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Liban - Liberté d’expression sur Internet

Le Liban en huitième place dans le monde arabe

« Leur liberté, leur droit », une campagne lancée par Maharat et l'ANHRI pour projeter la lumière sur 350 cas de prisonniers d'opinion dans le monde arabe.

Mahmoud Mohammad Ahmad : égyptien, 19 ans, en détention provisoire en Égypte depuis le 25 janvier 2014. Il a été arrêté par la police au nord du Caire, le jour de la commémoration du troisième anniversaire de la révolution du 25 janvier 2011, parce qu'il avait imprimé sur sa chemise le slogan « Une patrie sans torture » et sur son écharpe l'inscription du 25 janvier.
« Accusé d'allégeance aux Frères musulmans – un prétexte commun aux arrestations et aux tortures en Égypte –, il subit en prison la torture qu'il a voulu dénoncer » : c'est ainsi que Jamal Eid, directeur exécutif du Réseau arabe des informations sur les droits de l'homme (ANHRI) – ONG basée au Caire –, et Roula Mikhaïl, directrice de l'association libanaise Maharat présentent « le prisonnier d'opinion du mois de mai », le premier des 350 prisonniers d'opinion repérés dans le monde arabe (le chiffre réel est plus important). Ceux-ci doivent faire l'objet d'une campagne baptisée « leur liberté, leur droit » (le hashtag sur Twitter est en arabe). Cette campagne, à laquelle est associé le réseau Ifex, une autre ONG des droits de l'homme, vise à faire bouger l'opinion des citoyens et internautes arabes sur les cas de prévenus oubliés dans les geôles, victimes de répressions violentes d'opinions exprimées pacifiquement, dans l'espace public, pour la démocratie. La lumière sera projetée sur le cas d'un prisonnier chaque mois.

Le lancement de cette campagne à partir de Beyrouth coïncide avec la publication, par l'ANHRI, de son cinquième rapport visant à évaluer le degré de liberté d'Internet dans le monde arabe (à partir de la mi-2012). Le rapport indique en chiffres la masse croissante des internautes arabes (58 millions d'utilisateurs en 2009, 157 millions aujourd'hui), à laquelle fait face, à contre-courant, un contrôle étroit des autorités sur cet espace propice aux idées réformistes.
« La répression est proportionnelle à la résistance qu'on lui oppose », souligne le directeur exécutif de l'ANHRI, Jamal Eid, dans l'introduction du rapport. La résistance est donc manifeste, mais la répression est de plus en plus pernicieuse (par exemple l'article 31 de la nouvelle Constitution de l'Égypte donne le feu vert au contrôle d'Internet par les autorités).

 

(Pour mémoire : Interpellé pour un commentaire sur Facebook : quand la censure libanaise débarque sur Internet)


Néanmoins, le rapport fait remarquer que le degré de liberté sur la Toile fait l'objet de fluctuations, en cette période de transition régionale, où se prépare, peut-être, « un nouveau soulèvement arabe ». À titre d'exemple, le Koweït constituait un modèle de respect de la liberté de la presse parmi les pays du Golfe, mais fait désormais partie des États ayant à leur actif le plus grand nombre de poursuites contre les utilisateurs de Twitter, selon le rapport.
Afin de cerner ces variations d'une manière scientifique, il propose un classement des pays arabes, selon un « indice de la liberté sur Internet », calculé à partir de dix critères : les prix de service d'Internet, l'infrastructure des télécommunications, l'adéquation des lois aux critères fondamentaux de la liberté d'expression, le respect de la liberté d'expression et de l'information, la suppression des sites électroniques, les arrestations de ceux qui expriment leurs opinions sur la Toile, la nature, civile ou pénale, des procès dans les affaires de liberté d'opinion, le degré de protection des données personnelles des usagers, l'appui à l'expression et au contenu en langue arabe, l'engagement positif à faciliter l'accès global à Internet.

En tête du classement, la Tunisie détient l'indice le plus élevé (75/100) : alors qu'elle « concurrençait l'Arabie saoudite dans son hostilité à l'égard d'Internet, sous la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali (...), elle est aujourd'hui la seule à se démarquer de la méthode de répression de la liberté d'expression présente dans tous les autres pays arabes ». Elle est suivie, dans le classement, par la Palestine (70/100), la Libye (65), le Maghreb, la Jordanie et l'Irak (60). Le Soudan et l'Arabie saoudite enregistrent l'indice le plus bas (25). Au milieu de l'échelle, le Liban se situe à la huitième place, partageant un indice de 55/100 avec l'Égypte, la Mauritanie et le Yémen.

 

(Lire aussi : Une ligne directe pour venir en aide aux internautes libanais confrontés à la censure)

 

Recul du Liban
À travers ce classement, le Liban marque « un recul », souligne le rapport, dont l'étude sur ce pays a été élaborée en coopération avec Maharat. Ce recul est d'abord lié à l'extrême lenteur des services d'Internet, qu'« aucun projet gouvernemental n'est en vue pour y remédier », note le rapport.
Alors que la qualité des services Internet ne sont pas forcément des indicateurs d'une volonté répressive (le rapport souligne ainsi que « l'Arabie saoudite connaît un profond contraste entre l'optimisation de la qualité de l'infrastructure des télécommunications, d'une part, et les limitations imposées au contenu de ce qui est véhiculé sur la Toile de l'autre »), la lenteur des téléchargements, par exemple, dont pâtissent les Libanais amortit, en pratique, leur interaction avec la Toile.

Si, par ailleurs, le Liban a pu résister, en 2012, à l'adoption d'une loi incitant les propriétaires de sites électroniques à s'enregistrer auprès du ministère de l'Information, il reste que le manque de textes de lois, sinon de décrets d'application des lois existantes (la loi de 2002 sur la régulation des télécommunications ou la loi 140 portant sur le secret du contenu des communications), élargissent la marge de manœuvre de la principale Autorité de régulation en la matière : le bureau de lutte contre les crimes cybernétiques. Le rapport énumère les internautes, journalistes ou blogueurs, convoqués depuis 2012 par le bureau (Jean Assi, Imad Bazzi, Rita Kamel, Gino Raidy, Rabih Farran et Karim Hawa) pour divers motifs liés à la libre expression.

 

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