« Dégradation des taux de marge, réduction des investissements, manque de compétitivité sur les marchés mondiaux... À l'inverse de ce que l'on entend généralement à propos du made in France, notre classement montre que les PME et ETI françaises ne manquent ni de talent ni d'audace. »
C'est en ces termes que, le 9 septembre, l'hebdomadaire français L'Express-L'Entreprise présentait, en collaboration avec EY et Ellisphère, son classement des 150 « plus belles PME et ETI françaises (petites et moyennes entreprises et entreprises de taille intermédiaire) », comprendre les plus rentables.
Ces 150 entreprises, 152 pour être précis, répondent aux critères de sélection suivants, précise l'hebdo : « Elles ont un chiffre d'affaires 2013 de plus de 10 millions d'euros, une croissance cumulée du chiffre d'affaires entre 2009 et 2013 supérieure à 20 % (15 % si l'entreprise réalise plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires), une rentabilité (résultat courant avant impôt sur chiffre d'affaires) de 3 % au minimum et ne sont pas filiales d'un groupe, le dirigeant devant détenir au moins 10 % du capital. »
Et qui trouve-t-on à la tête de ce classement ? L'on trouve Tobam, une société de gestion d'actifs pour institutionnels et fonds de pension, une entreprise créée en 2005 par Yves Choueifaty, un Franco-Libanais.
M. Choueifaty, 47 ans, a quitté le Liban après le bac, intégré une grande école, l'ENSAE, et fait toute sa carrière dans la gestion d'actifs. « La gestion d'actifs, c'est la gestion de l'argent des tiers, des institutionnels de toutes les tailles. Cet argent a besoin d'être investi et ils le confient à des entreprises comme Tobam », explique son fondateur.
Avant de monter sa propre entreprise, M. Choueifaty était directeur général du Crédit Lyonnais Asset Management. « Après avoir quitté le groupe Crédit Lyonnais, j'ai eu une idée que j'ai trouvée suffisamment originale et robuste pour monter mon entreprise », explique M. Choueifaty à L'Orient-Le Jour. L'originalité est le mot d'ordre revendiqué de Tobam, l'acronyme de « Think Out of The Box Asset Management » (Penser la gestion d'actifs de manière originale). Cette idée originale que trouve M. Choueifaty « est l'utilisation systématique de la diversification comme un objectif et non pas comme une contrainte ».
Alors que « pour fabriquer de bons portefeuilles, beaucoup d'acteurs sur les marchés financiers essaient de prévoir par exemple si le dollar va monter et si le yen va chuter », l'équipe de Tobam, elle, n'essaie pas de prévoir l'avenir mais d'investir dans des société innovantes. « Nous nous intéressons uniquement à l'intérêt de nos clients qui est de posséder des portefeuilles diversifiés, et pour ce faire nous investissons dans des entreprises tournées vers l'innovation », affirme le président de Tobam. « Ce portefeuille diversifié sera donc beaucoup moins sensible à l'explosion des bulles », ajoute-t-il.
Au sein de Tobam, qui compte 27 employés dont 12 dédiés à la recherche, on s'appuie sur « la mesure mathématique de la diversification et sa maximisation – l'anti-benchmark », un concept développé et breveté par M. Choueifaty, mathématicien de formation. « L'anti-benchmark est le portefeuille le plus diversifié que l'on peut créer dans un univers d'investissement donné », explique-t-il.
La formule semble bien marcher pour Tobam. Selon L'Express, l'entreprise a doublé ses encours en un an à 4,09 milliards d'euros à la fin de 2013, avec une augmentation de 5 % de sa performance chaque année et la réduction de risque du portefeuille de 20 à 30 %. Dans le classement L'Express, dont elle prend la tête, Tobam affiche une rentabilité de 30 %.
La success story de Tobam n'a toutefois pas été sans difficultés. À la création de la société, un contrat d'incubation de trois ans avait été signé en janvier 2006 avec la banque d'investissement multinationale Lehman brothers, qui a fait faillite en 2008. Tobam a néanmoins réussi à échapper à l'implosion. Aujourd'hui, Tobam a trois types d'actionnaires : les salariés, le fonds de pension californien Calpers et la filiale de gestion de la Société générale et du Crédit agricole, Amundi.
Tobam gère 7 milliards de dollars. Basée à Paris, l'entreprise a ouvert en novembre 2013 un bureau à New York. « 23 % des clients sont en Amérique du Nord, 9 % sont en France, avec l'Europe du Nord représentant la majorité du solde », précise M. Choueifaty.
Pour cet entrepreneur, « Tobam est une bonne allégorie d'un Liban idéal ». Pourquoi ? Parce que, explique-t-il, « le moteur du succès du Liban était l'innovation suscitée par la diversité de la société libanaise ».
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Que M Yves Choueifaty vienne au Liban six mois son entreprise fera faillite . Liban triste pays .
17 h 26, le 15 septembre 2014