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À La Une - Repère

Le Liban et les Libanais dans l'affaire SwissLeaks

Dans l’enquête internationale visant la filiale suisse de la banque HSBC, certains noms ont été révélés.

Baptisée SwissLeaks, cette enquête, a été réalisée sur la base des fichiers de la banque HSBC Suisse, dont le siège est à Genève, et volés en 2007 par l'ancien informaticien franco-italien Hervé Falciani. AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD

La filiale suisse de la banque HSBC était lundi au centre d'un vaste scandale après que plusieurs journaux eurent assuré qu'elle avait aidé certains de ses clients, notamment de riches industriels et des personnalités politiques, à cacher des milliards de dollars pour leur éviter de payer des impôts. Cette enquête internationale, baptisée SwissLeaks, et à laquelle ont collaboré plus de 150 journalistes de 60 nationalités, a été réalisée sur la base des fichiers de la banque HSBC Suisse, dont le siège est à Genève, et volés en 2007 par l'ancien informaticien franco-italien Hervé Falciani.

Le journal français Le Monde a eu accès, par un informateur secret en janvier 2014, à des centaines de milliers de données à déchiffrer, fournissant des informations sur plus de 106 000 clients originaires d'environ 200 pays de la filiale suisse de HSBC. Le journal a mis les informations à la disposition du Consortium des journalistes d'investigation (ICIJ) à Washington, qui les a partagées avec plus de 50 autres médias internationaux, dont le Guardian au Royaume-Uni ou la Süddeutsche Zeitung en Allemagne.

Concrètement, selon Le Monde, entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007, quelque 180,6 milliards d'euros ont transité sur des comptes de la banque HSBC à Genève, dissimulés, entre autres, derrière des structures offshore au Panama et dans les îles Vierges britanniques. De nombreuses personnalités sont impliquées, explique Le Monde, qui juxtapose des profils illustrant les différents visages des clients.

 

(Lire aussi : Le secret bancaire se fissure face aux pressions politiques)

 

Des Libanais impliqués
Parmi ceux-ci se trouvent des Libanais : 2 998 clients enregistrés auprès de HSBC, dont 46% possèdent un passeport libanais ou détiennent la nationalité libanaise, peut-on lire sur le site du Consortium des journalistes d'investigation (ICIJ).

En terme d'avoirs totaux par pays, le Liban est en 12e position avec un total d'avoir de 4,82 milliards de dollars, selon Le Monde. En tête de ce classement, l'on trouve la Suisse, le Royaume Uni et le Venezuela.


Parmi les personnalités libanaises figurant dans les fichiers on trouve notamment :

- L'ancien ministre Élias el-Murr qui dirige la "Fondation d'Interpol pour un monde plus sûr". 

Sur le site du Consortium des journalistes d'investigation (ICIJ), il est indiqué que M. Murr disposait, en 2004, d'un compte à la HSBC via une compagnie appelée Callorford Investments Limited. En 2006-2007, 42 millions de dollars étaient sur ce compte, note l'ICIJ. Sur le site, il est indiqué qu'un porte-parole du M. Murr a souligné que les avoirs de la famille Murr étaient connus, et que cette famille dispose d'un compte en Suisse depuis bien avant la naissance d’Élias el-Murr. Le porte-parole souligne aussi que le compte n'a jamais été lié au rôle politique de M. Murr. "Il n'est pas illégal ou suspicieux qu'un ressortissant libanais ouvre un compte où qu'il le souhaite".

Le quotidien suisse Le Temps évoque, sans le nommer, "un ministre libanais" qui "devait se sentir comme chez lui à la HSBC Private Bank. Il faut dire qu'en plus d'occuper des fonctions stratégiques au sein du gouvernement, il est aussi entrepreneur à succès. La somme de ses comptes genevois avoisinerait les 42 millions de dollars". Le quotidien suisse poursuit : "Le compte en question n'était pas lié à ses fonctions politiques. Son groupe familial est actif dans la construction, l'immobilier, l'ingénierie et l'aviation. Au Liban, affaires et politiques sont intimement liées."

 

-Mohammad Safadi, député de Tripoli et ancien ministre des Finances. Selon le Monde, M. Safadi dispose d'un compte doté de 75 millions de dollars.

 

- Edmond Safra, le célèbre banquier israélite libanais naturalisé brésilien et décédé en 1999 à Monaco.

Sur le site du ICIJ, il est précisé que M. Safra était lié à sept comptes à la HSBC, pour un total de 5,3 millions de dollars. Le nom de son épouse Lily était également rattaché à plusieurs comptes.  Un porte-parole de Mme Safra a indiqué que "les comptes de Mme Safra ou de la fondation Edmond J. Safra ont été ouvert pour des motifs normaux et légaux visant à la gestion des affaires commerciales et de la famille".

 

- Le politicien et industriel Georges Frem, fondateur du groupe industriel Indevco. Cet ancien ministre (dans trois gouvernements) et ancien député du Kesrouan est décédé en 2006. Il est indiqué, sur le site du ICIJ, que M. Frem avait utilisé son passeport diplomatique pour ouvrir un compte à la HSBC dont il est devenu le client en 2001. Il était lié à deux comptes clients. Un des comptes était doté de 3,37 millions de dollars.

 

Hervé Falciani et le Liban
Le pivot de l'affaire HSBC est un informaticien, Hervé Falciani, un ex-employé de la filiale suisse de la banque britannique, désormais visé par un mandat d'arrêt international lancé par la Suisse pour violation de son secret bancaire. Le "cauchemar vivant de la banque HSBC Private Bank", indique Le Monde qui dresse son long portrait, dont il ressort qu'il existait des liens entre Falciani et le Liban.

Informaticien de bon niveau, cet ancien croupier, marié deux fois et joueur de poker patenté, a été débauché le 14 mars 2006 par HSBC PB Genève auprès de la succursale monégasque du géant bancaire britannique.

Ses relations avec le Liban passent par la gent féminine, dont l'homme semblait particulièrement friand.

Parmi ses conquêtes, note Le Monde, l'une de ses collègues, la Franco-Libanaise Georgina Mikhael, "une jolie brune menue, aux longs cheveux, aux yeux d'un profond marron, 31 ans, séduite en décembre 2006, elle aussi au détour des tables de poker".

 

(Lire aussi : Scandale Falciani : Tout a commencé au Liban)

 

Il apparaît, au terme de l'enquête du Monde, que c'est Georgina Mikhael qui a dénoncé son amant, le 22 décembre 2008, auprès des autorités suisses. "Peu de temps après le début de notre relation, Hervé Falciani m'a dit qu'il possédait une base de données qu'il voulait monnayer, afin de disposer d'argent à donner à son épouse dans le cadre du divorce qu'il envisageait", a déclaré la Franco-Libanaise. "Il m'a menacé de faire du mal à moi et à ma famille si je parlais à quelqu'un de l'histoire des données", a-t-elle ajouté.

Selon Le Monde, Georgina Mikhael aurait toutefois aussi été mêlée au projet de Falciani. "Leurs échanges sur Skype, saisis dans le cadre de l'enquête, confirment cette vision des événements : +T'as pêché ?+, demande en mars 2007 la jeune femme, qui se fait appeler Palomino, du nom de ces chevaux qu'elle affectionne. Elle demande en fait à son complice s'il a fait de nouvelles trouvailles informatiques. +Trois mois d'update pour address, person+, répond Falciani. +Et tu ne t'es pas [fait] chopé ?+, interroge Mikhael. /Manque pour l'instant accounts [montants]+, dit l'informaticien. /Il faut faire attention baby/, conclut la Franco-Libanaise", peut-on lire dans Le Monde.

Selon le quotidien français, le couple caressait l'idée de mettre de côté un joli pactole, grâce au travail souterrain de Falciani. Pour ce faire, les deux amants passent par le Liban, début février 2008, "Pour vendre les listings aux banques locales", assure Georgina Mikhael, dont les propos sont rapportés par Le Monde. C'est au Liban que Falciani trouve son nom d'emprunt : Ruben al-Chidiac. Auprès des banques contactées à Beyrouth, il se fait passer pour un responsable commercial d'une société qui n'existe pas.

"La banque intéressée devait payer un montant que j'ignore pour l'achat de la banque de données", indique Georgina Mikhael en décembre 2008. Il est question, selon elle, d'une somme de 1.000 dollars par nom révélé.

Le Monde précise que ces déclarations sont confortées par des banquiers libanais contactés par le couple à Beyrouth : Jacques Aouad, de BNP Paribas Beyrouth, Samira Harb, pour la banque Audi, Georges Tabet, pour la banque BlomInvest. "Tous ces banquiers témoignent devant la justice suisse, racontent les pérégrinations du duo Falciani-Mikhael, et jurent, méfiants, ne pas avoir donné suite à leurs sollicitations".

"Le 20 mars 2008, l'Association suisse des banquiers est prévenue du périple libanais, une enquête judiciaire est ouverte le 29 mai", note encore Le Monde. A partir de là, les téléphones de Georgina Mikhael sont placés sur écoute. "L'affaire va s'emballer quand la justice apprend, le 17 décembre 2008, que Georgina Mikhael s'apprête à quitter la Suisse. Elle est arrêtée le 22 décembre, et dénonce immédiatement son complice, Hervé Falciani. Leurs bureaux sont perquisitionnés. L'informaticien est convoqué pour le lendemain, 23 décembre, à 9h30. Lourde erreur. La justice suisse ne reverra plus jamais Falciani", peut-on encore lire.

 

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Suite au compte rendu dans nos colonnes d'un article publié par Le Monde, Georgina Mikhael nous envoie le droit de réponse suivant :

"Je viens par la présente vous demander de rectifier quelques informations erronées me concernant, qui ont été publiées dans votre respectable journal, en date du 9 février 2015, sous l'Intitulé 'Le Liban et les Libanais dans l'affaire SwissLeaks'.

En effet , dans l'extrait que vous citez du journal Le Monde, j'ai constaté plusieurs imprécisions qui ne correspondent pas à la vérité ni à la réalité.

En conséquent, je me permets de préciser les points suivants :

1 - Je n'ai jamais été complice des crimes de M. Falciani ni au courant de ce qu'il préméditait ; la preuve est que je ne suis pas poursuivie ni par la justice suisse ni par la justice française. J'étais uniquement auditionnée une demi-journée par la justice suisse.

2 - J'ai rencontré M. Falciani au sein de la banque où on était collègues et non pas au détour des tables de poker. Il était en cours de divorce avec sa femme.

3 - Tous les autres détails sont des détails romancés, imagés, qui ne correspondent pas à la vérité des choses et qui ne peuvent que satisfaire l'imagination de certaines catégories de lecteurs."

 

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commentaires (6)

L'OLJ a-t-il des informations au sujet de ces 2993 comptes, autres ? Merci.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 56, le 10 février 2015

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Commentaires (6)

  • L'OLJ a-t-il des informations au sujet de ces 2993 comptes, autres ? Merci.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 56, le 10 février 2015

  • Mais d'où ont-ils pu Sou(tirer) toute cette masse d'argent ? Des ministères ou des milices ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 48, le 10 février 2015

  • LES LIBANAIS DEPUIS TOUS TEMPS ONT DES COMPTES DANS LEUR PAYS ET DANS D'AUTRES PAYS. NORMAL !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 54, le 10 février 2015

  • On va mettre des filtres et on verra certains abonnes hsbc "payer" plus que d'autres . Les libanais n'ont pas les memes lois que les europeens , donc rien a craindre pour eux , par contre des rois du maroc ou de jordanie seront des proies juteuses pour les forcer a appliquer une politique adaptee aux besoins de l'occicon, ou tout simplement a ne pas changer de fusil d'epaule . On attendra de voir Sissi , s'il va etre vise etant donne que Poutine lui rend une visite historique en ce moment .Et pour babayahou et les 40 voleurs qu'en est il ?

    FRIK-A-FRAK

    10 h 21, le 10 février 2015

  • 2998 - 5 = 2993 ! Qui sont les autres ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 54, le 10 février 2015

  • Cette histoire mérite un super film à la Hollywood. Quant aux Libanais dont le nom y est "impliqué", ils ont droit d'avoir un compte là oú ils le désirent dans le monde, le Liban étant un pays au change complètement libre. Cela en soi ne prouve pas que leur fortune est un argent volé au fisc de leur pays.

    Halim Abou Chacra

    05 h 31, le 10 février 2015

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