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Liban - Santé publique

Un service pédiatrique, prochainement, à l’Hôpital gouvernemental de Beyrouth-Quarantaine

« Aucun enfant ne doit mourir faute de soins. » Partant de ce principe, l'association Assameh, financée par la Fondation Carlos Slim et de nombreux donateurs, s'engage dans les soins aux enfants démunis et aux prématurés.

L’Hôpital gouvernemental de Beyrouth-Quarantaine, délaissé par l’État. Photo Anne-Marie el-Hage

Les bâtiments sans charme aux façades blanches éculées portent encore les traces de la guerre civile de 1975. Les deux étages supérieurs sont condamnés. Seule une partie du rez-de-chaussée est praticable et opérationnelle. On y traite des cas de tuberculose, notamment. Des opérations chirurgicales bénignes y sont pratiquées. Des travailleurs et travailleuses migrants y font les tests médicaux préalables à l'obtention d'un permis de travail. C'est aussi là que sont distribués les médicaments pour les prématurés et pour le cancer.
Dans une salle d'attente morne, quelques patients attendent leur tour, certains pour une consultation médicale, d'autres pour des examens de routine. Elle s'ouvre sur une aile d'une capacité de 26 lits tout au plus, où sont hospitalisés des malades. Un bien faible volume pour le seul hôpital public de la région, l'Hôpital gouvernemental de Beyrouth-Quarantaine, qui dessert les quartiers de La Quarantaine, Bourj-Hammoud, Nabaa, Dora et Sin el-Fil, avec une population de près de 300 000 personnes, dont une grande partie de déshérités.
Le temps est révolu où l'institution, forte de ses 210 lits, de ses 75 médecins résidents, de sa centaine de médecins réservistes et de son service d'urgence, recevait des malades de l'ensemble du pays et des étudiants des grandes universités locales. Une période que sœur Aline, directrice et gardienne des lieux depuis 42 ans, évoque avec nostalgie. Quasiment ignoré des autorités, assurant du mieux qu'il le peut les salaires de son personnel avec les rentrées des consultations privées, l'Hôpital gouvernemental de Beyrouth-Quarantaine fonctionne avec les moyens du bord. « Parfois, nous n'avons même pas d'oxygène »,
déplore-t-elle. Il n'y a pas non plus d'aspirateur ni d'appareil pour mesurer les gaz du sang. Quant à la seule ambulance, elle est clouée au sol faute de budget. « Pour transporter un malade, je préfère appeler les pompiers ou la Croix-Rouge, cela me coûte moins cher », reconnaît la religieuse.

Des travaux en cours
Cette réalité est en passe de changer d'ici à trois mois. Après avoir vu son bloc opératoire refait à neuf et rééquipé par la Fondation al-Walid ben Talal, l'institution s'apprête à se doter d'une aile pédiatrique de 30 lits, aménagée, gérée et financée par une nouvelle association baptisée Assameh (Association d'aide à la mère et l'enfant à l'hôpital). Elle portera le nom de Centre Carlos Slim pour l'enfance. Les travaux d'agrandissement du pavillon sont en cours depuis quelques mois déjà.
Outre l'unité de soins intensifs néonatale de 8 incubateurs, le service sera doté d'une unité de soins intermédiaires néonatale de 8 couveuses, d'une unité de réanimation pédiatrique de 4 lits et d'un service de pédiatrie de 5 chambres à deux lits. Sa vocation première sera donc d'accueillir les prématurés. Le taux de naissances prématurées représenterait 12 % des accouchements. Une salle d'obstétrique est opérationnelle, après avoir été aménagée. Elle peut déjà accueillir jusqu'à trois nourrissons.
« Aucun enfant ne doit mourir faute de soins. » Partant de ce leimotiv, l'association Assameh a été créée par les médecins de l'Hôpital Saint-Georges, sous la présidence du professeur Robert Sacy, ancien chef de département de pédiatrie à l'Hôpital Saint-Georges. « Seul un hôpital gouvernemental parfaitement équipé est à même de recevoir les milliers d'enfants qui sont refusés par les hôpitaux privés et qui risquent de mourir faute de soins. À la condition qu'il soit, évidemment, bien géré », estime le pédiatre. Il constate à ce propos que « les hôpitaux privés n'admettent les enfants aux frais du ministère de la Santé qu'au compte-gouttes, faute de place ou de budget ». Autre argument de taille, « toutes les régions du Liban sont en manque de services de réanimation pédiatrique et de réanimation néonatale spécialisée », note l'ancien président de la Société libanaise de pédiatrie. « Le nouveau service a donc pour vocation d'accueillir les enfants de tout le pays, de 0 à 14 ans, parmi lesquels les enfants syriens et palestiniens dans le besoin », assure le médecin. Il précise à ce propos que les patients couverts par le ministère de la Santé ne paient que 5 % de la facture d'hôpital.

Un projet de plus d'un million et demi de dollars
Pour monter ce projet, l'association a reçu des donations de 1 500 000 dollars, de fondations ou de donateurs privés. Son principal donateur, la Fondation Carlos Slim, a financé la construction et l'aménagement du service de pédiatrie à hauteur de 1 250 000 dollars. Les chambres des patients porteront les noms des autres donateurs, parmi lesquels la Fondation Give a Child a Toy, qui a apporté une contribution de 120 000 dollars, pour ne citer que ces deux donateurs. Un jardin sera également aménagé à l'intention des enfants hospitalisés. « Ces fonds sont loin d'être suffisants. Ils permettront toutefois de démarrer le projet avant une prochaine levée de fonds », note le Pr Sacy.
Afin de permettre à l'association de mener à bien sa mission, un protocole d'accord a été signé entre les trois partenaires, le ministère de la Santé, l'Hôpital de La Quarantaine et l'association Assameh. Cette dernière prendra en charge la gestion du département sur une période de 10 ans. Le ministère de la Santé consacrera 750 millions de LL aux salaires du personnel de l'hôpital. De plus, le support médical académique et la supervision du personnel soignant (infirmières, résidents, médecins et stagiaires) seront assurés par l'Hôpital Saint-Georges et par la faculté de médecine de l'Université de Balamand.
Il reste aujourd'hui à assurer les fonds manquants, notamment les 40 000 dollars nécessaires pour que démarre le service pédiatrique. « Nous espérons que votre solidarité permettra à Assameh de soigner tous les enfants malades, afin qu'au Liban et au XXIe siècle, aucun enfant ne meure plus faute de soins », conclut le Pr Sacy, dans un appel aux donateurs.
Pour plus de renseignements, contacter le Pr Robert Sacy au +961 3 201455 ou par courriel à l'adresse robertgsacy@gmail.com

Pour vos donations
Banque : BankMed
Client : Assameh
Branche : Hazmieh
Swift code : MEDLLBBX
Numéro de compte : 0240046381600
IBAN : LB08. 0022 0000 2400 4638 1600.

 

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