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Économie - Quatre questions à... Antoine Bozio

« En France, seules des réformes structurelles peuvent garantir la soutenabilité financière »

Quatre questions à... Antoine Bozio, directeur de l'Institut des politiques publiques (IPP), partenariat scientifique entre PSE-École d'économie de Paris et le Crest (Centre de recherche en économie et statistiques)

« On ne peut pas avoir les mêmes objectifs avec une inflation qui devient très faible », reconnaît le ministre français des Finances, Michel Sapin. AFP /Archives

Le gouvernement français s'était engagé à réaliser 21 milliards d'euros d'économie sur la dépense publique en 2015. Le ministre des Finances, Michel Sapin, a annoncé mardi que le gouvernement n'y parviendrait pas en raison de la faible inflation dans le pays. Si la France veut remplir les engagements qu'elle a pris auprès de Bruxelles, soit 50 milliards d'économies et une réduction des déficits publics, il faudrait donc qu'elle prévoie de nouvelles mesures de restriction ou de nouvelles hausses d'impôts.

La faible inflation est-elle la seule raison pour laquelle le gouvernement français ne parvient pas à réaliser les économies qu'il espérait ?
La faible inflation joue un rôle majeur car l'essentiel des mesures « d'économie » projetées venait de la désindexation des prestations, du gel des rémunérations des fonctionnaires et de la dépense publique en général : avec une faible inflation et une faible croissance, geler la dépense ne la réduit pas.

Lorsque le gouvernement parle d'économies, il s'agit de quoi exactement ?
Les « économies » ne sont pas vraiment une réduction de dépense publique ni vraiment des gains d'efficience, mais plutôt un gel généralisé de la dépense qui permet de réduire la dépense en pourcentage du PIB si le PIB croît, au moins nominalement.

Si la France veut remplir les engagements qu'elle a pris auprès de Bruxelles, soit 50 milliards d'euros d'économie d'ici à 2017, quelles nouvelles mesures le gouvernement doit-il prévoir ?
Si le gouvernement veut atteindre son objectif de 50 milliards d'euros d'économie, il lui faut proposer des mesures qui permettent de réduire la dépense publique autrement que par des effets de désindexation : c'est-à-dire qu'il faut choisir de supprimer des éléments de la dépense publique ou réorganiser certaines dépenses pour réduire leur coût pour les finances publiques. C'est généralement plus difficile à mettre en place et surtout cela prend plus de temps pour obtenir les pleins effets. Par exemple, le gouvernement a annoncé une réforme territoriale en fusionnant les régions françaises. Les économies réalisées peuvent être tout à fait notables, mais dans un premier temps, il y aura plutôt des surcoûts de réorganisation : il faut identifier les doublons, modifier l'organisation des services, fusionner certains services, réduire la main-d'œuvre, etc. Cela prend du temps avant de se traduire par des économies.

L'Europe, et plus particulièrement l'Allemagne, doit-elle jouer son rôle de leader pour permettre à la France de retarder l'accomplissement de ses engagements si cela se produit ?
Le rôle de l'Europe, et de l'Allemagne en particulier, devrait surtout se concentrer sur le bon policy mix dans l'Union et la zone euro en particulier. Demander à des pays de faire des économies à court terme, et ce faisant sacrifier l'investissement dans des réformes structurelles qui peuvent aider à soutenir la croissance de long terme, ne me paraît pas une stratégie raisonnable. S'il est clair que la maîtrise des finances publiques est un élément crucial pour la soutenabilité financière de la zone euro, je pense que l'impératif de maîtrise conduit à des choix de politiques publiques incohérents. La France, par exemple, choisit la désindexation pour réduire la dépense publique plutôt que des réformes de structure pour remplir les objectifs affichés, alors même que la soutenabilité impliquerait des réformes plus structurelles.

Le gouvernement français s'était engagé à réaliser 21 milliards d'euros d'économie sur la dépense publique en 2015. Le ministre des Finances, Michel Sapin, a annoncé mardi que le gouvernement n'y parviendrait pas en raison de la faible inflation dans le pays. Si la France veut remplir les engagements qu'elle a pris auprès de Bruxelles, soit 50 milliards d'économies et une réduction des...
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