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À La Une - nigeria

"Chibok, ville fantôme : Boko Haram y règne en maître"

La ville des lycéennes enlevées tombe aux mains des islamistes.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, dans une capture d'écran d'une vidéo publiée par le groupe islamiste le 22 octobre 2014. AFP PHOTO / HO / BOKO HARAM

Chibok, la ville du nord-est du Nigeria où ont été enlevées 276 lycéennes en avril, est tombée aux mains des islamistes de Boko Haram, malgré les promesses maintes fois répétées des autorités d'y envoyer des renforts.

"Chibok a été prise par Boko Haram", a déclaré à l'AFP le pasteur Enoch Mark, dont la fille et la nièce font partie des 219 lycéennes toujours aux mains des insurgés.
Le rapt de Chibok, survenu le 14 avril dans le sud de l'Etat de Borno, fief historique du groupe islamiste, dont l'insurrection a fait 10 000 morts au Nigeria depuis cinq ans, avait provoqué une vague d'indignation à travers le monde.

Selon le pasteur Mark et Ali Ndume, sénateur de la région, l'attaque de cette ville de l'Etat de Borno a eu lieu jeudi vers 16h00 (heure locale, 15h00 GMT). Le sénateur Ndume a dit avoir reçu des appels d'habitants de Chibok en fuite, lui affirmant que la ville était maintenant sous le contrôle des islamistes.
"Il n'y a plus de lignes téléphoniques à Chibok, c'est pour ça que ces nouvelles ont mis du temps à me parvenir", a-t-il expliqué.
Lors de l'assaut de la ville, il y a eu des échanges de tirs entre les islamistes et les soldats, soutenus par la milice locale, selon M. Mark. "Certains d'entre nous ont réussi à fuir, tous les pylônes de télécommunications ont été détruits pendant l'attaque avec des roquettes", a-t-il expliqué.

Plusieurs chefs d’État, des grandes stars internationales et même le pape François avaient participé à la campagne #bringbackourgirls lancée sur les réseaux sociaux en soutien aux jeunes filles de Chibok.

Le président nigérian Goodluck Jonathan, très critiqué pour son manque de réactivité lors du rapt, a promis à plusieurs reprises qu'il libérerait les lycéennes. Lors d'une rencontre en juillet avec les familles des victimes, M. Jonathan et les responsables de l'armée nigériane s'étaient aussi engagés à sécuriser la ville.
Mais les violences islamistes n'ont pas cessé depuis. Boko Haram, qui figure sur la liste noire des organisations terroristes établie par Washington, s'est emparé ces derniers mois de plus d'une vingtaine de villes et villages de l'Adamawa et des États voisins de Yobe et Borno, dans le nord-est du Nigeria, où il dit avoir créé un "califat islamique".

(Lire aussi : Goodluck Jonathan candidat pour un nouveau mandat dans un pays miné par les violences)

 

"Ville fantôme"
Juste avant la prise de Chibok, jeudi, deux nouvelles villes sont aussi tombées aux mains des islamistes, dans l'Etat voisin d'Adamawa. Ils ont pris le contrôle des villes de Hong et de Gombi, se rapprochant ainsi de Yola - capitale de l'État d'Adamawa - à une centaine de kilomètres de là, après avoir été chassés par des milices locales de Mubi, carrefour commercial de cette région qu'ils avaient pris il y a deux semaines.

L'armée nigériane, qui semble impuissante face à la progression fulgurante de Boko Haram, a perdu un hélicoptère. L'engin s'est écrasé jeudi vers 22h00 (21h00 GMT) à proximité de l'Université de sciences et technologie Modibbo Adama de Yola, tuant les trois personnes qui se trouvaient à son bord, sans que les causes du crash aient été dévoilées.

Tout au long de ces derniers mois, les anciens de Chibok, contactés par téléphone, ont répété que les conditions de sécurité se détérioraient dans la ville et ses alentours. Un responsable des services de sécurité dans cette région avait prévenu, le mois dernier, que la chute de Chibok était imminente.

Selon Pogo Bitrus, le chef des anciens de Chibok, Boko Haram devait avoir des informateurs sur place, les islamistes ayant attaqué la ville à un moment où elle était particulièrement vulnérable.
"Les membres de la milice locale, qui utilisent des fusils, étaient à court de munitions, donc leur chef est parti hier pour Maiduguri (la capitale du Borno), afin de s'approvisionner en cas d'attaque", et c'est à ce moment-là que les insurgés ont lancé leur offensive, a-t-il expliqué par téléphone depuis Abuja.

"Chibok est une ville fantôme, Boko Haram y règne en maître", a confié M. Bitrus. Mais les miliciens préparent une contre-offensive et des soldats ont été déployés à Damboa, à moins de 40 kilomètres de là. "Ils vont reprendre Chibok, je vous l'assure", a-t-il affirmé.

"La chute de Chibok, après tout ce qui s'y est passé, souligne le chaos dans lequel on se trouve", a déploré Emman Usman Shehu, un des militants du mouvement #Bringbackourgirls, basé à Abuja.

 

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SONT-ILS DESCENDUS DES ARBRES ?

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 34, le 15 novembre 2014

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Commentaires (2)

  • SONT-ILS DESCENDUS DES ARBRES ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 34, le 15 novembre 2014

  • De vrais barbares , sauvages .

    Sabbagha Antoine

    23 h 17, le 14 novembre 2014

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