La décapitation d'un nouvel otage a renforcé la détermination de la communauté internationale à éradiquer les jihadistes de l'Etat islamique (EI, ex-Daech) en formant une large coalition dont les contours seront définis lundi à Paris.
"Nous traquerons les responsables (...) quel que soit le temps nécessaire", a déclaré dimanche le Premier ministre britannique David Cameron, le visage grave, après la diffusion d'une vidéo montrant le meurtre du travailleur humanitaire britannique David Haines.
"Pas à pas, nous devons repousser, démanteler et finalement détruire l'Etat islamique", a-t-il ajouté dans une allocation télévisée, s'engageant à prendre "toutes nouvelles mesures nécessaires", sans toutefois en préciser la nature.
Il s'est notamment gardé de lever les incertitudes concernant l'éventuelle association de son pays aux frappes aériennes américaines en Irak et en Syrie, où les jihadistes se sont emparés de larges territoires.
(Portrait : David Haines, "l'Ecossais fou" de l'humanitaire, décapité par l'EI)
Les représentants d'une vingtaine d'Etats doivent se réunir lundi à Paris pour permettre de définir le rôle de chacun dans la coalition internationale voulue par Washington afin de "détruire" l'EI.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé dans la capitale française samedi soir au terme d'un marathon diplomatique en Turquie et au Moyen-Orient, où il a obtenu le ralliement de dix pays arabes, dont l'Arabie saoudite.
L'Australie a également annoncé dimanche sa participation, avec le déploiement de 600 de ses militaires aux Emirats.
"Le succès (de la coalition), ce sera un Etat islamique qui ne menace plus nos amis dans la région, qui ne menace plus les Etats-Unis", a souligné le secrétaire général de la Maison Blanche, Denis McDonough.
Meurtre 'barbare'
La décapitation de David Haines, 44 ans, est la troisième exécution de ce type en un mois, après celles de deux journalistes américains également enlevés en Syrie, James Foley et Steven Sotloff.
Au Liban, l'EI a revendiqué la décapitation de deux soldats, Ali Sayyed et Abbas Medlej et menace d'en exécuter un troisième.
Dans une vidéo intitulée "Un message aux alliés de l'Amérique", dont Londres a confirmé l'authenticité, le groupe jihadiste menace d'exécuter un autre otage britannique, Alan Henning. Le bourreau, le visage dissimulé, s'adresse à David Cameron et reproche au Royaume-Uni d'avoir rejoint les États-Unis dans leur combat contre l'EI.
"Vous êtes volontairement entrés dans une coalition avec les États-Unis contre l'État islamique, comme votre prédécesseur Tony Blair l'a fait avant vous, suivant une tendance parmi nos Premiers ministres britanniques qui ne peuvent pas trouver le courage de dire non aux Américains", dit-il.
(Repère : A quoi ressemblera la guerre contre l'Etat islamique?)
Cet homme à l'accent britannique, qui pourrait être le même que dans les vidéos des exécutions de Foley et de Sotloff, ajoute que cette alliance plongera les citoyens britanniques dans une "autre guerre sanglante et impossible à gagner".
La communauté internationale a aussitôt exprimé sa solidarité avec le Royaume-Uni, le président américain Barack Obama promettant lui aussi de traquer les responsables de ce meurtre "barbare".
Cet "odieux assassinat (...) montre une nouvelle fois combien la communauté internationale doit se mobiliser contre Daesh (acronyme arabe de l'EI, NDLR)", a réagi la France.
La chancelière allemande Angela Merkel a exprimé son "horreur" face à "l'acte injustifiable des terroristes qu'il faut punir", tandis qu'un porte-parole de la diplomatie européenne affirmait que l'UE, après cette décapitation, "était plus déterminée que jamais à soutenir les efforts internationaux en vue de lutter contre les groupes terroristes qui mettent en danger la stabilité internationale".
Engagé dans l'humanitaire depuis 1999, David Haines avait été enlevé en Syrie en mars 2013 au moment où il effectuait sa première mission pour l'ONG française Acted en tant que responsable de la logistique dans le camp de réfugiés d'Atmeh, près de la frontière turque.
"Apprécié de tous"
Sa famille avait appelé ses ravisseurs à le libérer. A l'annonce de sa mort, son frère, Mike, a souligné qu'il manquerait "terriblement" à ses proches. L'épouse de David Haines, Dragana, se retranchait quant à elle dans le silence, cloîtrée à l'intérieur de leur maison de Sisak, près de Zagreb.
"David, qui venait de rejoindre nos équipes, était apprécié de tous, notamment pour sa générosité, son engagement et son professionnalisme", a pour sa part souligné Acted.
(Lire aussi : Coalition internationale contre l'EI: Qui frappe, qui arme, qui renseigne, qui finance ?)
Son exécution intervient après que Londres a annoncé cette semaine l'envoi pour deux millions d'euros de mitrailleuses lourdes et de munitions aux forces kurdes d'Irak afin de lutter contre les jihadistes. Avant cette annonce, le Royaume-Uni avait envoyé de l'aide humanitaire et des armes provenant de pays tiers en Irak.
Face aux agissements de l'EI, Barack Obama a annoncé le 10 septembre une extension de la campagne aérienne des Etats-Unis en Irak, où 1.600 militaires américains seront déployés pour appuyer les forces irakiennes en matière d'équipements, de formation et de renseignement.
M. Obama s'est aussi dit prêt à frapper l'EI en Syrie et s'est engagé à doper l'aide militaire aux rebelles syriens modérés qui combattent à la fois les jihadistes et le régime de Damas.
Le président français François Hollande, en Irak vendredi, a aussi promis d'aider "encore davantage militairement" ce pays, dont les troupes mal entraînées et peu loyales ne parviennent pas à faire face à l'EI, malgré l'aide des combattants kurdes et chiites et les frappes américaines.
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commentaires (5)
TRÊVE DE PAROLES VIDES... DÉCAPITEZ ! ÉRADIQUEZ !
LA LIBRE EXPRESSION, CENSUREE PARTI PRIS/ INTERET
12 h 32, le 15 septembre 2014