis et les trottoirs, des flots de fumeurs forment une haie d'honneur joyeuse, tous enfin libres après un interminable hiver passé cachés sous les parapluies. Dans la foule, les invités sont de tous les clans. Des hipsters au rouge à lèvres qui déborde, des sacs à plusieurs milliers de dollars qui se baladent, des mondains de ceux qui laissent des sourires partout où ils passent, des bourgeoises qui ne savent pas dire pardon quand elles vous écrasent le pied de leurs échasses. Et toute une pléiade de jeunes et d'étrangers, la belle surprise. On entend encore des « C'est tellement mieux que l'édition précédente ! » et déjà des « C'est nul comparé à l'étranger », qui font lever les yeux au ciel de ceux qui s'exaltent à l'exercice de la critique à tout prix.

 

La fête, au moins ça
Parce que voilà, les reproches, on peut évidemment en dresser la liste. Cette semaine aurait pu être mieux organisée, plus développée, plus approfondie et surtout plus axée sur un design local dont on privilégie encore et toujours les quelques acteurs principaux aux dépens de talents sous-estimés. Sauf que la Design Week aura eu le mérite de drainer tout un monde dans les rues d'un Beyrouth qui se dénude pour l'été. Dans des espaces fleuris, dont les portes ouvertes à tout vent ont accueilli des sourires à la pelle et des regards curieux. Avec une tour de Babel de designers et pseudodesigners qui trouvent encore la force et le courage de créer et de festoyer. Une fois encore, c'est la fête qui nous a sauvés.

 

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