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Liban - Symposium

Une initiative de l’Ordre souverain de Malte aux Nations unies à Genève

Témoignage capital de l'Association libanaise de l'Ordre de Malte au symposium international sur « Les religions ensemble pour l'action humanitaire »

Oumayma Farah Rizk, représentant Marwan Sehnaoui, président de l’Association libanaise de l’Ordre de Malte, prononçant son discours au Palais des Nations (Genève).

Le constat est sans appel. Les conflits violents se multiplient dans le monde, en particulier au Moyen-Orient, et contrairement à ce qui se passait il y a cent ans à peine, les victimes de ces conflits sont à 90 % des civils. Le défi lancé aux organisations humanitaires internationales s'amplifie démesurément, comme l'a bien montré la crise des réfugiés syriens au Liban, en Jordanie et en Turquie. C'est dans la conscience de cette urgence et dans la perspective du Sommet humanitaire mondial que l'Onu organise en 2016 à Istanbul que l'Ordre souverain de Malte vient de tenir au Palais des Nations, à Genève (27 mai), un symposium sur le thème « Les religions ensemble pour l'action humanitaire ».
Chercher une base de valeurs communes, créer un code de conduite applicable à toutes les institutions et organisations impliquées dans le secours humanitaire, atteindre les communautés locales en investissant sur les infrastructures et les réseaux d'aide déjà présents sur les territoires touchés par les conflits, mais aussi promouvoir les valeurs des organismes humanitaires pour combattre les préjugés aussi bien des populations que des gouvernements. Voici certaines des propositions qui ont émergé du symposium, marqué par un témoignage capital de l'Association libanaise de l'Ordre de Malte.

Religion et violence
Il est de mode de considérer la religion comme étant à la racine de la violence dans nombre de conflits tout au long de l'histoire. La réalité est plus complexe. Ce thème a été abordé de front par Albrecht Boeselager, grand chancelier de l'Ordre de Malte, dans son discours d'ouverture du symposium. « Je suis fermement convaincu, a-t-il dit, que les motivations religieuses peuvent induire la violence quand elles sont séparées de leur contexte moral et entachées par la corruption et la soif de pouvoir. Certes, les conflits comprennent des éléments religieux, mais ces derniers sont toujours renforcés par des facteurs culturels, économiques, ethniques et territoriaux, ainsi que par des pressions et ingérences externes. »
Le symposium a permis, en particulier, d'analyser la façon dont les religions et les acteurs des organisations humanitaires religieuses peuvent apporter leur plus-value à l'intervention humanitaire, en promouvant la résolution pacifique des conflits et en limitant le recours systématique à la violence.

Le cas libanais
Capital fut, à ce sujet, le témoignage de l'Association libanaise de l'Ordre de Malte qui, depuis trente ans, met en œuvre des programmes d'aides humanitaires au Liban, en coopération avec les communautés chiite, druze et sunnite.
C'est à Oumayma Farah Rizk, représentant Marwan Sehnaoui, président de cette association humanitaire apolitique libanaise, qu'est revenue la tâche de brosser à grands traits l'action humanitaire menée par l'Ordre de Malte depuis près de trois décernnies, au cours de la guerre civile au Liban d'abord (1975-1990), lors des agressions israéliennes au Liban-Sud (1996 et 2006), et aujourd'hui du fait de la guerre qui fait rage en Syrie.
« L'année 2015 marque le 40e anniversaire de la guerre civile qui a déchiré le Liban et fait plus de 200 000 victimes, a rappelé Mme Rizk. Avec ses multiples moyens d'intervention humanitaire, l'Ordre de Malte a conduit depuis les années 80 des opérations de secours auprès de musulmans et de chrétiens, avec l'aide de congrégations religieuses et de fondations diverses, ciblant principalement les pauvres, les malades, le troisième âge, les handicapés et les déplacés. »
Cette action est souvent menée dans des régions rurales et a eu un impact significatif sur les populations chrétiennes, qui ont ainsi été encouragées à rester sur place, a fait valoir la conférencière. Ainsi, en 1985, en pleine guerre, à Barqa, un village chrétien de la Békaa, l'Ordre prend immédiatement la relève du travail humanitaire du P. Nicolas Kluiters, un jésuite hollandais, qui venait d'être sauvagement assassiné. Avec l'aide de religieuses courageusement restées sur place, l'Ordre étend sa mission humanitaire à toute la population des environs, en particulier aux populations chiites, sauvant d'un désastre certain les liens de confiance entre les deux composantes chrétienne et musulmane de la population.
Autre exemple : en 1996, à la suite de l'opération israélienne « Raisins de la colère » au Liban-Sud, une unité médicale mobile est mise à la disposition des populations rurales chiites, en coopération avec la Fondation Imam Moussa el-Sadr (chiite), avec laquelle l'Ordre de Malte gérait déjà un centre médico-social à Siddikine. Là comme ailleurs, les infirmières voilées peuvent être vues arborant sans problème le symbole de l'Ordre de Malte.
L'association coopère aussi avec la Fondation druze cheikh Abou Hassan Aref Halawi, dans le Chouf, ainsi qu'avec la clinique centrale de Dar el-Fatwa. Elle partage avec ce dernier le programme de nutrition particulier au mois de jeûne de ramadan. En outre, le représentant de l'Ordre de Malte auprès de tous les instances officielles et ministères au Liban est un musulman sunnite.
Grâce à ces liens tissés avec des représentants de toutes les communautés, l'Ordre au Liban a pu lancer un projet humanitaire dans la région sensible de Wadi Khaled, à sa frontière nord avec la Syrie, où une unité médicale mobile dessert plus de 22 villages, touchant aussi bien la population sunnite locale que les réfugiés syriens poussés à l'exode par les opérations militaires.
« Aujourd'hui, a conclu Mme Farah Rizk, nous jugeons souhaitable que notre modèle d'action humanitaire s'étende au corps social libanais tout entier. "Ne craignez pas !" lance le pape François. À son exemple, nous avançons sans peur, forts de notre foi, et nous formons nos jeunes à agir dans cet esprit. L'amour, la dignité de tout homme dans le respect de ses différences sont le fondement de l'action de l'Ordre et de son ouverture vers l'autre. Notre force vient de là. Voyez-vous, dans l'imagerie commune, la mosquée et l'église se dressent l'une face à l'autre. Mais au Liban, c'est aussi dans les mosquées que l'Ordre de Malte agit et guérit. Les hommes, hélas, instrumentalisent la religion et en font un vecteur de conflit et de violence, alors que pour nous, la religion est la grande source d'humanisation du monde. Nos centres où le voile musulman côtoie la croix de l'Ordre sont un démenti vivant à tous les fanatismes et à tous les extrémismes. »

 

Le symposium de Genève

Le symposium du 27 mai à Genève s'est tenu en présence de l'observatrice permanente de l'Ordre souverain de Malte auprès des Nations unies à Genève, Marie-Thérèse Pictet Althann, du secrétaire général adjoint de l'Onu pour les organisations humanitaires (Unog), Michael Møller, du conseiller diplomatique du grand chancelier de l'Ordre souverain de Malte, Stefano Ronca, du grand chancelier lui-même Albrecht Freiherr von Boeselager et de Jémila Mahmoud, secrétaire générale du Sommet humanitaire mondial en préparation (Istanbul – mai 2016).
Des personnalités comme Franco Frattini, ancien ministre italien des AE, Hani el-Banna, le grand rabbin Marc Raphaël Guedj, président de Racines et Sources, Slimane Chikh, Silvano Tomasi, archevêque, observateur permanent du Vatican à l'Onu à Genève, et Swami Amarananda, directeur du Centre védique de Genève, ont participé au symposium.

 

Pour mémoire
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Le constat est sans appel. Les conflits violents se multiplient dans le monde, en particulier au Moyen-Orient, et contrairement à ce qui se passait il y a cent ans à peine, les victimes de ces conflits sont à 90 % des civils. Le défi lancé aux organisations humanitaires internationales s'amplifie démesurément, comme l'a bien montré la crise des réfugiés syriens au Liban, en Jordanie et...

commentaires (1)

Pur" baratin ! Il suffit de renforcer les infrastructures de l’État Central pour s'épargner tous ces salamalecs.... de tout poil.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

07 h 42, le 06 juin 2015

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Commentaires (1)

  • Pur" baratin ! Il suffit de renforcer les infrastructures de l’État Central pour s'épargner tous ces salamalecs.... de tout poil.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 42, le 06 juin 2015

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