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Moyen Orient et Monde - Éclairage

« Il faut vraiment cesser de dire que l’armée israélienne est la plus morale du monde »

Suite à la mort du ministre palestinien Ziad Abou Eïn, « L'Orient-Le Jour » a interrogé Beligh Nabli, qui y voit une nouvelle conséquence de la colonisation.

La mort du ministre palestinien Ziad Abou Eïn, qui manifestait en compagnie de villageois contre la colonisation israélienne sur leurs terres, intervient dans un climat des plus tendus.
Pourtant, si l'incident de l'Esplanade des mosquées a généré une protestation particulièrement vive au sein de la communauté palestinienne, la mort de l'un de leurs ministres, représentant d'État et donc du peuple, ne semble pas avoir eu la même portée, ni dans le symbole ni sur le terrain. Selon Beligh Nabli, directeur de recherches à l'Iris (Institut des relations internationales et stratégiques) interrogé par L'Orient-Le Jour, cette espèce de miniléthargie inédite s'expliquerait par le flou qui persiste autour des circonstances de la mort, imposant donc « une certaine prudence ». Parce que, sans surprise, les deux parties interprètent chacune différement les conditions du décès. Au vu de la première autopsie, le gouvernement palestinien tient Israël comme entièrement responsable. Les résultats à venir d'une enquête « neutre et indépendante » réclamée immédiatement après l'annonce du décès par l'Union européenne pourrait clarifier tout cela. Selon M. Nabli, la rue palestinienne semblerait pour l'instant plutôt « calmée » que calme, surtout qu'une escalade de la violence viendrait embraser une situation déjà tendue. D'autant que l'incident a eu lieu dans une zone dirigée par l'Autorité palestinienne. Les réactions auraient probablement été différentes si cela avait eu lieu à Jérusalem ou à Gaza.


Beligh Nabli en profite pour insister sur un point focal, une question qui revient comme un boomerang vers Mahmoud Abbas : la contradiction entre les droits inaliénables des Palestiniens et les accords de coopération concernant la sécurité en Cisjordanie, question qui révélerait sans conteste « une certaine faiblesse politique » du président de l'Autorité. Les Palestiniens seraient « dubitatifs » sur cette stratégie, car un véritable paradoxe s'installe, entre les échecs répétés (sur la réconciliation avec le Hamas, par exemple...) et des succès inattendus (à l'instar d'une future reconnaissance de l'État palestinien par la France). Pourtant, l'éventuelle suspension de la coopération entre la direction palestinienne et Israël dans le domaine de la sécurité en Cisjordanie pourrait constituer un veritable levier de pression sur les différents protagonistes. D'ailleurs, les dirigeants de l'Autorité devraient annoncer ce soir leur décision sur la question.


Petite digression concernant la Jordanie, même si celle-ci dénonce « un crime », la question de sa responsabilité sur ce dossier ne « devrait pas être invoquée », et il « ne faudrait pas s'attendre à un changement de ton ni à une quelconque remise en question de sa coopération bilatérale avec Israël ».


En attendant, Beligh Nabli relève que l'événement a mis en exergue deux phénomènes. Tout d'abord, « cette illustration significative des violences politiques et policières » montre une nouvelle fois que la colonisation se fait « au prix du sang ». Ensuite, l'argument d'autorité, répété par l'opinion favorable à l'État hébreu, qui serait que « l'armée israélienne est la plus morale du monde », doit impérativement cesser d'exister, à l'aune de cet incident extrêmement grave et de tous les crimes de guerre desquels l'État hébreu est accusé.


Ce drame intervient au moment où la question des violences policières, notamment après l'affaire Ferguson aux États-Unis et ses répercussions, est plus que jamais sur le tapis. « Même si le parallèle n'est pas si visible, la question de l'impunité et du rejet de la responsabilité sera au cœur des débats des jours prochains. Mais quels que soient les résultats de l'enquête, la mort du ministre palestinien restera le résultat d'un acte de colonisation contre lequel la victime s'opposait de manière pacifique », conclut M. Nabli.

 

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La mort du ministre palestinien Ziad Abou Eïn, qui manifestait en compagnie de villageois contre la colonisation israélienne sur leurs terres, intervient dans un climat des plus tendus.Pourtant, si l'incident de l'Esplanade des mosquées a généré une protestation particulièrement vive au sein de la communauté palestinienne, la mort de l'un de leurs ministres, représentant d'État et donc...
commentaires (2)

L'armée israélienne serait la plus morale du monde...? Comment peut'on prétendre cela ? Elle dépend de l'Etat d'Israël, immoral: 1) dès le jour de sa création, en spoliant les Palestiniens de leur terre 2) en n'appliquant jamais les nombreuses résolutions de l'ONU qui le concernent 3) en possédant l'arme nucléaire sans jamais le reconnaître officiellement 4) en continuant de coloniser la Cisjordanie 5) en humiliant quotidiennement le peuple palestinien sur ses propres terres 6) en continuant de pleurnicher devant la Communauté Internationale et de se poser en victime, rappelant sans cesse les 6 millions de juifs exterminés depuis des décennies, tout en occultant le fait que le peuple palestinien n'y est pour rien... Immorale aussi la Communauté Internationale et tout particulièrement la Communauté Européenne qui, pour se débarasser de sa culpabilité concernant la Shoah, se tait ou proteste faiblement, tout en laissant Israël et son armée continuer de perpétrer ses nombreux crimes ! Irène Saïd

Irene Said

14 h 51, le 12 décembre 2014

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Commentaires (2)

  • L'armée israélienne serait la plus morale du monde...? Comment peut'on prétendre cela ? Elle dépend de l'Etat d'Israël, immoral: 1) dès le jour de sa création, en spoliant les Palestiniens de leur terre 2) en n'appliquant jamais les nombreuses résolutions de l'ONU qui le concernent 3) en possédant l'arme nucléaire sans jamais le reconnaître officiellement 4) en continuant de coloniser la Cisjordanie 5) en humiliant quotidiennement le peuple palestinien sur ses propres terres 6) en continuant de pleurnicher devant la Communauté Internationale et de se poser en victime, rappelant sans cesse les 6 millions de juifs exterminés depuis des décennies, tout en occultant le fait que le peuple palestinien n'y est pour rien... Immorale aussi la Communauté Internationale et tout particulièrement la Communauté Européenne qui, pour se débarasser de sa culpabilité concernant la Shoah, se tait ou proteste faiblement, tout en laissant Israël et son armée continuer de perpétrer ses nombreux crimes ! Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 51, le 12 décembre 2014

  • MORALITÉ ET APARTHEID... C'EST L'ARCTIQUE ET L'ANTARCTIQUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 37, le 12 décembre 2014

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