L'ego démesuré a sa (dé)raison que la raison ne connaît pas... Aucune argumentation un tantinet censée ne saurait justifier le comportement des députés, surtout les chrétiens d'entre eux, qui s'emploient, sans le moindre soupçon de scrupule, à torpiller depuis un an l'élection d'un président de la République. Que le Hezbollah se soit engagé sur cette voie est quelque peu compréhensible. Le parti chiite a, de fait, tout intérêt à remettre en question le système politique paritaire consacré par l'accord de Taëf. Mais bien au-delà de cette considération d'ordre purement local, le Hezbollah, fidèle au concept de « culture de l'espace » défini par le politologue français Bertrand Badie, est idéologiquement conséquent avec lui-même lorsqu'il bloque la présidentielle. L'on a souvent tendance à oublier que dans sa ligne de conduite, ce parti ne s'encombre pas trop des intérêts exclusivement libanais. Sa doctrine politique, établie lors de sa fondation au début des années 80, lui impose en effet, impérativement, de s'en remettre de manière inconditionnelle au guide suprême de la République islamique iranienne pour tout ce qui a trait aux questions ayant une portée stratégique. Or tout indique que le régime des mollahs de Téhéran estime, au stade actuel, que l'élection d'un président libanais qui lui soit docile représente un atout primordial pour ses visées régionales.
La forfaiture, c'est donc surtout au niveau des parlementaires aounistes et zghortiotes qu'elle est manifeste. Prétendre que le boycott des scrutins présidentiels est motivé par la volonté d'assurer l'élection d'un chef de l'État « fort » n'est qu'une grossière manœuvre politico-médiatique cousue de fil blanc constituant un écran de fumée qui cache mal la tactique suivie par Michel Aoun dans sa bataille présidentielle... Pour le chef du CPL, cette tactique se résume actuellement, et jusqu'à ce que son allié pro-iranien donne un avis contraire, en une formule qui illustre toute la dimension de son ego démesuré : « Ce sera moi ou personne au palais de Baabda. »
Pour feindre de vouloir sortir de l'impasse, le général Aoun a lancé il y a quelques jours une « initiative » – prévoyant notamment un suffrage universel ou un référendum (sic !) – qui pourrait être inscrite dans le registre du « n'importe quoi ». C'est la seule qualification que l'on pourrait lui donner lorsque son promoteur s'emploie à inventer de nouvelles pratiques politiques farfelues, pour le moins qu'on puisse dire, dans un contexte explosif tel que celui dans lequel est plongé le Liban.
De par leur comportement, les députés chrétiens qui s'obstinent à bloquer l'élection d'un chef de l'État contribuent à banaliser la vacance présidentielle et à marginaliser, de ce fait, la seule présidence occupée par un chrétien dans le monde arabe. Mais le plus grave, dans une perspective historique, est que l'aboutissement d'un tel obstructionnisme risque d'être une remise en question du système politique, au moment précis où le rapport de forces interne est marqué par un profond déséquilibre dû à la présence d'un parti surarmé dont l'arrogance et les prétentions dans la conquête du pouvoir sont directement proportionnelles au rôle transnational dont il a été doté.
Le pire dans cette paralysie constitutionnelle qui dure depuis un an est que même si les obstructionnistes chrétiens, par un subit sursaut de conscience, décidaient d'assurer le quorum, ils ne le pourraient pas. Car à force de manœuvrer, le chef du CPL est devenu l'otage du Hezbollah et a permis ainsi au parti pro-iranien de s'ériger en maître absolu du jeu dans cette cynique bataille présidentielle.
commentaires (5)
on se rappelle tous comment pour amadouer (enfin ils sont si omnibuler par le chef de la horde qu'ils ne sont meme plus libre arbitre de leur pensee) sa base GMA a affirmer VOULOIR LIBANAISER LE HEZB... a la base du CPL et VOILA OU NOUS EN SOMMES !!!!!
Bery tus
16 h 36, le 25 mai 2015