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À La Une - Syrie

Au-dessus de Kobané, le déluge de feu des bombardiers américains

Une fumée se dégage de Kobané à la suite d'une explosion le 18 octobre 2014. Photo AFP

Les pilotes américains appellent cela "faire Winchester": larguer toutes ses bombes en une mission. Ce n'était pas rare à Kobané en Syrie, ont raconté à l'AFP les pilotes de bombardiers B-1B engagés contre le groupe de l'Etat islamique. Les bombardements intenses, inédits depuis l'offensive américaine en Irak en 2003, ont aidé les forces kurdes à reprendre la ville frontalière avec la Turquie, que les jihadistes du groupe de l'Etat islamique étaient presque parvenus à contrôler en octobre.

"Quand on partait pour Kobané, on pouvait être quasiment certain de larguer une bombe", a expliqué le capitaine Todd Saksa, un officier d'armement de B-1B de 31 ans, interrogé depuis la base aérienne de Dyess (Texas) après son retour de six mois de mission au-dessus de l'Irak et de la Syrie.
"Personnellement j'ai fait Winchester trois fois", renchérit le major Brandon Miller, un pilote de 38 ans à qui cela n'était jamais arrivé lors de ses missions précédentes.

Lors des déploiements au-dessus de l'Afghanistan, l'escadron de Saksa et Miller, le 9ème escadron de bombardiers, larguait en moyenne 15 à 20 bombes en six mois. Mais à Kobané, les avions ont largué plus de 2.000 bombes, et touché plus de 1.700 cibles.


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Le B-1B "Lancer" (lancier), construit dans les années 1980 pour voler rapidement et bas dans l'espace aérien soviétique, a abattu une bonne partie du travail de la coalition aérienne contre l'EI à Kobané.
Contrairement aux avions de chasse, le bombardier, un quadriréacteur élancé, doté d'un équipage de quatre hommes, peut rester des heures à attendre près d'une cible. Il peut transporter à peu près deux douzaines de bombes, de formats variables.

En 6 mois, le B-1B a réalisé 18% de toutes les missions de bombardements contre l'EI, et 43% du tonnage total de munitions larguées en Syrie, Irak et Afghanistan, selon les militaires américains.

Un ravitaillement à mi-parcours

A l'origine, les hommes du 9ème escadron de bombardiers étaient arrivés au Moyen-Orient en juillet pour des missions au dessus de l'Afghanistan, impliquant rarement un bombardement. Mais par une nuit d'août, un B-1B s'est vu demandé d'attendre un peu sur la piste. Le commandement a ordonné à l'équipage de partir, non vers l'Afghanistan, mais vers le nord de l'Irak pour escorter des avions parachutant du matériel pour les Yazidis encerclés par l'EI sur le Mont Sinjar.
Et dès octobre, les bombardiers partaient fréquemment pour aider les Kurdes assiégés dans Kobané, restant huit heures en l'air, avec un ravitaillement en vol à mi-parcours. Les cibles étaient repérées soit par les équipages eux-même, soit par les forces kurdes. Les frappes devaient être validées par le QG des forces aériennes américaines au Qatar, un processus pouvant prendre jusqu'à 45 minutes.


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Les bombardiers étaient souvent rejoints par deux ou plus F-15 et F-16, assurant "une capacité aérienne au-dessus de Kobané quasiment 24 heures sur 24", selon le lieutenant-colonel Ed Sumangil, commandant du 9ème Bomb Squadron.
Du ciel, les aviateurs voyaient une vraie ligne de front à Kobané, avec "les bons d'un côté et l'EI de l'autre", une bataille conventionnelle sans civils à proximité, raconte le major Miller.
La ligne bougeait de jour en jour, parfois d'heure en heure. "Même dans une sortie de huit heures, il n'était pas inhabituel de voir cette ligne bouger", avec les Kurdes progressant de deux pâtés de maison, explique le major Miller.

A la fin de la mission en janvier, le paysage nocturne avait changé pour les aviateurs. "Deux des collines stratégiques de Kobane étaient éclairées", un "contraste frappant après des mois d'obscurité", explique le major Miller.

Avec la reconquête des Kurdes, les lumières commençaient à revenir dans la ville dévastée.


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