On m'a souvent demandé d'où je viens et quelles sont mes origines. Né et élevé en Afrique, le Liban demeure le berceau de mes racines.
Elle était loin de moi l'idée d'aller y passer plus d'un mois, le temps d'un été. Et pourtant les circonstances firent qu'à 15 ans je quittais le cocon famillial et m'y installais.
La boule au ventre, me voilà arrivé à Beyrouth, tel un jeune touriste. Premier constat, mon niveau linguistique est quasi « hors piste » !
N'ayant pas maîtrisé cette langue qui est censée m'être maternelle, je m'installe et apprend à connaître un pays aux charmes charnels.
Plus les jours passent et plus je comprends le sens du mot paradoxe. Beyrouth en est l'exemple avec, un cas parmi tant d'autres, une mosquée à deux pas d'une église orthodoxe. Les situations sont multiples pour démontrer la contradiction de cette ville. La misère ronge les rues, côtoyant les boutiques luxueuses à l'aspect si futile...
Je réalise en réalité que ma vie même au Liban est paradoxale, comme le fait d'être « chez soi » tout en perdant ses repères, dans un pays aux allures de capitale. Tout m'éloigne de cette vie, mais en même temps tout me ramène à elle : mon nom, mes origines ou encore ce passeport bleu nuit ciel.
Deux ans déjà que je prends mes marques, sur un territoire parfois hostile. Je réalise que naître et grandir en Afrique rend la tâche encore moins facile.
En réalité, ce pays m'ouvre les bras et attend que je fasse de même en retour. Malheureusement, je me désole de ne pas trouver la force requise pour cela.
Me voilà faisant mes valises, le cœur déchiré entre soulagement et amertume. Je quitte mon pays géniteur ayant non pas la boule au ventre, mais une enclume. Un sentiment d'avoir échoué dans une mission que l'ont m'avait confiée : allez à la découverte de cette terre qui détermine ma véritable identité. Mais en réalité, c'est l'Afrique qui m'a vu grandir et évoluer en même temps qu'elle. Le Liban est ce morceau restant d'histoires ancestrales qui, au fond, nous rappelle qu'on a beau être né, avoir grandi aux quatre coins du monde, notre histoire reste liée à Beyrouth, la guerrière, la festive, la vagabonde.
Braïm EL-AMINE
Dakar – Sénégal
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