Des Palestiniens ont tué hier quatre Israéliens dans une synagogue de Jérusalem, faisant redouter que le conflit israélo-palestinien ne prenne une dangereuse dimension confessionnelle.
Elle s'est produite peu avant 07h00 (05h00 GMT) dans une synagogue du quartier de Har Nof, à Jérusalem-Ouest, considéré comme un bastion du Shass, un parti ultraorthodoxe. Après l'entrée de Oudaï et Ghassan Abou Jamal, « des coups de feu ont éclaté et un des fidèles est sorti du bâtiment en criant : "Il y a un massacre" », a rapporté un témoin. Les deux jeunes Palestiniens, pères de plusieurs enfants, ont été abattus par la police. Dix membres de leur famille ont été arrêtés alors que leur quartier, en proie à des heurts, est désormais bouclé par la police. Trois de leurs quatre victimes avaient la double nationalité israélo-américaine et le dernier israélo-britannique. Huit personnes ont été blessées, dont un se trouvait dans un état critique, tandis que trois autres étaient sérieusement atteints.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a aussitôt averti qu'il répondrait avec « une main de fer » à cette « vague terroriste s'abattant sur Jérusalem », ordonnant la démolition des maisons des assaillants, deux cousins de Jérusalem-Est qui ont attaqué, armés de hachoirs et d'un pistolet, au moment de la prière du matin. M. Netanyahu et plusieurs de ses ministres ont violemment pris à parti le président palestinien Mahmoud Abbas, lui faisant porter une responsabilité « directe » dans cette attaque, la première contre un lieu de culte juif à Jérusalem et la plus meurtrière depuis 2008.
(Lire aussi : Qui a peur de l'intifada-3 ? le point de Christian Merville)
Conserver les armes
Dans ce contexte houleux, le ministre israélien de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovich a décidé de faciliter la possibilité pour les militaires et les « gardiens d'école ou de jardin d'enfant » de conserver leurs armes en dehors de leur service. Les experts estiment que privilégier le tout-répressif pourrait aggraver un contexte déjà explosif à Jérusalem, mais en soirée, 300 membres de l'extrême droite ont manifesté pour réclamer encore plus de fermeté contre les assaillants.
Le président américain Barack Obama a pour sa part appelé Israéliens et Palestiniens à « coopérer pour apaiser les tensions » après l' « horrible attaque ». Son secrétaire d'État John Kerry avait téléphoné à M. Netanyahu et M. Abbas aussitôt après l'attaque, condamnant un acte d'une « brutalité insensée ». De son côté, le Premier ministre britannique David Cameron s'est déclaré sur son compte Twitter « consterné par l'attaque atroce contre des fidèles d'une synagogue de Jérusalem ». De même, le président français François Hollande a dénoncé « avec la plus grande force l'odieux attentat » et « ceux qui ont osé saluer cet acte », a indiqué hier l'Élysée dans un communiqué. Également, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, comme l'Union européenne, a sévèrement condamné hier un « acte de terreur » et appelé « tous les dirigeants de la région » à « faire tout leur possible pour immédiatement apaiser la situation ». Enfin, Moscou a appelé Israéliens et Palestiniens à « réfréner les extrémistes ».
(Pour mémoire : « Comment un État peut-il me demander d'être loyal envers lui s'il ne l'est pas envers moi ? »)
Engrenage de la violence
L'attentat est intervenu au surlendemain de ce que les Palestiniens ont dénoncé comme un « crime raciste », celui d'un chauffeur de bus palestinien, Youssef Ramouni, retrouvé pendu dans son dépôt de Jérusalem-Ouest dimanche soir. La médecine légale israélienne a conclu à un suicide, une version contestée par un médecin légiste palestinien.
Depuis la découverte du corps, la Ville sainte, agitée par des violences depuis l'été, était encore un peu plus sous tension. La Ville sainte est entrée dans un engrenage de violence depuis que des extrémistes juifs ont brûlé vif, début juillet, un adolescent palestinien de Jérusalem-Est, la partie palestinienne annexée et occupée par Israël de la ville, assurant agir par vengeance après le meurtre de trois Israéliens. L'escalade a franchi un nouveau palier il y a près d'un mois, lorsqu'un Palestinien a jeté sa voiture sur un arrêt du tramway. Depuis, deux autres attentats à la voiture-bélier ont ensanglanté Jérusalem et la Cisjordanie occupée, puis une série d'attaques au couteau ont touché jusqu'à Tel-Aviv. Aucune de ces attaques n'a été revendiquée, mais certaines ont été menées par des membres du Jihad islamique ou du Hamas.
Réponse Hébraïco-juive hyper "classique" !
11 h 14, le 19 novembre 2014