Sinistre à la réserve de Ammiq : un propriétaire soupçonne « un incendie criminel »

Un énorme incendie a ravagé samedi de grands espaces de la réserve de Ammiq, dans la Békaa-Ouest. Les pompiers de la Défense civile dépêchés sur les lieux peinaient à circonscrire le sinistre et n'ont pu maîtriser le feu que trois heures plus tard. Ils ont été obligés d'utiliser des extincteurs manuels, en raison de la difficulté à faire passer les grands véhicules entre les arbres. Ils ont également dû faire usage d'une barque pour se déplacer dans la zone humide à l'intérieur de la réserve, qui est composée en grande partie de marécages, afin de parvenir à la source du feu et de prévenir sa propagation.
Interrogé hier par L'Orient-Le Jour, Michel Skaff, un des copropriétaires du domaine de Ammiq, soupçonne « des chasseurs et des bergers d'être responsables de cet incendie, qui a tout l'air d'être criminel ». « Ce n'est pas la première fois, cela s'est déjà passé à de nombreuses reprises, poursuit-il. Des inconnus mettent le feu aux roseaux qui bloquent leur vue ou qui empêchent le pâturage. Il nous est impossible d'identifier les coupables et de prévenir ces agressions dans un domaine de 240 hectares. »
M. Skaff indique que 40 à 60 hectares ont été anéantis, ce qu'il est sur le point de vérifier sur place. Il confirme que les propriétaires comptent porter plainte contre X, rappelant que les nombreuses plaintes déposées antérieurement n'ont pas donné de résultats. Pour ce qui est de la réhabilitation du site, il dit préférer l'option de laisser la nature se régénérer naturellement, avec une protection accrue de la zone sinistrée. « La sécheresse de l'année dernière n'a pas encore été compensée cette année, malgré le taux de pluviométrie plus avantageux, poursuit-il. Ce n'est surtout pas le moment de perturber la nature quand le cycle naturel est lui-même perturbé. Or les agressions se multiplient. »
Ammiq est une zone de conservation privée dans un domaine appartenant à la famille Skaff. Le site est l'une des dernières zones humides intactes du Liban et un important corridor de migration des espèces d'oiseaux migrateurs. « Nous assurons la protection de la zone humide qui comprend les roseaux, l'eau et une myriade d'espèces rares, souligne M. Skaff. Il y a une zone de protection autour des marécages. »
Le site ne jouit pas d'une protection officielle. Il est cependant doté de pancartes signalant l'interdiction de chasse et de pâturage.