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Économie - Liban - Social

Le Casino du Liban renonce à un quart des licenciements prévus

Le conseil d'administration a approuvé hier un plan social largement remanié par rapport à celui qui avait été annoncé en janvier dernier. Une stratégie a également été adoptée pour « redorer le blason » de l'établissement.

Malgré les conditions proposées par la direction, très avantageuses par rapport à ce que prévoit le droit du travail, le syndicat affiche sa déception.

Après avoir chargé une commission d'éplucher les dossiers de près de 200 employés, le conseil d'administration du Casino du Liban a tranché : 114 salariés seront définitivement licenciés, 47 réintégreront leur fonction et une trentaine devront se présenter devant une commission médicale. « On a réparé les injustices faites à certains salariés », s'est félicité Georges Nakhlé, l'un des deux membres du conseil qui avaient brièvement démissionné le mois dernier. Ils avaient voulu manifester leur désaccord avec la décision de remercier 191 salariés, dont la plupart avaient été recrutés par les canaux clientélistes, et ne venaient pas ou peu au Casino.
Soutenus par un mouvement de protestation des employés et l'intervention de plusieurs partis politiques, ils avaient obtenu la création d'une commission pour réexaminer leurs dossiers. « On ne pouvait pas jeter les gens à la rue sans étudier leur situation au cas par cas. La commission a défini des critères sur la base desquels certains employés ont été réintégrés », a-t-il expliqué à L'Orient-Le Jour. Pour les personnes souffrant d'un handicap ou d'une maladie de longue durée en particulier, la commission médicale devra déterminer s'ils ont encore la capacité de travailler, auquel cas ils seront réintégrés. Sinon, le Casino prendra en charge leurs soins médicaux.
Dans les cas où plusieurs membres d'une même famille risquaient le renvoi, la commission a proposé de réintégrer le membre le plus productif, pour ne pas priver le foyer de la totalité de ses revenus. « Pour les autres, la commission a privilégié les salariés qui ont la volonté et la capacité de travailler s'ils sont correctement encadrés, car on ne peut pas leur faire porter l'entière responsabilité d'un laxisme toléré par la direction », poursuit M. Nakhlé.

 

Déception du syndicat
Le président du syndicat des employés du jeu, lui, est sceptique. « Ceux qui ont été réintégrés ne valent pas mieux que ceux qui ne l'ont pas été. La sélection s'est faite sur un critère politique », proteste Jacques Khoueiri. Un groupe de salariés licenciés a organisé un sit-in hier au Casino sans pour autant en bloquer l'accès. Mais le véritable motif d'insatisfaction du syndicat est le montant des indemnités proposées. À l'origine, la direction avait prévu des indemnisations, en fonction de l'expérience, de 12 à 36 mois de salaires, avec une enveloppe totale de 11 millions de dollars. Mais sous la pression, la direction a finalement consenti des indemnités pouvant aller jusqu'à 60 mois. Le plafond des indemnités a été fixé à 250 000 dollars par employé, contre 200 000 initialement. « Nous n'avons pas encore le montant total des indemnités puisqu'il dépendra des 30 cas renvoyés devant la commission médicale, mais il est certain que cela va coûter beaucoup plus cher que prévu », souligne Georges Nakhlé. Et ce, malgré les économies réalisées par ailleurs. La commission a en effet identifié, parmi les salariés qui devaient être renvoyés, sept personnes à quelques mois de la retraite. « En leur proposant des départs anticipés, on économise plus d'un million de dollars », précise Georges Nakhlé.


En dépit des conditions proposées, très avantageuses par rapport à ce que prévoit le droit du travail libanais, le syndicat affiche sa déception. « Ce n'est pas ce que nous a promis le gouverneur Riad Salamé, affirme Jacque Khoueiri. Nous voulions que les employés reçoivent une somme forfaitaire de 150 000, 200 000 ou 250 000 dollars selon leur profil. »
Mais le conseil d'administration assure qu'il n'ira pas plus loin. « Nous ne pouvons vraiment pas faire mieux. Ceux qui ne sont pas satisfaits peuvent se pourvoir en justice, ils obtiendront au mieux des indemnités équivalentes à 12 mois de salaire », répond George Nakhlé.


Malgré son coût, le plan de licenciement est jugé nécessaire par la direction sachant que ses marges de manœuvre vont se réduire. En échange du monopole des jeux sur tout le territoire libanais octroyé jusqu'en 2025, l'État prélève 40 % par an des revenus annuels du Casino (sans compter l'impôt de 15 % sur les bénéfices). Or le niveau de ce prélèvement devrait être relevé à 50 % en 2017. « Il ne suffit pas de réduire les coûts, souligne toutefois Georges Nakhlé. Il faut améliorer la gestion et mettre en œuvre la stratégie que nous avons adoptée. Elle prévoit l'achat de nouveau jeux, l'ouverture de nouvelles salles, le renforcement de la restauration... et d'autres projets pour redorer le blason du Casino du Liban. » Selon lui, les premiers résultats de cette stratégie devraient être visibles dans six mois.

 

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