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À La Une - Polémique

En France, le pouvoir socialiste embarrassé par la mort d'un manifestant écologiste

Hollande assure que "toute la vérité" sera faite sur le décès de Rémi Fraisse.

Une manifestation a eu lieu le 28 octobre en France à la suite du décès d’un jeune écologiste lors d’une démonstration. GEORGES GOBET/AFP

La mort d'un jeune écologiste, premier décès depuis 1986 en France lors d'une intervention des forces de l'ordre contre une manifestation, embarrasse l'exécutif socialiste déjà confronté à des contestations multiformes qui dégénèrent parfois en actions violentes.

Le président François Hollande a assuré mardi que "toute la vérité" sera faite sur le décès de Rémi Fraisse, 21 ans, dont le corps a été découvert dans la nuit de samedi à dimanche sur le site d'un projet de barrage contesté dans le sud-ouest de la France où de violents incidents venaient d'opposer manifestants et gendarmes.

Cette mort est la première dans le contexte d'une manifestation réprimée par la police en France métropolitaine depuis celle de Malik Oussékine, un étudiant de 22 ans matraqué par des policiers à moto le 6 décembre 1986 à Paris en marge d'une manifestation contre un projet de réforme universitaire.
Mais M. Hollande en a aussi appelé à la "responsabilité" de chacun et a dénoncé des "propos excessifs" alors que ses anciens alliés écologistes au gouvernement ont mis en cause en termes très vifs l'action des forces de l'ordre.

La mort de Rémi Fraisse est "un scandale absolu", une "tache indélébile sur l'action de ce gouvernement", a déclaré l'ancienne ministre verte du Logement Cécile Duflot.
Le député européen José Bové a aussi qualifié de "provocation" la présence de policiers sur un site où "il n'y a rien à protéger".

Selon les éléments de l'enquête dévoilés mardi, le décès du jeune homme pourrait avoir été provoqué par une grenade tirée par les gendarmes. Ces circonstances ont conduit l'extrême gauche parlementaire à réclamer la démission du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Le Premier ministre Manuel Valls a relevé que le drame s'était produit dans un contexte de "manifestations particulièrement dures".

Les écologistes qui ont quitté le gouvernement en avril en raison de désaccords sur l'immigration et la sécurité, sont de plus en plus critiques envers l'exécutif, en dépit de l'adoption en cours d'un projet de loi sur la transition énergétique visant notamment à diminuer la place du nucléaire en France.
Ils ont ainsi mis en cause le bien-fondé du projet de barrage destiné à l'irrigation de terres agricoles à Sirvens (sud-ouest) et dont la construction va détruire un écosystème fragile. Ce projet de retenue d'une capacité de 1,5 million de mètres cube d'eau est soutenu par les élus locaux et avait reçu l'aval des représentants de l'Etat. Mais il vient d'être critiqué dans un rapport d'experts en raison de son coût et de son gigantisme.


'Logique productiviste'
Le site du barrage, comme d'autres sites de projets controversés, a attiré diverses formes de contestation, depuis les militants écologistes ou d'extrême gauche respectueux de la légalité jusqu'à des petits groupes libertaires ou radicaux, une cohabitation propice aux dérapages.

Lundi, plusieurs manifestations de protestation après la mort de Rémi Fraisse ont dégénéré en incidents violents, comme à Nantes (ouest) où des vitrines ont été brisées. En février, la ville dont l'ancien maire socialiste Jean-Marc Ayrault a été Premier ministre de François Hollande avait déjà été le théâtre de violences après une manifestation d'opposants à un projet d'aéroport régional à Notre-Dame des Landes.

En dépit du projet de loi sur la transition énergétique élaboré avec le concours des écologistes, les socialistes sont accusés de rester prisonniers d'une logique "productiviste". Le barrage de Sirvens "répond à la logique d'une agriculture productiviste, anti-écologique et dépassée", a déclaré mardi la secrétaire nationale du parti écologiste Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Emmanuelle Cosse.

Le barrage "a franchi toutes les étapes démocratiques et ce n'est pas une minorité qui doit imposer à la majorité telle ou telle position", a répondu le porte-parole des députés socialistes Hugues Fourage.
Mardi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Amiens (nord) pour soutenir neuf militants de la Confédération paysanne, jugés pour des dégradations en mai dernier sur le chantier d'une ferme d'élevage "les mille vaches".

La ferme fonctionnant depuis la mi-septembre, les petits éleveurs ont voulu retourner ce procès pour en faire celui de "l'industrialisation de l'agriculture".

 

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