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Moyen Orient et Monde - Yémen

Accord de sortie de crise entre le président Hadi et les miliciens houthis

Les tensions Nord-Sud refont surface.

Des combattants houthis dans les rues de Sanaa. Khaled Abdullah/Reuters

Le président du Yémen Abed Rabbo Mansour el-Hadi et les miliciens chiites ont conclu hier un accord de sortie de crise après plusieurs jours de violences meurtrières dans la capitale et la prise du palais présidentiel. Selon le texte, publié par l'agence de presse officielle Saba, les miliciens de Ansaruallah, aussi appelés houthis, se sont engagés à quitter le palais, où ils étaient entrés mardi et avaient saisi d'importantes quantités d'armes et d'équipements militaires, et à libérer le directeur de cabinet de M. Hadi, Ahmad Awad ben Moubarak, enlevé samedi.
En échange, le projet de Constitution auquel ils sont opposés, pourra être amendé et les houthis ainsi que « le mouvement sudiste pacifique, et toutes les autres factions politiques privées de représentation équitable dans les institutions de l'État auront le droit d'être nommés dans ces institutions ».


De plus, le président et les miliciens se sont également mis d'accord pour « normaliser » la situation à Sanaa où au moins 35 personnes sont mortes et 94 ont été blessées entre lundi et mardi. Le texte appelle aussi les employés à reprendre le travail et les écoles à rouvrir. Ces mesures doivent être mises en place « immédiatement ».

 

(Lire aussi : « Le risque de partition du Yémen est plus fort que jamais »)


Un précédent accord, signé le 21 septembre sous l'égide de l'Onu, prévoyait le retrait des miliciens de Sanaa et la formation d'un nouveau gouvernement. Il était resté lettre morte.


De son côté, le secrétaire d'État américain John Kerry a immédiatement réagi, déclarant que M. Hadi allait « accepter la plupart des revendications des houthis ». Les États-Unis avaient appelé mercredi à une résolution pacifique du conflit au Yémen, qu'ils considèrent comme un pays-clé de la lutte, notamment à l'aide de drones, contre el-Qaëda dans la péninsule Arabique (Aqpa). Le Conseil de sécurité de l'Onu avait aussi fustigé le coup de force des houthis et apporté son soutien à M. Hadi, tout comme le Conseil de coopération du Golfe (CGG), qui regroupe les monarchies arabes voisines du Yémen. « Les houthis veulent diriger, mais pas gouverner. Ils sont prêts pour cela à laisser Hadi comme président, mais ils exigent qu'il soit, tout comme le gouvernement, totalement à l'écoute de leurs demandes », a estimé Ibrahim Sharquieh, expert au Brookings Institute à Doha. « C'est sur cette base qu'ils vont ou non continuer avec Hadi. ».

 

(Portrait : Abdel Malek al-Houthi, le leader chiite d'Ansarullah au cœur de la crise yéménite)

 

Aéroport fermé dans le Sud
La pression était également forte sur le Premier ministre Khaled Bahah, qui a été autorisé hier à quitter la résidence du centre de Sanaa où il était bloqué depuis deux jours par les miliciens chiites. Il a pu se rendre vers une « destination sécurisée » après avoir négocié sa sortie, selon un porte-parole du gouvernement.
Affaiblis à Sanaa, les dirigeants ont reçu le soutien des autorités du sud du pays, dont M. Hadi est originaire et qui est majoritairement sunnite. À Aden, la grande ville du Sud, l'aéroport et le port ont été fermés sur décision du Comité de la province, pour protester contre les « atteintes au symbole de la souveraineté nationale » qui est le président Hadi.


Cette réaction met de nouveau en lumière les profondes divisions entre le nord, fief des chiites, et le sud du Yémen, qui se sont fréquemment opposés par les armes dans le passé. Car, de son côté, le jeune chef du mouvement chiite, Abdel Malek al-Houthi, était sorti du silence pour fustiger, dans un discours télévisé mardi soir, les autorités, dénoncées pour leur « corruption ». M. Houthi leur a également reproché de ne pas avoir associé suffisamment son mouvement à la rédaction du projet de Constitution, qui prévoit un État fédéral composé de six régions.
Les chiites estiment que ce projet démantèlerait le Yémen et priverait le Nord d'un accès à la mer, l'une des priorités d'Ansaruallah.
M. Houthi a par ailleurs assuré que la milice était prête à faire face à « toute mesure » du Conseil de sécurité de l'Onu.

 

(Lire aussi : Aqpa vs Ansarullah : présentation des deux groupes islamistes qui agitent le Yémen)


Par ailleurs, des responsables militaires favorables au chef de l'État ont accusé des fidèles de l'ex-président Ali Abdallah Saleh de soutenir activement les miliciens houthis. Car, chassé du pouvoir à la suite d'un soulèvement populaire en 2011, M. Saleh garde cependant une forte influence et des réseaux qu'il a soigneusement tissés dans l'armée et parmi des tribus durant ses 33 ans de présidence. Son parti a indiqué hier que M. Saleh était favorable à des élections présidentielle et législatives anticipées.

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