Rechercher
Rechercher

Liban - Climat

Yohan, ou la force dévastatrice des vents

Les pêcheurs ont été les grands sinistrés de la tempête qui s'est abattue hier sur le Liban.

La tempête Yohan a semé hier le chaos partout sur son passage, notamment sur le littoral. La force herculéenne du vent et des vagues a provoqué l’effondrement de pans de routes maritimes. Sur les hauteurs, à partir d’une altitude de 1 000 mètres, la tempête a drapé de blanc des villages du Akkar, de la Békaa, du Chouf et du Haut-Metn. Sur la photo, un selfie au milieu des éléments déchaînés. Photo Mohammad Azakir

« Cette tempête s'annonce effrayante », n'avaient pas manqué de répéter des citoyens en début de journée hier. Leur impression a été confortée par les ravages causés par la tempête Yohan, qui s'est abattue sur le pays, amenant des vents d'une vitesse impressionnante, avec des pointes de 100 km/h (voir la météo page 13). Aux quatre coins du pays, les effets de Yohan (zone de basse pression qui s'est mue en tempête) ont produit des images puissantes de montée des eaux, d'élévation et de fracassements de vagues, d'effondrement de routes, d'éboulements et de déracinements d'arbres et de panneaux publicitaires, jusqu'à l'arrachage de corniches et de remparts métalliques... Les photos les plus frappantes sont celles de l'effondrement intégral d'une tranche de dix mètres de la corniche reliant Jounieh à Dbayeh, qui a conduit à la fermeture de toute la route maritime dans les deux sens par les forces de l'ordre et l'ouverture d'une enquête sur l'affaire par le procureur général financier, le juge Ali Ibrahim. Dans un communiqué, les FSI ont expliqué que la circulation sur l'autoroute maritime Nahr el-Kalb-Dbayeh était menacée par les vagues déchaînées et les éboulements. À quelques mètres de la corniche, les vagues ont littéralement recouvert le yacht-club de La Marina, emportant avec elles un véhicule qui a atterri entre les bateaux amarrés. Le club de l'ATCL à Kaslik a également subi son lot de dégâts.

 

(Voir aussi: Yohan balaie le Liban : les images)


À Beyrouth, des dalles de la corniche de Aïn el-Mreissé ont été arrachées par les hautes vagues et propulsées sur l'asphalte inondé, tandis que certains passants s'aventuraient à prendre des photos, provoquant un embouteillage monstre.
Le long du littoral libanais, de Tripoli à Tyr, en passant par Batroun et Saïda, de nombreux bateaux de pêcheurs, qui avaient été mis en cale sèche par précaution, ont été malgré tout emportés par les vagues, avant de se fracasser sur les côtes. Les vagues ont pu atteindre une hauteur de huit mètres, provoquant de graves pertes matérielles aux pêcheurs, les grands sinistrés de la tempête. Des abris construits en bord de mer ont été détruits et de nombreux restaurants, notamment à Amchit et Jbeil, ont été inondés. Dans le camp de Aïn el-Heloué, un minaret a été emporté par la force des vents.

Neige aujourd'hui à partir de 900 mètres
En hauteur, des épaisseurs de neige ont bloqué les axes et drapé les collines de blanc. Les premières couches de neige étaient toutefois mêlées à une poussière de sable, teintant les flocons d'une couleur rougeâtre.
Dans la Békaa-Nord et à Baalbeck, où la tempête s'est intensifiée dans l'après-midi, la neige est tombée à partir de 1 000 mètres d'altitude. Au Akkar, la neige a couvert les villages à 1 200 mètres d'altitude.
Dès le matin hier, les routes de Zahlé-Tarchich, Aïnata el-Arz, Laklouk-Akoura, Kfardebian et Hadeth Baalbeck étaient bloquées, les précipitations ayant commencé dans la nuit de mardi à mercredi.
Au Sud, les villages de Chebaa, Kfarchouba et Kfarhamam ont été couverts par une épaisseur de neige variant de cinq à dix centimètres. Les axes reliant ces villages à Hasbaya et Rachaya Wadi ont été bloqués aux véhicules non munis de chaînes à neige. La Croix-Rouge est intervenue pour évacuer un bus transportant des écoliers qui s'est trouvé bloqué à Chebaa.
Les contrées enneigées ont toutes souffert de coupures prolongées du courant électrique, à cause de la rupture des câbles électriques emportés par le vent, notamment à Baalbeck et Hasbaya. Ces coupures ont aussi atteint Nabatiyeh et Koura. Les réseaux d'eau ont été endommagés à cause de la boue et des eaux de ruissellement, qui ont détérioré plusieurs champs agricoles, comme les champs de légumes dans les vallées de Hasbani, Mjeydiyé, el-Méri et Sardeh, mais aussi dans le Chouf et dans la région de Zahrani au Sud.
Des chutes de neige sont prévues aujourd'hui à partir de 900 mètres, voire 800 mètres d'altitude.
En soirée, les routes de Dahr el-Baïdar et de Kefraya-Barouk ont été bloquées, avant d'être ouvertes seulement aux véhicules munis de chaînes à neige.
Mais la neige a porté un nouveau coup aux réfugiés syriens, livrés au froid et au vent. Les tentes des réfugiés ont été emportées dans plusieurs régions, notamment la vallée de Ibl Saki.

Prévention
Les autorités se sont mobilisées pour limiter les dégâts et protéger la sécurité des citoyens.
Le mohafez du Nord, le juge Ramzi Nohra, a effectué une tournée d'inspection sur la corniche maritime du port de Tripoli, où il a évalué l'ampleur des dégâts causés notamment au niveau de la jetée du port des pêcheurs. « Ces dégâts ne sont pas énormes, puisqu'ils se sont limités à quelques arbres déracinés, des panneaux publicitaires arrachés, et des pierres et de la terre emportées par les pluies et qui se sont échouées sur l'axe principal de Mina », a-t-il constaté, contrairement à l'avis des pêcheurs. Il a assuré en tout cas que « toutes les forces compétentes sont mobilisées pour limiter les pertes ».
De son côté, le mohafez de Beyrouth, le juge Ziad Chebib, a inspecté les dégâts sur le front de mer de Beyrouth, donnant ses directives aux services de la municipalité et aux forces de l'ordre d'assurer la protection des citoyens, en leur interdisant notamment de se rapprocher du bord de mer pour prendre des photos.
Une tournée similaire a été effectuée par le caïmacam de Kesrouan-Ftouh, Joseph Mansour, dans le port de Jounieh.


Les Forces de sécurité intérieure ont appelé les citoyens à « suivre l'état des routes en montagne avant de les emprunter, et à équiper leurs pneus de chaînes métalliques en cas de besoin ». Le ministre des Télécommunications, Boutros Harb, a prescrit aux services et administrations de son ministère, ainsi qu'aux unités d'entretien relevant d'Ogero et des deux sociétés de téléphonie mobile, d'intervenir rapidement en cas de pannes au niveau des câbles et des réseaux sans fil, causées par la tempête.
La Défense civile a conseillé aux citoyens d'éviter de circuler pendant la tempête, y compris à Beyrouth, rappelant le numéro 175 de sa ligne d'urgence. Pour sa part, le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, a décidé hier que les écoles ne fermeront pas leurs portes aujourd'hui. Néanmoins, pour les établissements situés dans des zones à risque, le choix de fermeture a été laissé à la discrétion des directeurs. Ainsi par exemple, les écoles de Aley et du Haut Metn ne seront pas ouvertes aujourd'hui.

 

Pour mémoire

Troisième jour de tempête, Zina sévit dans toutes les régions

La tempête Alexa au Liban : les images

 

« Cette tempête s'annonce effrayante », n'avaient pas manqué de répéter des citoyens en début de journée hier. Leur impression a été confortée par les ravages causés par la tempête Yohan, qui s'est abattue sur le pays, amenant des vents d'une vitesse impressionnante, avec des pointes de 100 km/h (voir la météo page 13). Aux quatre coins du pays, les effets de Yohan...

commentaires (3)

YOHAN... PAS DE PROBLÈMES ! ATTENTION AU DAESCHAN...

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 56, le 13 février 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • YOHAN... PAS DE PROBLÈMES ! ATTENTION AU DAESCHAN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 56, le 13 février 2015

  • Je viens de lire que le caïmacam de Kesrouan-Ftouh a effectué une tournée d'inspection dans le PORT de Jounieh... C'est bien. Je suis Jouniote depuis 86 ans. Je connais bien la "baie" de Jounieh, jamais le "port" de Jounieh. Une baie n'a rien à voir avec un port. Qui dit port, dit infrastructures spécifiques : jetée, digue, quai, débarcadère, embarcadère, hangar, entrepôt... Nous n'avons rien de tout cela. La modestie est une qualité, la mégalomanie est un défaut.

    Un Libanais

    15 h 08, le 12 février 2015

  • "...tandis que certains passants s'aventuraient à prendre des photos, provoquant un embouteillage monstre..." encore et toujours l'immense bêtise et inconscience de certains ! Pour avoir des photos...se mettre en danger ainsi que ceux venus les secourir en cas de malheur...sans parler des embouteillages ! Comment leur injecter un peu d'intelligence, à ce genre d'écervelés ??? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 08, le 12 février 2015

Retour en haut