Rafic Hariri avait été informé de plusieurs tentatives d'assassinat par le Hezbollah contre sa personne, a déclaré, mardi matin, l'ex-chef de gouvernement libanais Fouad Siniora, qui témoignait pour le deuxième jour consécutif en sa qualité de témoin politique devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) jugeant les assassins de l'ancien Premier ministre libanais.
"Un jour, Hariri m'a dit : tu sais Fouad, on a découvert à maintes reprises des tentatives d'assassinats contre moi de la part du Hezbollah", a dit M. Siniora à la cour. "Ces déclarations m'ont surpris. Il y a eu un lourd silence. Par la suite, je ne lui ai plus jamais posé de question à ce sujet", a-t-il poursuivi.
"Vous souvenez-vous du moment où Hariri vous a confié cela?", lui a demandé la défense. "Fin 2003 ou début 2004, mais ni avant ni après", a répondu M. Siniora.
Par ailleurs, lors de son témoignage M. Siniora a affirmé que les visites de Hariri à l’étranger "provoquaient des réserves chez certains". "Certains poussaient le pays vers l'avenir et d'autres faisaient en sorte que le pays reste sous contrôle des services syriens et c'est la situation avec laquelle Hariri a dû vivre pendant environ 20 ans", a déclaré M. Siniora. "Après chaque voyage à l'étranger, Hariri disait +Que Dieu nous vienne en aide lorsque l'on rentrera à Beyrouth+", a-t-il également dit.
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Plusieurs vidéos et images de Hariri en compagnie de personnalités politiques internationales ont été montrées à la Cour. L'on voit notamment Hariri en compagnie de Madeleine Albright, l'ex-secrétaire d’État américaine. "Hariri avait la capacité de parler avec tout responsable. Grâce à sa personnalité charismatique, il pouvait attirer l'attention de tous les responsables", a affirmé M. Siniora.
L'après-midi, M. Siniora a affirmé avoir été personnellement intimidé par les services de sécurité libanais sous la tutelle syrienne. "J'ai moi-même été victime d'intimidations lorsqu'en 1993, les services de sécurité libanais ont envahi le ministère des Finances (qu'il occupait)", a confié M. Siniora.
En 1998 également, "on m'a accusé à tort pour me jeter en prison. C'est ce qui a été appelé à l'époque l'affaire de l'usine d'incinération de Bourj Hammoud. Voilà deux exemples d'actes d'intimidations menés par les services de sécurité libanais de l'époque, soutenus par leurs homologues syriens".
Lors de son témoignage lundi, M. Siniora a passé en revue la relation tumultueuse entre le Liban et la Syrie durant les années 90. Il a également évoqué la vision économique d'un Rafic Hariri libéral, déterminé à pousser le Liban vers l'avant, par le biais de la croissance économique, du développement et de l'éducation.
Avant Fouad Siniora, Ghazi Youssef, député et ami proche de Rafic Hariri, Abdelatif Chamaa, ami personnel et bras droit de l'ancien chef du gouvernement, ainsi que les anciens députés Salim Diab et Ghattas Khoury avaient témoigné. Le premier responsable politique libanais à avoir apporté son témoignage était l'ancien ministre Marwan Hamadé.
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commentaires (5)
Clair, net et précis. Merci, Monsignore Sanioûrâ au grand cœur !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
10 h 09, le 26 mars 2015