Les enfants terrorisés par les menaces de décapitation. Une « blague cruelle », selon une source policière. Photo tirée de la vidéo
Quel est l'impact d'un tel acte sur les enfants ?
Cet acte est certainement traumatisant. D'ailleurs, c'était assez ahurissant de voir comment chaque enfant indiquait l'autre du doigt. Cet acte crée chez l'enfant la peur de l'adulte qui a tout pouvoir sur lui. À l'avenir, pour dépasser sa peur, cet enfant va devenir à son tour un adulte qui va traumatiser un autre pour obtenir une obéissance qu'il n'aurait pas pu avoir par d'autres moyens.
Qu'est-ce qui justifie le recours à une telle violence tout en estimant qu'il s'agit de l'humour ?
Rien. C'est du pur sadisme. C'est même effrayant de voir que la personne qui exerce cette terreur est en quelque sorte fière du pouvoir qu'elle a sur les autres. Dans la vidéo, l'homme pousse loin son pouvoir de terreur au point de demander aux enfants de venir vers lui, puis de repartir. C'est exercer un pouvoir de terreur digne de Machiavel.
Malheureusement, je suis convaincue que cette violence ambiante de décapitation, d'ailleurs omniprésente dans les conversations dans les salons, à la télé, sur les réseaux sociaux... finit par dédramatiser l'horreur. Celle-ci est banalisée et est effrayante, puisque les enfants vont à leur tour se prendre au jeu et peut-être passer à l'acte. De plus, les enfants qui vivent dans la peur, la guerre et les conflits finiront par exprimer les sentiments intériorisés de haine et de violence.
Comment expliquer le comportement de la mère qui rigole devant cette scène ?
De la bêtise et de l'ignorance. Le fait de constater que quelqu'un a un pouvoir sur ses enfants qu'elle n'a pas, conjugué à l'ignorance et à la bêtise, entraîne cet éclat de rire hystérique.
Dans les milieux pauvres en général, les mères sont souvent démissionnaires. Elles sont prises par des tâches purement domestiques et tout leur tombe sur la tête : la colère du mari, la misère, la pauvreté...
Dans certains milieux, malheureusement, on a un recours permanent à la peur pour « dresser » les enfants. D'ailleurs, souvent, dans le langage populaire, on fait référence à la « peur » et à l' « autorité ».
Qu'est-ce qui doit être fait pour les enfants et contre l'adulte ?
Le problème c'est qu'on ne sait pas dans quelle mesure ces enfants subissent ce genre de peur pour être éduqués. Il y a une résonnance terrible contextuelle. Dans certains milieux en général, pour obliger l'enfant à obéir, on le menace de le « brûler avec l'allumette », de « lui couper la langue »... Dans ces milieux, la violence est très banalisée.
Je n'ai pas envie de dire que ces enfants sont condamnés à ne pas recevoir l'aide nécessaire, mais comment en serait-il autrement lorsque les parents ont goût à la violence? Il faudrait commencer par éduquer les parents et la société, car cette violence existe sous beaucoup de formes et est largement répandue.
Comment peut-on empêcher que cette violence ne devienne une culture en soi ?
C'est un projet de société de très longue haleine, d'autant que la violence n'est pas uniquement gestuelle, mais aussi verbale, à la télévision, dans les jeux vidéo, etc.
Il faudrait pouvoir rééduquer, à partir des établissements scolaires, la discipline qu'on peut ingérer et non celle qu'on établit avec la peur et la sanction. Ces moyens existent pour les avoir moi-même expérimentés en enseignant. Il faut apprendre à respecter l'enfant pour qu'il vous respecte.
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Pas de temps a perdre: Faut decapiter le decapiteur avant qu'il n'en decapite d'autres. Simple et efficace.
11 h 07, le 15 septembre 2014