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Liban - Reportage

Windy approche alors que les séquelles de Yohan sont encore visibles

Sur la corniche de Beyrouth, nombreuses sont les institutions touristiques qui portent les cicatrices de la tempête qui a frappé le Liban la semaine dernière.

Les dégâts sont bien visibles dans le port de Dalyeh, des bateaux échoués, des filets déchiquetés, des équipements détruits sont sur le quai.

La terrasse du restaurant Le Pêcheur à Aïn Mreïssé est totalement dévastée : ni le plancher en bois ni la toiture en fer n'ont pu résister à des vents dépassant les 100 kilomètres/heure et des vagues de plusieurs mètres de haut. Certains des rochers marins sur lesquels est installée la terrasse ont même été poussés par l'eau vers l'intérieur de la structure. Un peu plus loin, à Manara, le Palace Café a été carrément inondé, ses terrasses et son aire de jeux entièrement dévastées. L'eau salée a même endommagé des réfrigérateurs en cuisine, située pourtant au fond du café.


À Raouché, au Café Rawda, un lieu emblématique de Beyrouth, on a déjà dû réinstaller les vitres de la terrasse fermée, qui avaient toutes volé en éclats en raison de la violence des vagues. À plusieurs endroits, des traces de réparation des structures en fer sont bien visibles. Au Long Beach tout proche, comme au Sporting Club, c'est la dévastation la plus totale. Dans le premier, les dalles des terrasses ont été arrachées, d'énormes rochers marins ont été projetés vers les piscines plusieurs mètres plus loin, une terrasse en béton s'est littéralement effritée. Au Sporting, un mur a été brisé en deux, le béton est fissuré partout, d'énormes cratères ont été creusés par la force des vagues. Toutes les structures, restaurants, piscines, cabines, sont dévastées. Même spectacle au Riviera où un brise-lames de six mètres de haut n'a pu protéger la plage, résultant en des vitres brisées et en meubles et installations diverses détruits.

 

(Voir aussi: Yohan balaie le Liban : les images)


Une semaine après le passage de Yohan, alors que le Liban s'apprête à subir une nouvelle tempête, surnommée Windy cette fois, peu d'institutions touchées ont déjà commencé les réparations. Windy promet des vents frôlant les 90 kilomètres/heure, des orages, de la neige et un froid intense, à partir de ce soir. Autant dire que les risques sont loin d'être passés pour les structures en bord de mer, surtout dans le secteur de Ras Beyrouth, le point le plus exposé aux vagues puissantes.


En attendant Windy, donc, les conséquences de Yohan continuent à se faire sentir. « C'est la tempête la plus forte que nous ayons connue depuis plus de trente ans, souligne Walid Abou Nassar, propriétaire du Sporting, qui estime ses pertes à quelque 400 000 dollars. Nous avons commencé les réparations urgentes parce que nous ne pouvons décevoir nos habitués, qui seront là aux premiers rayons de soleil. »
Au Long Beach, Ziad Rifaï, propriétaire, assure que l'ampleur des dégâts (qui s'élèveraient chez lui à près de 200 000 dollars) s'explique aussi par deux tornades qui ont tout raflé sur leur passage. À la question de savoir si de tels événements climatiques extrêmes lui semblaient plus fréquents que par le passé, il répond que des tornades ont bien frappé le littoral libanais, dont une, particulièrement dévastatrice, en 1985.
« Des vagues monstres. » C'est par ces termes que Bassam Bou Sleiman, directeur général adjoint du Riviera, qualifie les vagues qui ont dépassé le brise-lames pour atteindre les structures intérieures, en nous montrant une vidéo de ce spectacle. « Des dégâts importants avaient été occasionnés sur la plage en 2010, mais rien à comparer avec ce que nous venons de vivre », ajoute-t-il, estimant que les dégâts, non encore chiffrés, pourraient s'élever à des centaines de milliers de dollars.

 

(Lire aussi: Yohan « le destructeur » plonge les Libanais dans le noir)

 

Double désespoir à Dalyeh
Toutes les personnes interrogées doutent fort que le gouvernement ne les indemnise de quelque façon que ce soit. « Un policier est venu inspecter les lieux, mais aucun signe des ministères concernés », affirme Ahmad Assem, propriétaire du restaurant touché à Aïn Mreïssé, qui estime ses pertes à quelque 30 000 dollars. Au Café Rawda, Randa Chatila garde le sourire. « Ce n'est pas la première fois que nous sommes affectés, même si c'est la pire, dit-elle. Après tout, le gouvernement ne peut pas indemniser tout le monde. »
Mais si les institutions touristiques peuvent se relever d'un tel désastre, le cas des pêcheurs est autrement plus poignant. À Dalyeh, port de pêche de Raouché, les barques sont toutes à terre. Ou du moins ce qu'il en reste, quelques-unes ayant été totalement détruites par la folie des vagues. « Regardez le brise-lames qui protégeait notre port, il a été totalement détruit, affirme Amer Mahfouz, un pêcheur. Nous ne pouvons plus amarrer nos bateaux au port, ce qui signifie qu'ils restent à terre jusqu'à nouvel ordre. Plus de 150 pêcheurs perdent ainsi leur source de subsistance. »


Amer Mahfouz déplore que « le ministre des Travaux Ghazi Zeaïter ait fait la tournée des ports de pêche, en évitant celui-là ». « Ce port se trouve sur des biens-fonds maritimes, c'est donc le ministère qui doit donner l'ordre des travaux », explique-t-il. Il rappelle qu'un projet de réhabilitation du port de huit millions de dollars a été stoppé net, d'où les déficiences constatées aujourd'hui.
Le pêcheur semble en fait doublement inquiet. « Nous savons que cette négligence est liée au fait qu'un grand projet touristique menace de faire disparaître notre port, dit-il. Or nous n'avons nulle part où aller. Les autres ports de Beyrouth ne peuvent nous accueillir en si grand nombre. »


L'affaire de ce projet touristique soulève également la polémique auprès d'organisations de la société civile, rassemblées dans le cadre d'une Campagne civile pour la protection de Dalyeh. Ces militants dénoncent une mainmise sur une nouvelle parcelle du littoral libanais, une problématique de privatisation de la côte qui n'en finit pas d'alimenter les débats. Les dégâts occasionnés par les vagues et le risque lié au changement climatique, qui devrait, selon les scientifiques, provoquer une augmentation de la fréquence des événements extrêmes, ne devraient-ils pas pousser les autorités à repenser leur politique de gestion des biens-fonds maritimes ?

 

Pour mémoire

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La terrasse du restaurant Le Pêcheur à Aïn Mreïssé est totalement dévastée : ni le plancher en bois ni la toiture en fer n'ont pu résister à des vents dépassant les 100 kilomètres/heure et des vagues de plusieurs mètres de haut. Certains des rochers marins sur lesquels est installée la terrasse ont même été poussés par l'eau vers l'intérieur de la structure. Un peu plus loin,...
commentaires (3)

Tant que la propriété du Sporting est toujours contestée Walid Abou Nassar,n'est pas l'unique propriétaire .

Sabbagha Antoine

11 h 03, le 18 février 2015

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Commentaires (3)

  • Tant que la propriété du Sporting est toujours contestée Walid Abou Nassar,n'est pas l'unique propriétaire .

    Sabbagha Antoine

    11 h 03, le 18 février 2015

  • TRAÎTRES INTEMPÉRIES... TRAÎTRES TEMPÊTES QUI N'EMPORTENT PAS TOUS LES ABRUTIS DE L'HÉBÉTUDE... POUR NOUS EN DÉBARRASSER UNE FOIS POUR TOUTE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 10, le 18 février 2015

  • Et Yohan n'a pas emporté cette classe politique ?! Un échec total !

    Halim Abou Chacra

    06 h 11, le 18 février 2015

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