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Liban - L’éclairage

À travers le Hezbollah, une escalade de Téhéran pour améliorer ses conditions de négociations sur le nucléaire

À peine la dixième séance de dialogue, marquée par une atmosphère de calme en dépit des positions en flèche des deux parties concernant le Yémen, venait-elle de se terminer mardi que le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, se lançait, dans le cadre d'un hommage qui lui était rendu par les habitants de Beyrouth, dans une diatribe virulente contre l'Iran, en réponse aux attaques de Téhéran contre l'Arabie saoudite. Le même soir, le bloc du Futur avait fait paraître un communiqué pour répondre à la campagne du Hezbollah contre Riyad, utilisant des termes peu familiers à la rhétorique haririenne. Tout cela avait poussé le bureau d'information du Hezbollah à revenir à la charge et s'en prendre aux pôles du Futur. Nombre d'observateurs s'attendent à ce que, dans la foulée de ces développements, le secrétaire général du Hezbollah hausse le ton ce soir dans son discours pour initier à son tour une attaque contre l'Arabie et ses alliés au Liban.

Cependant, en dépit de cette joute verbale particulièrement violente, des sources proches des deux parties, notamment de Aïn el-Tiné, soulignent que le dialogue se poursuit entre elles. Le ministre Ali Hassan Khalil, représentant du président de la Chambre aux séances, a ainsi souligné la nécessité de publier un communiqué à l'issue du 10e round de concertations, pour confirmer que l'étude des questions d'ordre sécuritaire irait de l'avant. Selon des milieux politiques bien informés, « les pourparlers entre le Hezbollah et le Futur se font à titre préventif et dans la nécessité, afin de préserver la stabilité, dans la mesure où les deux parties ont intérêt à maintenir le dialogue, même s'il fait du surplace ». Nabih Berry déploie en effet tous ses efforts, selon ces sources, pour tenter de calmer le ton du discours politique et revenir à plus de souplesse dans les prises de position respectives sur la question du Yémen, d'autant que même les responsables iraniens et saoudiens adoptent actuellement un langage moins vif et plus mesuré, en dépit de la crise. Certains milieux diplomatiques se demandent ainsi quelles sont les raisons qui expliquent cette escalade subite et quel est l'intérêt du Liban de se retrouver plongé dans la guerre yéménite. Au lieu de se divertir avec des dossiers externes, estiment ces sources, les leaders libanais ne feraient-ils pas mieux d'accélérer la tenue de l'échéance présidentielle, sans attendre des décisions de l'extérieur dans ce domaine ?

Pour les milieux du 14 Mars, l'implication du Hezbollah dans les guerres voisines et dans un projet régional aux dépens de l'intérêt national contribue à plonger le Liban tête baissée dans les confrontations. Aussi le Liban doit-il se distancier de ces crises et s'engager à respecter la politique gouvernementale adoptée par le Premier ministre Tammam Salam, avec l'accord de toutes les composantes présentes au sein du cabinet, le Hezbollah inclus. Un député du 14 Mars indique ainsi que son camp n'a jamais cautionné la participation du Hezbollah à la guerre syrienne et n'a jamais assuré de couverture à ce dernier en dépit des nombreuses justifications apportées par Hassan Nasrallah à son équipée syrienne (protection des lieux saints chiites, guerre préventive contre Daech et consorts pour endiguer leur progrès et les empêcher d'arriver au Liban, etc.), qui n'ont jamais convaincu quiconque. Aussi le 14 Mars n'a-t-il eu de cesse de critiquer l'intervention du Hezb en terre syrienne : comment, dès lors, pourrait-il cautionner la participation du Hezbollah à la guerre au Yémen et en Irak ? Les actes du Hezbollah prouvent que ce dernier est un bataillon des pasdarans et qu'il est sous les ordres du wali el-faqih. Hassan Nasrallah avait d'ailleurs lui-même affirmé « s'enorgueillir d'être un soldat du wilayat el-faqih ».

(Lire aussi : L'inhumation du cheikh houthi dans la banlieue sud, un « message politique » du Hezbollah à Riyad)

 

Comportement paradoxal
Selon un leader libanais, le Hezbollah est actuellement en train de mettre en application un agenda perse, non arabe, sur base de sa relation avec le directoire iranien. Il est donc tenu de suivre minutieusement les directives qui lui commandent actuellement de mener les campagnes les plus violentes contre l'Arabie saoudite, surtout depuis le début de l'opération « Tempête de la fermeté », et au lendemain de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Onu de la résolution 2216. Dans sa campagne contre Riyad, le Hezbollah n'a pas pris en considération les répercussions qui pourraient viser les ressortissants libanais qui travaillent dans les pays du Golfe. De plus, quel intérêt le Liban a-t-il à s'en prendre à un pays qui vient d'octroyer un don de quatre milliards de dollars pour armer la troupe et qui soutient toujours le Liban tout entier, et pas un seul groupe, selon ce qu'affirme un ministre ?

Le Hezbollah a rejeté la déclaration de Baabda élaborée par Michel Sleiman, après avoir donné son accord sur le document à la table de dialogue. L'initiative de l'ancien chef d'État était une preuve de clairvoyance, visant à empêcher le Liban, à titre préventif, de sombrer dans le brasier syrien et d'en subir les conséquences. Le parti chiite a refusé la politique de distanciation, s'obstinant à maintenir ses liens avec l'Iran au détriment de l'intérêt libanais. Sa participation aux combats au Yémen et en Irak n'a aucune autre explication, mis à part la mise en application du projet régional de Téhéran. C'est en tout cas ce que pense un député du 14 Mars, qui s'étonne du fait que le Hezb ait abandonné le triptyque « armée-peuple-résistance » pour les beaux yeux de l'Iran, et qui s'attend à ce que dans les prochains mois qui nous séparent de l'accord final sur le nucléaire, Téhéran ait recours à l'escalade générale pour améliorer ses conditions de négociations, de sorte que l'Occident accepte son statut de nouveau mentor du Moyen-Orient. Or pour les milieux diplomatiques, ce comportement paradoxal – celui de négocier un accord d'une part en exportant de l'autre sa révolution sur tous les fronts – est une preuve de confusion de la part de Téhéran, qui est appelé par la communauté internationale à changer de comportement.

Il reste que la tension persistera, en attendant que les efforts conjoints menés par les capitales de décision débouchent sur un dégel saoudo-iranien, sur fond de règlement politique au Yémen, après la mise au pas du danger houthi. Un diplomate se demande d'ailleurs pourquoi le Hezbollah et le Futur, s'ils souhaitent réellement dialoguer, ne s'empressent pas de mettre en application le plan sécuritaire à Beyrouth et dans la banlieue sud, de manière à immuniser la scène locale et à ramasser les armes qui sévissent sous le label des Brigades de la résistance ? Une telle mesure ne serait-elle pas le meilleur critère pour déterminer quel est le degré réel de l'attachement respectif de chacune des parties au dialogue ?

 

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commentaires (4)

Heheheh Mr Abi akl vous avez mis le doigt ou sa fait mal !! Svp n'oublier pas le Yémen l'Iran voulais avoir le Yémen pour avoir une meilleure position en négociation mais VOILA KE l'Arabie saoudite la mère des arabes a intervenue pour stopper net l'Iran imperialiste d'où les attaque virulante contre celle ci

Bery tus

16 h 48, le 17 avril 2015

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Commentaires (4)

  • Heheheh Mr Abi akl vous avez mis le doigt ou sa fait mal !! Svp n'oublier pas le Yémen l'Iran voulais avoir le Yémen pour avoir une meilleure position en négociation mais VOILA KE l'Arabie saoudite la mère des arabes a intervenue pour stopper net l'Iran imperialiste d'où les attaque virulante contre celle ci

    Bery tus

    16 h 48, le 17 avril 2015

  • Tant que les resistants du hezb resistant auront les moyens de leur politique de resistance face aux milices salafobacteriennes des bensaouds qui agissent pour le compte des laches bensaouds qui n'osent pas intervenir directement comme ils le font a Bahrein et au yemen pour ne pas exposer leurs derrieres en flamme , il ne pourra pas y etre envisage une paix a la sauce sion/occicon/bensaoudo bla bla bla .......

    FRIK-A-FRAK

    12 h 18, le 17 avril 2015

  • LA LÂCHETÉ VEUT QU'ON UTILISE LES AUTRES... LÀ Où ON A PEUR DE S'IMMISCER DIRECTEMENT... POUR GARDER SON DERRIÈRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 14, le 17 avril 2015

  • Tant que le parti Perse aura des armes entre les mains et continuera de se présenter comme étant sujet du Wilaya el Fakih et non du Liban, la tension perdurera et le spectre d'une nouvelle guerre civile persistera. La remise des armes a l’armée et le respect de la constitution sont le début de la solution.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 53, le 17 avril 2015

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