Après 50 jours de conflit, Israéliens et Palestiniens sont tombés d'accord sur les conditions d'une nouvelle trêve qui, cette fois-ci, a de réelles chances de durer. Retour, pour l'occasion sur l'évolution, parfois absurde, de ce nouvel affrontement épisodique dans la bande de Gaza. L'Orient-le-Jour a donc interrogé Jean-Paul Chagnollaud, spécialiste de la question palestinienne et rédacteur en chef de la revue Confluences Méditerranée.
Quels étaient au départ les objectifs des deux protagonistes ?
J'ai le sentiment que dans un premier temps, il n'y avait pas d'objectifs précis. Il y a eu un entremêlement de facteurs que les acteurs ne maîtrisaient pas. Après la mort des trois jeunes Israéliens, le clan du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé le Hamas sans aucune preuve. Est-ce que Netanyahu a trouvé dans ce drame une raison de disqualifier le Hamas ? C'est une hypothèse qu'il ne faut pas écarter.
Quelles ont été les réactions de la communauté internationale en général ? Comment expliquer à ce sujet l'alignement de la France sur les États-Unis, en rupture avec sa tradition diplomatique ?
Ce conflit est marqué par la démission de la communauté internationale. En effet, ni les États-Unis ni l'Union européenne n'ont joué leurs rôles. Le Conseil de sécurité n'a jamais été concerné par cette affaire ! Il faut toutefois noter la réaction du reste du monde, très majoritairement favorable à la cause palestinienne. Concernant la France, il ne faut pas oublier que la première réaction du gouvernement visait à rappeler qu'« Israël a le droit de se défendre par tous les moyens ». J'ai eu l'occasion de faire partie de la délégation française durant le dernier voyage de François Hollande en Israël, et, à ce moment, j'ai pu remarquer à quel point le président français avait de l'empathie pour la cause israélienne. Au contraire, il semblait témoigner de l'indifférence par rapport aux Palestiniens que l'on a eu l'occasion de croiser.
Malgré sa longévité, le conflit qui oppose les Palestiniens aux Israéliens continue de soulever des passions contradictoires. Comment l'expliquez-vous ?
Il y a, à ce sujet, un paradoxe équivoque vu de France et d'Europe. En effet, certains disent que le conflit est devenu secondaire, et en même temps chaque nouvel épisode de cet affrontement nous rappelle qu'il conserve une évidente centralité. Cela s'explique notamment par le fait que ce conflit conserve un aspect extrêmement symbolique. Il est le reflet de l'opposition Nord/Sud, puisqu'Israël est considéré comme un pays du Nord. En cela, il représente le dernier conflit de type colonial et sépare l'Occident colonisateur du reste du monde. De plus, la participation du Hamas met en avant une autre thématique, exploitée par les Israéliens et par plusieurs chancelleries européennes, qui est le combat contre l'islamisme. En ce sens, les montées en puissance des mouvements jihadistes en Irak et en Syrie, qui effraient la population européennes, desservent la cause palestinienne et crée de nombreux amalgames.
Qu'en est-il de l'équilibre des forces à l'heure actuelle ? Peut-on distinguer un vainqueur et un perdant ?
Dans ce type de guerre, tout le monde perd. C'est un formidable gâchis puisque l'avancée politique aurait pu être obtenue de manière différente. Côté israélien, la génération actuellement au pouvoir est guidée par une seule idée : imposer un rapport de force avec les Palestiniens. Du point de vue du Hamas, il démontre que la résistance est toujours là. Mais au vu des pertes humaines et matérielles, il est délicat d'employer ces termes de victoire et de défaite.
Ce conflit est-il une histoire sans fin ?
À mon sens, ce n'est pas un conflit. C'est un système d'imposition de la force nommé apartheid. De plus, la dissymétrie des rapports de force entre les deux protagonistes est trop grande pour qu'une solution politique soit envisageable. Il faudrait donc que la communauté internationale, et notamment le Conseil de sécurité, interviennent pour améliorer la situation.
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Que nenni, que nenni! Y a un vainqueur mmilitaire et un assassin de civils. Il ne faut pas confondre comme dirait le comique: parachute et char-à-putes!
03 h 51, le 29 août 2014