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À La Une - Liban

Nasrallah : Il est temps pour les Arabes et les musulmans de dire aux Saoudiens que "ça suffit !"

"Nous ne voulons pas transporter le conflit yéménite au Liban. Que chacun de nous affiche ses positions, mais dans la limite de la morale", "conseille" le chef du Hezbollah à "certains Libanais".

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans un discours télévisé, vendredi, lors d'un rassemblement en soutien au peuple yéménite. Capture d'écran de la chaîne al-Manar.

Dans un discours télévisé prononcé lors d'un rassemblement dans la banlieue sud de Beyrouth en solidarité avec le peuple yéménite, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a de nouveau condamné ce qu'il a qualifié d''"agression" saoudo-américaine, assurant qu'"aucune menace ne l'empêchera de soutenir ce peuple résistant".

L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition arabe, mène depuis plusieurs semaines des frappes aériennes au Yémen contre les rebelles houthis chiites qui tentent de renverser le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Le Hezbollah, qui appuie les Houthis, a à plusieurs reprises fustigé l'"agression" contre le Yémen. Le parti chiite ainsi que les Gardiens de la révolution iranienne sont en outre accusés d'intervenir militairement aux côtés des rebelles chiites au Yémen.

Dans un entretien accordé la semaine dernière à la chaîne syrienne al-Ikhbariya, Hassan Nasrallah a promis à Riyad une défaite cuisante au Yémen, "qui aura des répercussions sur la famille Saoud". Ces critiques virulentes du chef du parti chiite lui ont valu une réponse de l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Beyrouth, Ali Awad Assiri, qui a estimé que "le Yémen ne concerne nullement le Hezbollah". "Le Hezbollah devrait se trouver dans son propre pays et non pas au Yémen, a déclaré l'ambassadeur au quotidien as-Safir paru mercredi. A mon avis, l'intervention du Hezbollah au Yémen, comme le rapportent les médias, et son soutien aux Houthis, est inacceptable".


Certificat en matière d'islam et d'arabité
Dans son discours vendredi, Hassan Nasrallah a estimé que le but de l'opération militaire est de soumettre le peuple yéménite à l'hégémonie saoudienne.  "Ils disent que c'est la guerre des Arabes. Mais les pays arabes ont-ils chargé l'Arabie de mener cette agression?", a demandé Hassan Nasrallah. Assurant que le Yémen, avant l'islam, était la civilisation des Arabes, il a lancé : "Si les Yéménites n'étaient pas Arabes, qui sont les Arabes?" Et de marteler : "Le peuple yéménite n'a pas besoin de certificat en matière d'islam et d'arabité. C'est celui qui agresse aujourd'hui ce peuple qui devrait en avoir".

Selon le chef du Hezbollah, le conflit au Yémen n'est pas un conflit sunnito-chiite, mais une guerre à visées politiques". "L'Arabie est menacée, certes, mais pas par le Yémen comme elle le prétend, a poursuivi Hassan Nasrallah. Le royaume est menacé d'abord par Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) ensuite, de l'intérieur, par la pensée wahhabite". Il a dans ce contexte accusé les partisans du roi Abdel Aziz al-Saoud d'avoir détruit tous les vestiges archéologiques islamiques dans la Médine.


Les Yéménites sortiront vainqueurs
"Défend-on le Yémen en imposant un blocus sur son peuple, en l'affamant et en massacrant des femmes et des enfants"?, a martelé le chef du parti chiite. Comparant "La tempête de la fermeté" à l'offensive menée par Israël contre le Liban en juillet 2006, il a déclaré : "Comme nous en 2006, les Yéménites sortiront vainqueurs".

Selon Hassan Nasrallah, la guerre a jusqu'à ce jour échoué à faire revenir le président yéménite, assurant qu'"aucune +taswiya+ (accord) ne ramènera Abd Rabbo Mansour Hadi au Yémen". Et de déclarer, sur un ton ironique : "Riez avec moi : Khaled Bahah (le Premier ministre et vice-président yéménite) exhorte l'armée saoudienne à ne pas mener une offensive terrestre au Yémen".

Hassan Nasrallah, qui a salué le chef des rebelles chiites yéménites, Abdel Malek al-Houthi, a également assuré que l'agression aérienne saoudienne "n'a pas abouti" et qu"elle arrive "à sa fin, en attendant l'offensive terrestre qui, elle, coûte cher et sera également vouée à l'échec". Et d'indiquer : "L'Arabie doit admettre que l'horizon militaire est bouché et que la majorité des pays du monde appellent à une solution politique au Yémen".

S'adressant à ceux qui défendent l'Arabie au Liban, Hassan Nasrallah a déclaré : "A l'occasion du 40e anniversaire de la guerre libanaise, je ne vais pas discuter de ce que +le royaume de la bonté+ a présenté au Liban durant cette guerre, jusqu'à juillet 2006".

Et de marteler : "Où seraient les églises et les mosquées au Liban si el-Qaëda en Syrie avait triomphé en Syrie? Je remercie la Syrie qui n'a pas baissé les bras et qui ne s'est pas soumise à la pensée takfiriste".

Accusant le royaume saoudien d'exporter la pensée terroriste, Hassan Nasrallah a lancé : "Il est temps pour les Arabes et les musulmans de dire à l'Arabie que ça suffit !". Selon lui, l'intérêt des peuples de la région suppose de "mettre l'argent saoudien de côté et de dire ça suffit". Il a dans ce contexte indiqué que l'Iran a toujours prôné le dialogue avec l'Arabie saoudite, qui le refuse.

 

"Ne faites pas la même erreur"
L'opération militaire de la coalition arabo-sunnite contre les Houthis a aiguisé les tensions entre ses partisans et ses détracteurs au Liban. La polémique s'amplifie à un point tel qu'elle risque, si elle poursuit cette courbe ascendante, de compromettre le dialogue entamé depuis plusieurs mois entre le courant du Futur et le Hezbollah et de faire voler en éclats la trêve politique sunnito-chiite, instituée à la faveur de ce dialogue.

Dans ce contexte, Hassan Nasrallah a terminé son intervention sur "un conseil à certains Libanais", leur demandant "de rester calmes". "Ils ont misé sur la chute du régime syrien et ils misent de nouveau aujourd'hui sur une victoire au Yémen. A ceux-là, je dis : ne faites pas la même erreur", a-t-il martelé. Et de conclure : "Nous ne voulons pas transporter le conflit yéménite au Liban. Que chacun de nous affiche ses positions, mais dans la limite de la morale". 


Mardi, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, l'un des trois représentants du courant du Futur au dialogue, a fait une véritable apologie de l'Arabie saoudite, et de l'Egypte corollairement, sous l'angle de l'allégeance à l'arabité. "Beyrouth, ainsi que Riyad, Le Caire, Amman, Abou Dhabi, Doha, Amman, Koweït City, Casablanca, Manama, Khartoum et beaucoup d'autres vivent l'époque du renouveau arabe, couronné par le royaume de Salmane ben Abdel Aziz, et orné par l'Egypte (...). Il n'y a pas de renaissance arabe sans l'Egypte et sans l'Arabie, sans lesquelles l'équilibre régional ne peut être rétabli. Ces deux pays sont les plus concernés, et les seuls capables de mettre un terme à la tempête de l'illusion iranienne, par leur tempête de la fermeté", a-t-il déclaré.

Le ministre du Futur a ainsi pointé du doigt, à plusieurs reprises, et nommément, la politique iranienne dans la région, tout en attaquant, mais sans le nommer, le secrétaire général du Hezbollah. "Nous avons entendu, il y a quelques jours, des propos promettant d'infliger à l'Arabie une défaite cuisante et de lui faire mordre la poussière. Depuis Beyrouth, cette capitale qui a souffert de l'auteur de ses propos et de son école, autant qu'elle a souffert d'Israël (...), je dis que ceux qui mordront la poussière sont ceux qui manient la culture de l'agression, de l'élimination, de la falsification des volontés et de l'atteinte aux légitimités (...). Je dis en toute conscience tranquille que la tempête de la fermeté, menée par l'Arabie saoudite, libérera toute la région arabe des germes de l'emprise iranienne sur la dignité et le choix de ses peuples", a-t-il déclaré.

En réponse à ce discours, le Hezbollah a publié un communiqué pour dénoncer "une campagne menée par les cadres du Futur contre l'Iran, sur la base de fausses allégations, qui n'ont pour objectif que de servir des agendas arabes et étrangers".

 

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Dans un discours télévisé prononcé lors d'un rassemblement dans la banlieue sud de Beyrouth en solidarité avec le peuple yéménite, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a de nouveau condamné ce qu'il a qualifié d''"agression" saoudo-américaine, assurant qu'"aucune menace ne l'empêchera de soutenir ce peuple résistant".
L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition...

commentaires (5)

Ilest temps pour les arabes et les libanais de dire à l'Iran et au Hezbollah: "Ça suffit!"

Yves Prevost

06 h 36, le 18 avril 2015

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Commentaires (5)

  • Ilest temps pour les arabes et les libanais de dire à l'Iran et au Hezbollah: "Ça suffit!"

    Yves Prevost

    06 h 36, le 18 avril 2015

  • circulez, il n'y a rien à voir

    FAKHOURI

    00 h 58, le 18 avril 2015

  • Triste de voir toujours le Liban payer les pots cassés.

    Sabbagha Antoine

    00 h 04, le 18 avril 2015

  • UN DISCOURS QUI N'AURAIT JAMAIS DÛ ÊTRE PRONONCÉ... LE CHAMEAU AUX DEUX BOSSES NE VOIT QUE LA PETITE BOSSE DU DROMADAIRE... çA NE VAUT PAS LA PEINE DE L'ANALYSER NI DE LE COMMENTER... PAUVRE LIBAN, ON TE DÉTRUIT CHAQUE JOUR DAVANTAGE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 48, le 17 avril 2015

  • conclusion divine ...., Les arabes et les musulmans ne sont pas saoudiens....! la guerre ne fait que commencer semble t'il......

    M.V.

    19 h 30, le 17 avril 2015

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