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Liban - Journées Liban-UE

Sans réforme législative, la liberté d’expression restera très bancale

Des experts libanais ont débattu au Biel de la situation des droits de l'homme au pays du Cèdre.

« Le Liban est l'un des rares pays de la région où l'on peut exprimer librement son opinion. Mais les observateurs considèrent qu'il peut quand même mieux faire. » Margaret Jacob, membre de la Délégation européenne à Beyrouth et conseillère spécialisée des problématiques politiques et des droits de l'homme, introduit ainsi le débat consacré aux droits de l'homme et à la liberté d'expression, organisé au Biel dans le cadre des travaux de la deuxième Journée de la coopération UE-Liban.
Sous sa houlette, quatre juristes et activistes engagés dans des associations ont ainsi débattu de la liberté d'expression, au cours de ces deux jours dédiés aux programmes financés au Liban par l'Union européenne et les États membres.
Ayman Mehanna, directeur exécutif de la Fondation Samir Kassir, a déploré la « culture d'impunité » dont bénéficient selon lui ceux qui s'attaquent à la presse. « Il n'existe aucune mesure de protection des journalistes. Certains endroits au Liban sont même des " no-go zones " pour les reporters », a-t-il déclaré, appuyé en cela par Roula Mikhaël. La journaliste et directrice exécutive de la fondation Maharat a ainsi évoqué les cas récents de plusieurs journalistes victimes de violence alors qu'ils exerçaient leur profession en enquêtant sur la corruption, au sein du corps judiciaire notamment. Roula Mikhaël a poursuivi son intervention en parlant de sa fondation qui lutte pour la liberté d'expression au Liban et qui s'intéresse également aux journalistes de la région. « Nous montons une initiative de capacité pour venir en aide aux 330 journalistes emprisonnés au Moyen-Orient », a-t-elle expliqué.
La protection juridique de la liberté d'expression a été longuement débattue par les participants et a fait l'objet de nombreuses questions de l'assistance, majoritairement engagée dans le monde associatif ou dans le corps professoral. Joe Karam, avocat et président de l'ordre des avocats de Beyrouth, a évoqué la question de l'indépendance du juge, chargé de juger les journalistes entre autres. À partir de l'exemple du magistrat qui avait été chargé de l'affaire de la fermeture de la MTV pendant l'occupation syrienne et qui avait été remplacé juste après son jugement, l'avocat a expliqué le principe d'inamovibilité du juge.
Tout comme Nizar Saghieh (avocat, activiste et fondateur de The Legal Agenda), Joe Karam a critiqué le système législatif libanais et ses « lois qui, parce qu'elles ne sont pas claires, poussent à interpréter les textes ». M. Mehanna a renchéri en déclarant que « le système législatif très ancien, pour ce qui se rapporte à Internet, empêche les juges et les forces de l'ordre de l'interpréter avec pertinence ». « Le pouvoir judiciaire doit garantir la possibilité de critiquer les hommes au pouvoir », a assené Nizar Saghieh. Mais le changement sera long : M. Mehanna évalue à sept le nombre d'années nécessaire pour doter le Liban d'un nouvel arsenal législatif, en raison de la division politique du pays.
Cette division est devenue une composante essentielle du Liban, qui se traduit, selon M. Saghieh, par une « polarisation des médias depuis 2005. Les personnes qui ont gagné la guerre ont gagné les chaînes télévisées et se les sont partagées », déplore-t-il. Et de conclure : « Il faut réformer ce secteur et la loi sur les médias pour supprimer les licences accordées aux chaînes de télévision », tout en reconnaissant que cela posera un problème de financement de ces médias.

« Le Liban est l'un des rares pays de la région où l'on peut exprimer librement son opinion. Mais les observateurs considèrent qu'il peut quand même mieux faire. » Margaret Jacob, membre de la Délégation européenne à Beyrouth et conseillère spécialisée des problématiques politiques et des droits de l'homme, introduit ainsi le débat consacré aux droits de l'homme et à la...

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