Des milliers d'Iraniens ont manifesté vendredi contre les raids de l'Arabie saoudite au Yémen, criant "Mort à la famille saoudienne" régnante et prédisant la défaite prochaine du nouveau pouvoir saoudien avec qui les relations ne cessent de se détériorer.
L'Iran est fermement opposé à l'intervention militaire au Yémen de la coalition rassemblée par Riyad contre la rébellion chiite houthie, à qui Téhéran est accusé d'apporter un soutien logistique et militaire.
Mais la République islamique, accusée par les Saoudiens d'avoir des ambitions hégémoniques dans la région, dément toute ingérence et affirme n'envoyer que de l'aide humanitaire à la population.
A Téhéran, plusieurs milliers de personnes ont défilé aux cris de "Mort à l'Amérique", "Mort à Israël" ou encore "Mort à la famille al-Saoud", dynastie dirigeant le royaume saoudien.
Certains brandissaient des pancartes sur lesquelles était inscrit "De Gaza au Yémen, arrêtez de tuer les enfants", alors que le conflit yéménite a fait plus de 1.400 morts et plus de 6.000 blessés depuis la mi-mars, selon l'Onu. La coalition arabe a annoncé le 21 avril la fin de la phase intensive de son opération "Tempête de la fermeté", lancée le 26 mars, mais les raids restent quotidiens sur les positions des rebelles.
Une effigie du roi Salmane d'Arabie saoudite, intronisé en janvier, a également été exhibée, tenant dans une main un drapeau américain et dans l'autre un drapeau israélien.
Les États-Unis, dont le chef de la diplomatie John Kerry était à Riyad jeudi pour parler du Yémen, soutiennent la coalition tout en s'inquiétant "sérieusement" du sort de la population civile, et souhaitant un cessez-le-feu humanitaire.
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"Le même chemin que Saddam"
D'autres rassemblements, à l'appel des autorités iraniennes, ont eu lieu dans les principales villes du pays, selon les médias.
A Zanjan (nord-ouest), les manifestants ont dénoncé "les crimes du régime saoudien meurtrier", tandis qu'à Mashhad (nord-est) ils lançaient "La famille saoudienne commet des crimes, les États-Unis la soutiennent". "Le monde doit savoir que le Yémen n'est pas seul", criait la foule à Bandar-Abbas (sud).
Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, l'amiral Ali Shamkhani, a pour sa part promis la fin brutale de la monarchie saoudienne, affirmant que "le chemin pris par la famille régnante en Arabie saoudite est celui qu'a pris Saddam" Hussein, l'ancien dictateur irakien.
L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite avaient tenté un timide rapprochement après l'élection en juin 2013 du président iranien Hassan Rohani, un religieux modéré. Mais cette tentative a fait long-feu alors que les deux puissances régionales s'opposent sur différents conflits au Moyen-Orient.
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En Syrie, l'Iran est l'allié du président Bachar el-Assad, alors que Riyad soutient l'opposition au régime. A Bahreïn, Téhéran dénonce la répression de la contestation lancée en 2011 par la majorité chiite contre la dynastie sunnite régnante, soutenue par Riyad.
En avril, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'en était pris directement au nouveau pouvoir saoudien, sans nommer le roi Salmane ni son entourage, en dénonçant le "côté sauvage" de "quelques jeunes inexpérimentés" en politique étrangère. Ces déclarations avaient marqué un changement de ton du côté iranien, qui avait jusque là tenté de préserver les liens fragiles avec le poids lourd sunnite.
Vendredi, la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham, a de nouveau rejeté les accusations saoudiennes d'ingérence dans le conflit yéménite. Elle a dénoncé Ryad et ses alliés arabes qui ont "virtuellement pris en otage" le pays en instaurant un blocus terrestre, maritime et aérien, alors qu'un navire du Croissant rouge iranien doit quitter samedi l'Iran pour le Yémen avec un chargement de 2.500 tonnes d'aide humanitaire.
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commentaires (7)
Ils peuvent vociférer, mais "Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées".
Christine KHALIL
13 h 09, le 09 mai 2015