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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Sept semaines « catastrophiques » pour le Yémen

 

« Avec ou sans cessez-le-feu, nous continuerons »


À l'est de Sanaa, des enfants déplacés ont reçu des vivres de l'Unicef. Photo AFP

 

Sept semaines après le lancement de l'opération « Tempête de la fermeté », « déclenchée par l'Arabie saoudite et une coalition d'une dizaine de pays arabes sunnites, dont les membres du Conseil de coopération du Golfe, une trêve de cinq jours a enfin pris effet le 12 mai au soir ». Une pause humanitaire réclamée à cor et à cris par les différentes ONG sur place, qui n'eurent de cesse de dénoncer une situation des plus « catastrophiques ».

Contacté par L'Orient-Le Jour, Adnan Hizam, coordinateur de projet communication au CICR, basé à Sanaa, rapporte que l'organisation invite toutes les parties à respecter le cessez-le-feu afin que l'aide puisse être acheminée et que « les gens aient enfin un véritable répit après 49 jours de combats incessants ».
Au moins 1 578 personnes ont été tuées et 6 504 blessées, selon un dernier bilan établi au 9 mai et communiqué hier par l'Organisation mondiale de la santé. Le conflit a en outre aggravé la situation humanitaire dans ce pays, où 12 millions de personnes sont en insécurité alimentaire. M. Hizam explique que pendant les six dernières semaines d'attaques aériennes intenses et de combats entre factions armées au sol, le CICR a livré des équipements médicaux aux hôpitaux et a reconstruit autant que possible les structures d'eau endommagées. « Avec ou sans cessez-le feu, nous continuerons notre mission, sans mettre nos équipes en danger et en venant en aide aux populations de manière totalement impartiale », ajoute l'humanitaire. Pris au piège, les habitants de Sanaa restent cloîtrés chez eux. Mais selon lui, certains de ses collègues yéménites « ont exhorté leurs familles et voisins de quitter Sanaa pour se réfugier dans leurs villages ».

Au sud du pays, à Aden, la situation est encore plus « critique ». Fort heureusement, une cargaison de matériels médical et chirurgical, « qui permettront de traiter plus de 700 personnes », est attendue dans les prochains jours dans le port de la ville. De son côté, Médecins sans frontières (MSF) veut « profiter de la trêve qui semble effective » pour élargir ses interventions dans le pays, a déclaré hier à l'AFP sa représentante au Yémen, Marie-Élisabeth Ingres. Mais cette trêve de cinq jours n'est « pas suffisante eu égard aux besoins de la population », a-t-elle ajouté, en indiquant qu'un avion affrété par MSF et transportant notamment du personnel médical était attendu hier et un deuxième devra suivre aujourd'hui.

 

(Lire aussi: L'opération au Yémen a empêché un complot contre la sécurité régionale, estime Riyad)

 

 

Le patrimoine culturel yéménite est-il en péril ?

 


Sanaa bombardée. Mohammad Huwais/AFP


En pilonnant le Yémen, la coalition arabe a inévitablement détruit des bâtiments historiques dans plusieurs régions du pays. Selon le dernier rapport de l'Unesco, les bombardements massifs survenus la veille de la trêve tant espérée ont causé de « sérieux dégâts » dans la vieille ville de la capitale yéménite, Sanaa, classée au patrimoine mondial de l'humanité. D'autres sites culturels significatifs auraient également été endommagés. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a déclaré être « affligée par les nouvelles concernant des raids aériens sur des zones très peuplées, comme les villes de Sanaa et Saada ». « En plus de causer une souffrance humaine épouvantable, ces attaques détruisent l'héritage culturel unique du Yémen, qui est le dépôt de l'identité, de l'histoire et de la mémoire, et un témoignage exceptionnel des réalisations de la civilisation islamique », explique-t-elle. Condamnant fermement ces destructions, Mme Bokova « appelle toutes les parties en présence à tenir le patrimoine culturel hors de portée des conflits ».

Ainsi, selon l'Unesco, la ville historique de Saada, fief des rebelles houthis dans le Nord et le site archéologique de la ville fortifiée préislamique de Baraqish (Nord-Ouest), ont fait les frais d'une guerre sans merci entre la coalition arabe, menée par l'Arabie saoudite, et les miliciens chiites. Pour Christian Robin, chercheur au CNRS contacté par L'Orient-Le Jour, certaines craintes seraient « fondées » et « d'autres non ».
« Je ne pense pas qu'il y ait une réelle volonté de bombarder des sites antiques. La seule exception est la ville de Saada, ville sainte et berceau du zaydisme, se trouvant à 100 km de la frontière avec l'Arabie saoudite » explique-t-il, ajoutant qu'il est fort probable que « des mosquées anciennes ont été, par conséquent, détruites ». Concernant le site antique de Baraqish, M. Robin émet cependant certains doutes. Selon lui, il semble peu probable qu'« un camp d'entraînement soit installé non loin ou que des miliciens s'y cachent, car ce sont de véritables ruines sur un terrain abrupt ».
Cependant, certains sites archéologiques ou bâtiments anciens à dimension politique pourraient-ils être ciblés par les avions de la coalition arabe ? Pour le chercheur, « la question du patrimoine est importante pour les Saoudiens. Ceux-ci protègent les sites antiques qui font l'objet de nombreuses restaurations. Les autorités de ce pays, avec lesquelles je suis en relation, sont très respectueuses et soucieuses de préserver leur héritage culturel, donc je ne pense pas qu'il y ait une quelconque volonté de détruire le patrimoine yéménite ».

Lamya Khalidi, chercheuse au CNRS, a travaillé 8 ans au Yémen et ne peut que déplorer cette situation désastreuse pour toute une population, qui met également à mal des années de restauration des différents sites historiques. « Les Yéménites sont très impliqués dans la conservation de leur patrimoine. Les universités de Sanaa et de Aden enseignent l'archéologie. Un peu avant 2011, plus de 20 projets archéologiques étaient codirigés par des Yéménites », rapporte-t-elle. Plus de 300 Yéménites ont été formés à la technique traditionnelle du bâti. « C'est un peuple très investi, depuis plus de trois générations, dans la sauvegarde des monuments historiques, et j'espère qu'il n'y aura pas davantage de dégâts », conclut Mme. Khalidi. Pour l'heure, il semble difficile d'établir un constat précis des dommages étant donné la situation précaire dans laquelle le pays est plongé et le départ de la majorité des archéologues étrangers.

 

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PARLER DES CONSÉQUENCES SANS ÉNUMÉRER LEURS CAUSES... ENCORE FRAICHES... DE LA MAINMISE SUR TOUTES LES INSTITUTIONS DU PAYS PAR UNE MILICE AU SERVICE D'UN PAYS ÉTRANGER... FAUSSE TOUTE LA DONNE ET SON ANALYSE !!! LA TEMPÊTE DE LA FERMETÉ FUT LA RÉPONSE À LA TEMPÊTE DE LA DESTRUCTION DÉCLENCHÉE PAR LA MILICE HOUTIENNE ET PAR LE PARAVENT SALEH !!!

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 43, le 14 mai 2015

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Commentaires (1)

  • PARLER DES CONSÉQUENCES SANS ÉNUMÉRER LEURS CAUSES... ENCORE FRAICHES... DE LA MAINMISE SUR TOUTES LES INSTITUTIONS DU PAYS PAR UNE MILICE AU SERVICE D'UN PAYS ÉTRANGER... FAUSSE TOUTE LA DONNE ET SON ANALYSE !!! LA TEMPÊTE DE LA FERMETÉ FUT LA RÉPONSE À LA TEMPÊTE DE LA DESTRUCTION DÉCLENCHÉE PAR LA MILICE HOUTIENNE ET PAR LE PARAVENT SALEH !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 43, le 14 mai 2015

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