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Liban - Sécurité

60 millions de mètres carrés restent à déminer

Diverses ONG supervisées par l'armée continuent de travailler d'arrache-pied pour nettoyer des centaines de milliers de mètres carrés de mines qui infestent toujours le territoire libanais.

Une des démineuses locales, Fatima Bahmad.

La guerre civile et le conflit israélo-libanais tuent encore au Sud-Liban. Jusqu'au 12 novembre, une exposition dans l'aile ouest du Beyrouth Symposium rendait hommage aux héros du déminage de l'organisation Mag (Mines Advisory Group). Par leur travail, ces démineurs ont déjà assaini plus de 17,1 millions de mètres carrés de terrains au Liban. Mais quinze ans de guerre civile et trente-quatre jours de conflit israélo-libanais, en 2006, ont laissé près de 60 millions de mètres carrés à déminer.

Des ONG qui travaillent de concert avec l'armée
Pour enrayer ce fléau qui menace en permanence une bonne partie de la population, notamment au Liban-Sud, huit organisations non gouvernementales opèrent sur le terrain en coordination avec le Lebanon Mine Action Center (Lmac). L'organisme, qui relève de l'armée libanaise, distribue chaque année des accréditations aux ONG du monde entier qui en font la demande, selon des critères très stricts. Le personnel est soumis à divers ateliers de formation au cours de l'année, et le matériel est inspecté régulièrement, ce qui a conduit à une baisse du nombre d'accidents pendant les opérations de déminage.
Parmi les organisations qui se dévouent sur le terrain, Mag est l'une des plus efficaces. Récompensée par un prix Nobel de la paix en 1997, l'ONG opère depuis l'an 2000 au Liban. En 2013, 868 189 mètres carrés ont été assainis, 673 munitions non explosées ainsi que 761 bombes à sous-munitions ont été enlevées et détruites par les soins de Mag.
Bekim Shala, le directeur kosovar de Mag Lebanon, explique à L'Orient-Le Jour comment le personnel résout ce problème qui rend les champs impropres à l'agriculture et qui menace les populations. « Nous nettoyons les bombes à sous-munitions, par exemple les MK-1, et des mines antipersonnel en général », raconte-il. « Nous procédons manuellement, avec des détecteurs, mais nous utilisons d'autres engins comme des seaux, des râteaux rotatifs, des tamis, des débroussailleuses et d'autres », poursuit Bekim Shala. Parfois, « selon la nature du terrain », des chiens assistent les équipes de déminage. Le directeur indique que « la plupart des personnes employées sont des Libanais. Leur nombre oscille entre 170 et 220 ». Mag les recrute localement, les entraîne et les déploie », ajoute-t-il avant de mentionner les trois personnes « internationales » qui complètent le staff : deux ayant des compétences techniques et militaires, et lui-même.

Des subventions internationales
« Au Liban, le coût du nettoyage d'un mètre carré varie entre 2,50 et 3,50 dollars », selon Bekim Shala. Le coût dépend du type de champ de mines, et le financement est assuré grâce à des États comme la Norvège, les Pays-Bas, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, mais aussi l'Union européenne et des fondations humanitaires. Il fut des moments où les opérations de déminage se sont ralenties faute d'un financement suffisant. En 2012, le Lmac a recensé presque 11,8 millions de dollars de dons et indiquait que ces opérations avaient coûté au gouvernement libanais 8 millions de dollars.
Ces efforts humains, matériels et financiers paient. En 2012, le Lmac estimait que 48 % des champs de mines –à l'exception de ceux situés sur la ligne bleue – avaient été neutralisés. L'objectif ultime est de parvenir à éradiquer les mines du territoire libanais à l'horizon 2020.

La contamination du territoire
Il convient de rappeler qu'entre 1975 et 2012, des mines et des bombes à sous-munitions ont causé la mort de 903 personnes et en ont blessé plus de 2 780. Selon le Lmac, les mines ont été mises en place en trois temps. La guerre civile de 1975-1990 a vu non moins de 100 000 engins explosifs disposés sur tout le territoire. La deuxième phase a débuté en 2000 lorsqu'Israël a quitté le Liban-Sud après une occupation de douze ans, laissant près de 550 000 mines antipersonnel et antichars, sans plans pour les localiser.
Alors que le Liban avait bon espoir de se débarrasser de ce danger latent à l'horizon 2009, la guerre de 2006 a mis un coup d'arrêt à cet objectif, révèle le rapport 2012 du Lmac. Les quatre millions de bombes à sous-munitions lâchées par Israël sur le Liban en plus de 1.278 points ont contaminé près de 56,9 millions de mètres carrés. Personne ne sait combien d'entre elles n'ont pas explosé et représentent encore un danger. Les régions les plus touchées sont le Liban-Sud, et en particulier Nabatiyeh.

 

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