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Lifestyle - Papilles

Anissa Hélou libre jusque dans ses cuisines

Photo Peter Cook

Charismatique et indépendante, le visage serein, la mèche blanche bouclée, Anissa Hélou a commencé à écrire des livres de cuisine au début des années quatre-vingt-dix. Aujourd'hui, l'auteure, blogueuse et consultante, née à Beyrouth de père syrien et de mère libanaise, est célèbre dans le mode entier, de Londres à New York, en passant par Abou Dhabi et Istanbul. Elle a figuré en 2013 parmi les 500 Arabes les plus influents et les 100 femmes arabes les plus puissantes du monde. C'est un peu une reconnaissance pour cette enfant rebelle qui avoue avoir grandi en lisant les existentialistes français et son auteure préférée, Simone de Beauvoir.
Quand Anissa Hélou achève ses études scolaires au début des années soixante-dix, elle refuse de s'inscrire à l'Université américaine de Beyrouth, tenant tête à son père et ne pensant qu'à partir à l'étranger. Elle décroche rapidement un job d'hôtesse de l'air à la Middle East Airlines et déchante aussi rapidement... Ce métier ne lui plaît pas. En 1973, elle s'envole pour Londres pour y suivre des cours de décoration. (Re)désenchantement. Elle suit un cours d'art auprès de Sotheby's. Le groupe lui propose alors une collaboration qui va durer quelques années, avant que cette femme libre ne s'installe à Paris où elle ouvre une boutique spécialisée dans la vente de meubles et de pièces d'art du XIXe siècle. L'entreprise ne marche pas trop, elle sera consultante en art jusqu'à la guerre du Golfe. « J'ai quitté Sotheby's pour travailler à mon compte, par souci d'indépendance. À l'époque, le monde de l'art et des enchères était différent, moins orienté vers l'argent, plus sérieux pour les collectionneurs », explique-t-elle.
C'est dans ces années-là qu'elle se lance dans la cuisine, par un pur hasard. Alors qu'elle se préparait à écrire un livre sur les collectionneurs d'art, elle réalise qu'il n'existait pas d'ouvrages faciles sur la cuisine libanaise, qui mettent, en plus, l'accent sur l'importance sociologique et historique des plats libanais. « Certes, il y avait la bible culinaire de Rayess, mais il fallait un livre pour les personnes comme moi, originaires du Moyen-Orient, qui vivent en Occident ou qui n'ont ni la patience ni le temps de préparer des choses trop compliquées. Je me suis donc attelée à la rédaction quand mon agent m'a informée qu'un éditeur est déjà prêt à publier le livre. Il m'a fallu six mois pour rédiger la proposition et deux ans pour terminer le livre, en amenant ma mère du Liban pour m'aider avec les recettes!» indique-t-elle, confiant qu'elle n'a jamais imaginé que l'écriture culinaire serait aussi difficile.
La publication est un véritable succès. Anissa Hélou change encore une fois et en toute liberté de vie, vend ses collections, déménage dans un loft, y aménage une importante cuisine et se lance dans le travail. Elle qui se mettait rarement aux fourneaux simplement pour, dit-elle, revendiquer une égalité entre les sexes... Elle se révèle pourtant une excellente cuisinière. Elle a d'ailleurs de qui tenir : sa mère, sa grand-mère ainsi que sa tante paternelle, chez qui elle passait les vacances en Syrie. «Elle faisait tout chez elle, du pain au beurre, à la confiture. Elle habitait à la campagne et plantait ses fruits, légumes et grains... Elle faisait sécher ses propres fruits et légumes, préparait le Malban avec le jus de ses propres raisins. Le lait venait de ses vaches.» Nostalgique de son enfance, les souvenirs de tous ces moments privilégiés ne l'ont jamais quittée.
Anissa Hélou a à son actif huit livres sur la cuisine levantine. Fidèle à son passé de collectionneuse d'art, elle a amassé 2000 livres de cuisine et s'intéresse de plus en plus à la cuisine du Japon. Elle s'est trouvé un nouveau hobby qui est la photographie et s'amuse à publier ses photos sur son compte Instagram. Indépendante, certes, ayant vécu plusieurs vies professionnelles, elle semble être arrivée à bon port. «J'adorerais faire du cinéma, mais je pense que je n'ai plus la patience d'apprendre un nouveau métier », avoue-t-elle.
Prochainement, elle quittera Londres pour s'installer en Sicile, dans une maison en voie de construction. « L'île est très proche de mes deux pays, le Liban et la Syrie, du point de vue paysage, ingrédients culinaires saisonniers, gentillesse et accueil de ses habitants... Mais en Sicile, il n'y a ni le risque d'une guerre civile ni l'arrivée de l'État islamique», souligne-t-elle en conclusion.

Vous pouvez la suivre sur son site Web www.anissas.com ainsi que sur Instagram et Twitter @anissahelou

 

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