Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Papilles

Charlie Otero met Garcia Marquez dans un plat

Charlie Otero, l'un des meilleurs chefs cuisiniers colombiens de sa génération, s'inspire parfois des romans de Gabriel Garcia Marquez pour créer des plats inattendus. De passage au Liban, invité dans le cadre des Journées de gastronomie colombienne dédiées au Prix Nobel de littérature 1982, il en a profité pour concocter un dîner durant lequel les invités ont pu découvrir les saveurs de son pays, et donner deux journées de séminaires à l'école hôtelière de l'Usek. Sa tournée dans la région a englobé le Maroc et l'Algérie. Même s'il cherche ses mots en anglais, qu'il a besoin d'un traducteur pour faire parvenir son idée, Charlie Otero, le sourire éclatant, transmet facilement ses émotions. La joie émane de son visage quand il égrène ses souvenirs, accumulés au cours de ses voyages en Colombie, mais ses yeux se perdent un instant quand il évoque sa grand-mère qui commence à perdre la mémoire.
Le chef, qui possède un restaurant à Carthagène baptisé La Communion, n'a pas eu un parcours commun. Diplômé en pâtisserie et confiserie de l'Université de Munich en Allemagne, il rentre chez lui après avoir sillonné pendant 4 ans les villages, même les plus reculés, de son pays, les mains pleines de recettes régionales et de produits utilisés couramment dans la cuisine colombienne, parmi lesquels le manioc, le maïs et la banane. « Ma grand-mère m'a toujours dit que c'est dans les maisons, ces lieux intimes qui baignent dans l'amour, et non au restaurant, que l'on mange le mieux. Je suis donc parti de village en village, frappant aux portes des habitants pour apprendre et amasser des recettes et surtout manger avec eux », confie-t-il, avant de partager un souvenir marquant de son long périple : « En arrivant dans une localité, j'avais demandé, comme d'habitude, à rencontrer les meilleures cuisinières. On m'a indiqué une femme qui commençait à développer la maladie d'Alzheimer. Sa fille était d'abord réticente, mais la dame m'a rassuré en me disant : "Je vais essayer, tu seras ma mémoire." Tout s'est très bien passé... Aujourd'hui, j'essaie d'être la mémoire de ma grand-mère qui elle aussi commence à souffrir de la même maladie. »
Son ouvrage préféré de Gabriel Garcia Marquez, affectueusement surnommé Gabo par ses compatriotes, reste Cent ans de solitude. Il s'en est inspiré pour créer quelques plats, dont un qu'il a baptisé « Rebecca Buendia », la fille adoptive d'Ursula et de José Arcadio Buendia, la mangeuse de chaux et de terre dans le roman. « C'est un dessert à base de mousse de café et de confiture de lait. » Un autre, baptisé « 53 ans, 7 mois et 11 jours avec leurs nuits », évoque le temps qu'a passé Florentino Ariza à attendre Fermina Daza dans le fameux L'amour aux temps du choléra. Le plat est préparé avec de la kebbé et des falafel libanais, décorés de roses jaunes. Pas étonnant, les ingrédients et les mets de notre cuisine font partie de la tradition culinaire colombienne, les premiers émigrants les ayant rapportés vers leurs pays d'accueil.
Ce ne sont pas seulement les personnages et les situations des romans de Gabriel Garcia Marquez qui inspirent le chef, mais aussi les lieux que l'auteur a habités, notamment le lycée de Zipaquirá où il a poursuivi ses études. Charlie Otero a inventé un plat de truites aux herbes et aux pistaches. En hommage aux émigrants de Barranquilla, ville qui a accueilli les premiers Libanais de Colombie et où Gabo a passé une importante partie de sa vie, il a imaginé une recette à base de viande d'agneau et de poulet.
Au fil de la dégustation, la découverte des talents du jeune chef se fait en même temps que l'on réussit à avoir un goût – un vrai – des romans et de la vie du plus grand auteur colombien. Un goût recherché, qui s'imprime dans nos mémoires gustatives.

Charlie Otero, l'un des meilleurs chefs cuisiniers colombiens de sa génération, s'inspire parfois des romans de Gabriel Garcia Marquez pour créer des plats inattendus. De passage au Liban, invité dans le cadre des Journées de gastronomie colombienne dédiées au Prix Nobel de littérature 1982, il en a profité pour concocter un dîner durant lequel les invités ont pu découvrir les saveurs...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut