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Liban - conférence

De la première à la quatrième génération, ils portent toujours le Liban dans leur cœur

Marwan Khoury (États-Unis) à gauche et Angel Saad Chalhoub (Mexique) viennent de faire connaissance. Leurs parents sont originaires de deux villages voisins du caza de Batroun.

Les premières paroles de l'hymne national. Un homme élégant, complet bleu marine et cravate rouge, cheveux blancs et teint clair, arborant sur sa veste un petit pin de la bannière étoilée, entonne quelques mots. Ses yeux s'embuent de larmes. Il continue à chanter. Jusqu'au bout.

Samy Zakhem, né à Deddé dans le Koura, était parmi le millier d'émigrés libanais présents, hier, à la clôture de la conférence « Lebanese Diaspora Energy », organisée par le ministère des Affaires étrangères et qui s'est tenue durant trois jours à l'hôtel Hilton Habtoor.
Samy Zakhem, qui a quitté le Liban à l'âge de 17 ans, était sénateur du Colorado. Il avait également assumé le poste de conseiller de l'ancien président américain Ronald Reagan. « J'étais le premier ambassadeur US né hors des États-Unis à avoir représenté Washington à l'étranger », raconte Samy Zakhem, un brin de fierté dans la voix, à L'Orient-Le Jour. « J'avais été nommé à Bahreïn et David Hale (l'actuel ambassadeur US au Liban) faisait partie de mon équipe », ajoute-t-il.
« Beaucoup m'ont surnommé l'ambassadeur des pays arabes auprès des États-Unis. Durant ma carrière, certains m'ont beaucoup critiqué parce que j'ai toujours défendu le Liban et parce que je me suis intéressé à la cause palestinienne », dit-il, reconnaissant en réponse à une question qu'il fallait évidemment travailler dur et se prouver tout le temps pour progresser.
Samy Zakhem n'a jamais coupé les ponts avec le Liban. Il est resté en contact avec ses amis, notamment tripolitains. « Nous avons toujours coexisté, chrétiens et musulmans, et c'est comme ça qu'il faut être pour préserver le Liban et sa particularité », note-t-il.
En partant à 17 ans, il a décidé de porter toujours le pays du Cèdre dans le cœur, avec son soleil, sa chaleur humaine et ses amitiés. Et il a passé l'amour qu'il porte à son pays natal à ses enfants, et cela même s'il a épousé une femme américaine d'origine écossaise.

Durant trois jours à l'hôtel Habtoor, il y avait environ 1 050 histoires à raconter, à écouter. Mille cinquante histoires qui retracent la vie des mille cinquante personnes d'origine libanaise et de leur famille ayant décidé un jour de quitter le pays à la recherche d'un meilleur avenir. Toutes ces histoires ont deux dénominateurs communs : la réussite dans le pays d'accueil et la nostalgie de retrouver la terre d'origine.


(Lire aussi : La « Lebanese Diaspora Energy » clôture ses travaux : vers la création d'un Conseil national des émigrés)

 

De Hoch el-Omara à l'État de Géorgie...en ratant le Titanic
« C'est pour la deuxième année consécutive que le ministère des Affaires étrangères organise une conférence destinée aux émigrés. Cette année, elle a beaucoup plus d'envergure. Nous accueillons 72 délégations des quatre coins du globe. La délégation brésilienne compte 70 personnes dont six sénateurs et la mexicaine 45 personnes », indique à L'Orient-Le Jour l'ambassadeur Élie Turk, soulignant que « ces Libanais appartiennent aux première, deuxième, troisième et quatrième générations d'émigrés ». « Le ministère a adressé les invitations aux ambassades qui les ont, à leur tour, dispatchées. Toutes les personnes présentes à Beyrouth aujourd'hui ont payé leur billet d'avion et leur séjour à l'hôtel. Cela montre à quel point elles ont préservé des liens de cœur avec le Liban, ajoute-t-il. Cette conférence a deux buts, celui de permettre aux émigrés de tisser des liens entre eux et aussi de placer le cadre adéquat pour les encourager à entamer des projets de coopération et d'échanges avec le Liban. »

À la question de savoir si cette conférence encouragerait les membres de la diaspora, notamment ceux qui se trouvent en Amérique latine et qui se chiffreraient à plus de dix millions de personnes, à recouvrer la nationalité libanaise, M. Turk a indiqué qu'il « faudra compter deux ans comme procédure pour que les Libanais ayant perdu tous leurs papiers puissent avoir une carte d'identité ; ils devraient ramener par exemple des extraits de naissance de leurs grands-parents et arrière-grands-parents... Il faut aussi savoir que nombre de pays d'Amérique latine ne permettent pas à leurs ressortissants de porter deux nationalités, c'est le cas notamment de l'Argentine et de la Colombie, jusqu'aux années quatre-vingt-dix pour ce dernier pays ».

M. Turk, qui a vécu de longues années en Colombie, raconte l'histoire de son grand-oncle parti avec ses deux grand-tantes aux États-Unis. « C'était avant la Seconde Guerre mondiale. Mon grand-oncle et mes deux grand-tantes n'avaient pas dix-huit ans. Ils sont partis de Hoch el-Omara à Zahlé au port de Beyrouth, sans prévenir personne. Arrivés à Cherbourg, ils devaient prendre le Titanic, mais il n'y avait plus de places qu'en première classe. Ils n'avaient pas les moyens de prendre des billets ; ils ont attendu donc un mois pour l'arrivée d'un autre bateau. Et ils sont arrivés à La Grange dans l'État de Géorgie, aux États-Unis... Mais nous n'avons su cette histoire que beaucoup plus tard : en 1958, quand les marines ont débarqué en Jordanie et au Liban. Un jeune marine américain stationné en Jordanie arrive à Zahlé, il cherche la maison de Sleiman Turk, son arrière-grand-père. C'était le petit-fils de ma grand tante Hélène, partie en 1912 aux États-Unis. Elle lui avait dit ''puisque tu pars dans la région, va au Liban, à Zahlé et retrouve la famille''. Et c'est ainsi que nous avons renoué avec cette branche familiale établie en Amérique », indique-t-il.

Assad Zard, consul honoraire du Liban à Quito, en Équateur, souligne de son côté qu'à l'époque, les adieux duraient au moins deux ans et le voyage trois mois.
Né au Nigeria où sa famille possède toujours des entreprises, il a épousé une Libanaise d'origine équatorienne. Il s'est établi dans ce pays d'Amérique latine où il a mis en place des plantations de roses, exportant ces fleurs aux quatre coins du monde. Il y a quelques années, il a décidé de vivre entre le Liban et l'Équateur, ramenant sa famille au pays de ses ancêtres pour que les enfants s'imprègnent de la culture libanaise. Il souligne que « l'Équateur compterait 30 000 personnes d'origine libanaise. Elles seraient peut être plus nombreuses », ajoute-t-il notant que « deux présidents équatoriens ainsi que le premier astronaute équatorien à avoir voyagé dans l'espace étaient d'origine libanaise ».

(Lire aussi : « La diaspora est au cœur de notre diplomatie économique »)

 

« Les comptines de mon grand-père »
Angel Saad Chalhoub, du Mexique, et Marwan Khoury, des États-Unis, viennent de faire connaissance. Âgé de 31 ans, Angel fait partie de la troisième génération d'émigrés. Il est le premier de sa famille à revenir au Liban. Il travaille dans les télécommunications et les technologies nouvelles. « Je n'aurai pas le temps d'aller dans mon village natal de Douma. Je le ferai la prochaine fois. Je suis sûr que je reviendrai et qu'il existe un potentiel de coopération entre ma firme et des entreprises libanaises, dit-il. Si je suis là aujourd'hui, c'est pour mon grand-père. Je me souviens des comptines libanaises qu'il me chantait pour m'aider à dormir », ajoute-t-il fredonnait un air connu. « Au Mexique, être libanais, c'est être généreux, fidèle et loyal », note-t-il encore.

Marwan Khoury, originaire de Kfrahalda, lance : « Il est mexicain, je suis américain et nous venons de deux villages voisins du caza de Batroun ». Marwan est né au Liban mais a suivi des études et a travaillé aux États-Unis ; « J'ai passé 22 ans aux États-Unis, dont 14 à la Silicon Valley. J'ai épousé une vénézuélienne d'origine libanaise. En 2008, je suis rentré définitivement au Liban. »

Charbel Massad, la quarantaine, et Naaman Aouad, la soixantaine, viennent tous les deux de France. Ils sont partis durant la guerre. Charbel Massad est le doyen de la faculté de sciences biomédicales à Paris Descartes. Il est le premier étranger à être nommé à ce poste en France. Naaman Aouad est un neurochirurgien renommé. Tous les deux ne rentreront pas de sitôt au Liban mais ils tiennent à encourager la coopération avec le Liban avec les moyens mis à leur disposition en France.

Tous les émigrés qui ont pris part à la conférence « Lebanese Diaspora Energy » espèrent qu'une suite positive sera donnée aux projets présentés lors des ateliers de travail tenus ces deux derniers jours.
L'année dernière, 400 émigrés ont pris part à ce rassemblement. Cette année, plus d'un millier étaient présents. L'année prochaine, l'événement se tiendra durant le mois d'avril 2016, concrétisant et consolidant les liens entre le Liban, qui compte 3 millions d'habitants (libanais) et sa diaspora, qui dépasse les 20 millions d'émigrés libanais aux quatre coins du globe.

 

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Les premières paroles de l'hymne national. Un homme élégant, complet bleu marine et cravate rouge, cheveux blancs et teint clair, arborant sur sa veste un petit pin de la bannière étoilée, entonne quelques mots. Ses yeux s'embuent de larmes. Il continue à chanter. Jusqu'au bout.Samy Zakhem, né à Deddé dans le Koura, était parmi le millier d'émigrés libanais présents, hier, à la...

commentaires (3)

ET JE RÉPÈTE : LES ÉMIGRÉS DU DESTIN QUAND LE SPECTRE MAUDIT DE L'IGNOBLE FAMINE PLANA SUR LES COTEAUX JADIS VERTS DU LIBAN, DANS LES CHAMPS DESSÉCHÉS, SUR LA TERRE MUTINE, IL NE POUSSAIT NI FRUIT, NI SEIGLE ET NI FROMENT. L'ARCHANGE DE LA MORT, QUE LE SORT PRÉDESTINE, EMPORTAIT SANS PITIÉ VIEUX, JEUNES ET ENFANTS. ÉPOUVANTÉS PAR LA MALÉDICTION DIVINE, LES PITEUX ÉMIGRAIENT VERS D'AUTRES CONTINENTS. C'ÉTAIT AU TEMPS DU TURC DONT LA SOIF SANGUINAIRE, DES MAUX ET DES FLÉAUX SOUVENT PLUS MEURTRIÈRE, RÉPANDAIT LA TERREUR PARMI LES OPPRIMÉS. ET DEPUIS, DISPERSÉS AUX QUATRE COINS DU MONDE, DE LA PATRIE EN DEUIL LES ENFANTS BIEN-AIMÉS, ILS PORTENT DANS LE COEUR LA NOSTALGIE PROFONDE DU PAYS QUI VIT NAÎTRE ET GRANDIR LEURS GRANDS-PÈRES, PAR LE DESTIN CRUEL JADIS DÉRACINÉS, ET L'ESPOIR DU RETOUR, AU BERCEAU DE LEURS PÈRES, POUR LEURS FILLES ET FILS : ENFANTS DES ÉMIGRÉS ! P.S. LA NATIONALITÉ LIBANAISE À TOUS LES ÉMIGRÉS DE QUELLE GÉNÉRATION QUE CE SOIT !!!

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 17, le 23 mai 2015

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Commentaires (3)

  • ET JE RÉPÈTE : LES ÉMIGRÉS DU DESTIN QUAND LE SPECTRE MAUDIT DE L'IGNOBLE FAMINE PLANA SUR LES COTEAUX JADIS VERTS DU LIBAN, DANS LES CHAMPS DESSÉCHÉS, SUR LA TERRE MUTINE, IL NE POUSSAIT NI FRUIT, NI SEIGLE ET NI FROMENT. L'ARCHANGE DE LA MORT, QUE LE SORT PRÉDESTINE, EMPORTAIT SANS PITIÉ VIEUX, JEUNES ET ENFANTS. ÉPOUVANTÉS PAR LA MALÉDICTION DIVINE, LES PITEUX ÉMIGRAIENT VERS D'AUTRES CONTINENTS. C'ÉTAIT AU TEMPS DU TURC DONT LA SOIF SANGUINAIRE, DES MAUX ET DES FLÉAUX SOUVENT PLUS MEURTRIÈRE, RÉPANDAIT LA TERREUR PARMI LES OPPRIMÉS. ET DEPUIS, DISPERSÉS AUX QUATRE COINS DU MONDE, DE LA PATRIE EN DEUIL LES ENFANTS BIEN-AIMÉS, ILS PORTENT DANS LE COEUR LA NOSTALGIE PROFONDE DU PAYS QUI VIT NAÎTRE ET GRANDIR LEURS GRANDS-PÈRES, PAR LE DESTIN CRUEL JADIS DÉRACINÉS, ET L'ESPOIR DU RETOUR, AU BERCEAU DE LEURS PÈRES, POUR LEURS FILLES ET FILS : ENFANTS DES ÉMIGRÉS ! P.S. LA NATIONALITÉ LIBANAISE À TOUS LES ÉMIGRÉS DE QUELLE GÉNÉRATION QUE CE SOIT !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 17, le 23 mai 2015

  • C'est beau !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 22, le 23 mai 2015

  • Le Libanais n'émigre pas, il s'absente !

    Un Libanais

    15 h 39, le 23 mai 2015

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