« Am in my mother F... country », hurle Wyclef Jean. Sur la petite scène du festival de Beit Misk, une boule de feu déboule. Jogging de cuir rouge, baskets blanches, tee-shirt noir. Auréolé de trois Grammy Awards, le rappeur, hip-hoppeur, compositeur et producteur américain d'origine haïtienne lance à la foule les premières paroles de No Woman No Cry : « Everything is gonna be allright », comme pour conjurer le mauvais sort. « Lorsque j'ai dit à mes amis que je partais pour le Liban, pour le Moyen-Orient, ils m'ont tous rétorqué : t'as pas peur ? Je leur ai répondu : mais pourquoi aurais-je peur, ce sont tous mes potes, là-bas ! » Sonnez timbales, roulez tambours... Un ancien réfugié, également ancien membre des Fugees, is in da House. Avec une énergie indéboulonnable, il dépense près de 5 000 calories en chantant, faisant le zouave, marchant sur les mains, tâtant des platines, de la guitare basse, tapant sur des tambours, essuyant le sol, s'aspergeant la tête d'une bouteille d'eau, escaladant les échafaudages de la scène... Le tout près de deux heures durant.
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Il revisite Stayin' alive des Bee Gees, Guantanamera, Salma ya salama, interprétée par Jazzy, sa nouvelle trouvaille originaire de la République dominicaine. Il fait du name dropping, histoire de se mousser : « J'ai bossé avec Lauren Hill, Beyonce, Shakira, Celia Cruz, Santana... » Côté chansons, son Killing me softly est jazzy à outrance puis Hundred dollar bills fait monter les danseurs sur scène.
« J'ai pas besoin de gardes du corps. Je viens de Brooklyn, New York City », rappe-t-il. À ce stade-là, le public est debout sur les chaises.
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Il enchaîne sur un petit épisode de speed rap, et hop, après un saut en grand écart, il passe à la guitare électrique. Tout en faisant du scat. Et enchaîne avec la chanson 911, aux accents soul. « Mary J (Blige) n'a pas pu venir, Jazzy aide-moi. »
Avec Redemption Song, il égrène un chapelet de preaching : « Dites à vos parents que vous les aimez, sans eux, vous n'existeriez pas. Émancipez-vous de l'esclavagisme. Nous avons traversé des guerres, nous voulons la paix... »
Vers la fin du concert, le public est amassé devant la scène. Fatigué mais bien défoulé. Entre-temps, Wyclef Jean aura prononcé « Lebanon » 109 fois, « refugees » 267 fois, « hands up » 587 fois, « yo » 805 fois... et fini avec Wake me up when its all over.
La fête, celle des festivals, ne fait que commencer.
Il a dit...
– « Si vous ne me connaissez pas, googelisez-moi. »
– « À la télé, Chris Brown paraît beau. Il est tartiné de maquillage, je suis couleur chocolat et je suis tel que vous me voyez. »
– « Ma couleur vient de Haïti et mon nez est libanais. »
– « Je viens du ghetto, pas besoin de bodyguard. »
– « Mon nouveau buddy Guy Manoukian est comme mon frère d'une autre mère. »
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